22 mai 2014 - 00:00
Modification demandée à la charte de la Cité de la biotechnologie
Claude Corbeil a-t-il dit vrai?
Par: Martin Bourassa
Le maire de Saint-Hyacinthe Claude Corbeil a-t-il dit la vérité quand il a annoncé que la Ville avait exigé que la Cité de la biotechnologie modifie sa charte de fondation en sa faveur, advenant la liquidation des actifs de la Cité?

Interrogée mardi par son propre avocat, Me Raymond Doray, devant la Commission d’accès à l’information, Nathalie Laberge, directrice générale par intérim de la Cité, a témoigné que jamais depuis qu’elle travaille pour le compte de la Cité, elle n’avait eu connaissance d’une demande, d’un ordre, d’une directive ou d’une ingérence quelconque de la Ville dans les affaires de cet organisme.Or en février, en pleine conférence de presse donnée en présence du président de la Cité, André Barnabé, et de son ex-directeur général, Mario De Tilly, le maire Corbeil avait été on ne peut plus clair sur sa volonté de voir la charte de la Cité être modifiée en faveur de la Ville, qui cautionne les projets immobiliers de la Cité à la hauteur de 25 M$.« Nous avons demandé que la charte soit modifiée le plus rapidement possible. C’est une grande préoccupation pour le conseil municipal. Nous nous étions toujours fait dire que c’était la Ville qui était bénéficiaire en cas d’une liquidation des biens appartenant à la Cité, ce qui n’est pas le cas, du moins pas encore (…) Nous ne disposons d’aucune garantie sur des immeubles que la Ville cautionne, cela ne marche pas. »Contre-interrogée par le procureur du COURRIER, Mark Bantey, la directrice générale de la Cité a admis avoir eu vent de cette sortie publique du maire Corbeil, mais elle a été catégorique sur le suivi qui a été fait : « cette question n’a pas été adressée d’aucune façon au conseil d’administration », a mentionné Mme Laberge.Et même si elle devait l’être, Mme Laberge a suggéré qu’il était loin d’être acquis que la Cité acquiescerait à la demande de la Ville. « Cette décision [de modifier la charte] revient entièrement au CA. Et M. Corbeil n’en fait même pas partie. »Au printemps, on nous avait fait comprendre que le maire confierait le mandat de faire modifier la charte de la Cité aux deux conseillers de la Ville qui siègent au CA de la Cité, en l’occurrence Alain Leclerc et Donald Côté. S’il faut en croire le témoignage de Mme Laberge, ce mandat n’aurait jamais été exécuté. Interrogé également par LE COURRIER après la conférence de presse du 27 février, le conseiller Côté avait pourtant donné raison au maire Corbeil.« Il y a une faille dans la charte et elle doit être corrigée », avait avoué M. Côté.Après avoir découvert une faille similaire dans la charte de fondation du Centre de développement pharmaceutique (CDP), un organisme apparenté à la Cité, le maire Corbeil avait aussi indiqué en avril qu’il veillerait à faire le nécessaire pour que soit corrigée la charte du CDP, en faveur de la Ville, en cas de liquidation des actifs.« Nous sommes en mode gouvernance et nous suivons ce dossier à la virgule près. »Fait à signaler, ni la directrice des affaires juridiques de la Ville, Me Hélène Beauchesne, ni la directrice générale par intérim de la Cité de la biotechnologie, Nathalie Laberge, n’ont été en mesure de chiffrer le total des cautionnements de la Ville de Saint-Hyacinthe à l’égard de la Cité et du CDP.« C’est un chiffre [le montant des cautionnements] qui fluctue », a dit Mme Laberge.Sous serment, Me Beauchesne a aussi dit ignorer si le directeur général de la Ville, Louis Bilodeau, siégeait au conseil d’administration de la Cité et à celui du CDP, et a dit ne pas être au courant que l’ex-maire de Saint-Hyacinthe aurait présidé le CA du CDP jusqu’à sa retraite politique en novembre 2013. Même si deux élus municipaux siègent présentement au CDP, cet organisme pourtant créé en avril 2012 n’apparaît nulle part dans la liste des organismes à vocation spécifique sur lesquels la Ville compte des représentants. Cette liste, où apparaît le nom de la Cité de la biotechnologie, est disponible sur le site Internet de la Ville de Saint-Hyacinthe.Selon le rapport annuel 2011 de la Cité, M. Bilodeau siège pourtant d’office au conseil d’administration de la Cité. Puisque le conseil du CDP est une copie conforme de celui de la Cité, tout indique qu’il siège également d’office à celui du CDP.

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