15 mai 2014 - 00:00
Cible ratée ou campagne audacieuse?
Par: Le Courrier


Posez-vous la question : qui a vraiment envie de vivre dans une ville ÉNOR-ME, ÉPUI-SANTE, SUFFI-SANTE ou POSS-ESSI-VE? Pas moi, c’est sûr.

C’est pourtant sur ces qualificatifs que repose la campagne promotionnelle de la région de Saint-Hyacinthe. Et c’est bien là le problème. On nous affirme qu’il s’agit d’une campagne « audacieuse » qui rompt avec ce qu’on peut voir ailleurs, que ces qualificatifs doivent être pris au deuxième degré et qu’on doit aller au-delà de la première impression. Du point de vue du marketing, une telle approche peut avoir du sens, mais pour une ville qui se cherche une image de marque depuis longtemps, elle tombe plutôt à plat. Saint-Hyacinthe traîne depuis toujours une réputation de snob et de hautaine. En la qualifiant de suffisante, on vient plutôt renforcer une image dont on veut se débarrasser. Cela s’appelle rater la cible.Autre problème, en utilisant plusieurs qualificatifs, la campagne envoie plusieurs messages. Quelle image veut-on faire passer exactement? En quoi les qualificatifs d’énorme et de suffisante viennent supporter la devise : « Saint-Hyacinthe, terre d’innovation »? Bref, le message est dilué.Ce que je reproche surtout à cette campagne, ce n’est pas son audace, c’est plutôt de promouvoir une image où les citoyens sont absents. On fait état de nos infrastructures, de nos commerces, de nos industries, de nos loisirs, etc. Les citoyens, eux, ne sont nulle part dans cette campagne. Pourtant, ce sont les citoyens qui forment une ville. L’accueil, la joie de vivre, la fierté de vivre ensemble, l’entraide du voisinage, l’environnement, le goût d’être ensemble, c’est ça une communauté vivante et attirante. Ces valeurs sont l’œuvre des femmes et des hommes qui y habitent. L’image de marque choisie par la région maskoutaine n’en fait aucunement mention. C’est pour cela qu’à mon avis, cette campagne est ratée.Mais ce qui me choque le plus, c’est de voir que la Ville a dû s’adjoindre des entreprises privées et des organismes publics ou parapublics pour soutenir cette campagne de 1,2 million $. Si la Ville était si pauvre pour s’offrir une telle campagne, alors pourquoi l’avoir lancée? En quoi est-ce le mandat des entreprises de soutenir une mission d’ordre municipale ou régionale? Car en fin de compte, cette participation financière nuit à tous. L’argent que ces entreprises consacreront à la campagne ne sera pas investi ailleurs, notamment à des causes humanitaires ou charitables. Le budget alloué aux dons et aux commandites n’est pas élastique. Ce qu’on y prend sera enlevé ailleurs.Quand on n’a pas les moyens de ses ambitions, on ne se lance dans de folles dépenses. Alors, posez-vous encore une fois la question : en quoi une ville SUFFISANTE saura attirer de nouveaux arrivants?

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