20 mars 2014 - 00:00
Échec et mat
Par: Martin Bourassa

Le directeur général du Centre local de développement Les Maskoutains et de la Cité de la biotechnologie agroalimentaire, vétérinaire et agroenvironnementale de Saint-Hyacinthe a remis sa démission.

Après 22 ans passés à Saint-Hyacinthe, Mario De Tilly a décidé qu’il était temps pour lui de relever un nouveau défi ailleurs. Suis-je satisfait? Est-ce une autre grande victoire du COURRIER? Sachez d’abord que cette fuite en avant est une mauvaise nouvelle pour Saint-Hyacinthe, mais c’est SA décision. Je la respecte.Cette décision personnelle n’est certainement pas une victoire pour personne.Il s’agit plutôt d’un échec monumental. L’échec d’une organisation, voire même deux, qui aura été incapable d’encadrer son directeur général, de le conseiller et de mettre en place des règles de gouvernance propres à le soustraire aux doutes et aux suspicions qui n’ont pas leur place quand on oeuvre pour un CLD financé par des fonds publics.C’est aussi l’échec d’administrateurs qui lui ont permis de naviguer à sa guise dans les eaux troubles et vaseuses de deux organismes apparentés, dont l’un a octroyé sans appels d’offres publics pour plus de 20 M$ de contrats depuis deux ans. Peut-être a-t-il fait la sourde oreille aux conseils qu’il a reçus ces derniers mois pour sortir de la controverse qu’il alimentait. Si c’est le cas, il n’a que lui-même à blâmer, surtout si son départ survient plus vite qu’il ne l’aurait souhaité.Un blâme que devraient d’ailleurs partager les membres des conseils d’administration concernés, surtout ceux qui proviennent du Cégep, de la Commission scolaire, de la Faculté de médecine vétérinaire et du Centre de santé et des services sociaux Richelieu-Yamaska, rompus aux pratiques de transparence du secteur public. Ils ont donné beaucoup de corde à Mario De Tilly. Trop sans aucun doute. Est-ce « l’acharnement » du COURRIER qui aura eu raison de lui? Le principal intéressé jure que non et nous n’allons pas le contredire. Nous n’avons fait que poser des questions dont plusieurs sont demeurées hélas sans réponse. Et nous avons exposé des faits vérifiés et vérifiables que des administrateurs du CLD ou de la Cité n’ont pas voulu voir. Je pense entre autres aux relevés de cartes de crédit caviardés. J’espère que ceux qui ont été sous le choc d’apprendre cette démission-surprise ont été tout aussi choqués de constater la semaine dernière que le DG du CLD et ses employés cachent au public des dizaines de dépenses effectuées à l’aide des cartes de crédit corporatives du CLD.Si on cache des choses au CLD, imaginez un peu ce qui peut se passer du côté de la Cité, qui se prétend du domaine privé, malgré une part de financement public?Si les conseils d’administration avaient posé les gestes qui s’imposent, cette saga aurait pu connaître un tout autre dénouement dans la mesure où Mario De Tilly pouvait tout expliquer et tout défendre. Mais il a choisi de se pousser.Plusieurs au sein de ces conseils complaisants avaient pour leur dire que la manière De Tilly importait peu et qu’il fallait avant tout apprécier ses spectaculaires résultats, sans se soucier des tracasseries administratives et du prix à payer. Au privé, ça peut encore passer, mais au public, il faut beaucoup plus de rigueur que cela.Le départ de M. De Tilly marque donc la fin d’une époque. Oui, il laisse derrière lui de belles et grandes réalisations, mais il laisse aussi des organisations qui se retrouvent momentanément désorganisées, tellement il en menait large.En partant, il n’a pu s’empêcher une ultime mise en garde aux administrateurs du CLD.« Je vous inviterais à la plus grande des prudences dans les modifications à apporter aux règles de gouvernance de l’organisme. Comme le dit si bien l’adage, « Il ne faut pas réparer ce qui fonctionne bien. » Maintenant que M. De Tilly quitte, les ajustements seront certes plus faciles, et moins nombreux, à apporter à la gouvernance et au processus de reddition de comptes du CLD ou de la Cité. C’est une évidence.Mais pour éliminer tout doute possible envers la bonne gestion du CLD et de la Cité, LE COURRIER se présentera malgré tout, la tête bien haute et sans nervosité, devant la Commission d’accès à l’information en mai prochain.LE COURRIER ne démissionne jamais lui.

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