2 février 2012 - 00:00
Carte postale d'Andréanne Michon
Il fait bon se perdre à San Francisco
Par: Le Courrier

Souvent, elle se cache dans un épais brouillard soufflé par le vent, comme pour rendre encore plus sublime le moment où elle dévoile ses plus beaux paysages, ses rues colorées et la mer à perte de vue. San Francisco a le sens du spectacle et en offre tous les jours des plus merveilleux à qui veut bien s'y perdre quelques heures.

De la lutte pour la liberté d’expression à la naissance du mouvement hippie, de la bataille pour les droits des homosexuels au virage vert pro-environnement, San Francisco est de toute époque le berceau des grandes révolutions.

C’est quelque part dans ses collines caractéristiques, sur la péninsule nichée entre l’océan Pacifique et la baie de San Francisco, que la photographe Andréanne Michon a élu domicile il y a déjà six mois. La jeune femme a grandi à La Présentation. Même si elle avait toujours aimé capturer ses plus beaux moments sur pellicule, c’est alors qu’elle étudiait au Collège Saint-Maurice qu’elle a eu la véritable piqûre pour le huitième art, dans un cours de photographie prisé offert par un passionnant et passionné Jacques Caron. Depuis, son parcours n’aura eu pour effet que de préciser un peu plus sa passion, à travers un diplôme d’études collégiales et deux baccalauréats. Aujourd’hui, c’est au San Francisco Art Institute qu’elle poursuit une maîtrise en photographie, dans un milieu on ne peut plus inspirant. Sa pratique est artistique. À la manière du sculpteur qui utilise les couteaux pour façonner la pierre, elle utilise la caméra pour faire naître ses plus belles oeuvres. Et c’est à travers son sens de l’observation affuté qu’elle nous invite à visiter San Francisco en cinq temps, caméra sous le bras.

Cinq jours à San Francisco

JOUR 1. Andréanne propose de commencer la visite tout en douceur dans le quartier historique de North Beach, à l’une de ses adresses préférées : le City Lights.

Cette librairie et maison d’édition indépendantes, qui a notamment publié les oeuvres marquantes de la Beat Generation, dont plusieurs de Jack Kerouac, propose des collections impressionnantes de recueils de poésie, de livres sur l’art et sur la politique. « C’est l’endroit parfait pour bouquiner pendant des heures », assure Andréanne. C’est aussi ses propriétaires qui ont mené le mouvement pour la liberté d’expression, après avoir été arrêtés pour la publication d’un recueil controversé.Tout autour se déclinent les cafés italiens, où il vous faudra goûter un expresso. « Une fois bien réveillé, vous êtes prêt à faire face à votre première côte : celle de Russian Hill. Il n’y a pas de collines partout, mais quand il y en a, elles sont intenses! »Au sommet de Russian Hill se trouve le San Francisco Art Institute (SFAI), où étudie Andréanne. La maison d’enseignement héberge le Diego Rivera Gallery, où les amateurs d’art peuvent d’ailleurs admirer l’une des fresques de ce grand artiste qui a inspiré des centaines de murales dans la ville. Le clou du spectacle se trouve néanmoins sur le toit, lequel offre une vue spectaculaire sur la baie de San Francisco, avec au loin la célèbre prison d’Alcatraz. « Idéalement, il faut quitter North Beach environ deux heures avant le coucher du soleil pour être sur la colline lorsque la lumière du jour est la plus belle. » Photographe, qu’on vous disait. Puis, redescendez la colline par la célèbre rue Lombard, une rue très inclinée en serpentin, où les virages en épingle se succèdent autour des bosquets de fleurs. Au bas de la colline, le tramway pourra vous transporter un peu plus loin dans Nob Hill, où se cachent à travers les jolies maisons des dizaines de petits restaurants fréquentés par le voisinage. Andréanne nous en suggère un sur la rue Jones, le Allegro Romano, l’un des préférés des Brad Pitt, Demi Moore et Bob Dylan de ce monde.JOUR 2. San Francisco, c’est aussi les grands parcs et la mer. Une journée au grand air peut commencer dans le Golden Gate Park, un immense espace vert où l’on peut flâner pendant des heures. Traversez lentement le parc à vélo, vers l’océan. Puis, vous pouvez poursuivre à pied, sur la plage d’Ocean Beach vers le Nord, pour rejoindre Lincoln Park. « C’est un autre très beau parc, sur le bord de l’eau, avec un panorama imprenable sur le Golden Gate. » En suivant la plage, vous pourrez vous rendre jusqu’au célèbre pont et, si vous en avez encore l’énergie, le traverser à pied ou à vélo pour y découvrir le paysage magnétisant qui s’offre tout autour. « Il faut prévoir ce trajet un jour ensoleillé pour en profiter, parce que le brouillard est omniprésent à San Francisco. Par ailleurs, le meilleur temps de l’année pour visiter la ville est sans contredit l’automne. Vous ne me croirez pas, mais en été, il fait froid. Pas beaucoup plus que 15 degrés Celsius », fait remarquer Andréanne.JOUR 3. Après avoir profité de l’air frais, on peut plonger au centre-ville pour une journée plus culturelle. Andréanne suggère en tête de liste des musées les incontournables San Francisco Museum of Modern Art et le Yerba Buena Center for the Arts, où l’on peut passer une journée entière. À l’heure de l’apéro, rendez-vous au Pour House, sur la rue Polk, un bar à vin abordable et généreux qui permet même de faire venir quelques plats d’un restaurant asiatique adjacent. JOUR 4. L’un des quartiers préférés de notre hôte, le Mission, se trouve à l’est du centre-ville. « C’est un incontournable pour aller se balader pendant une belle journée. » On s’arrête d’abord à la pâtisserie Tartine, sur la rue Valencia. Pour goûter ses déjeuners et ses petites douceurs, les gens font la file devant le commerce pendant de longues minutes. Une fois le ventre plein, il n’y a qu’un coin de rue à franchir pour trouver le plus vieux cinéma de la ville, le Roxie Theatre, qui met à l’affiche les meilleurs films indépendants, étrangers et documentaires.Puis, vous voudrez peut-être vous engouffrer dans les rues et ruelles qui relient le quartier Mission à celui de Castro – haut lieu de lutte pour les droits des homosexuels -, qui cachent des trésors de fresques colorées dont Diego Rivera serait fier. JOUR 5. Pour cette dernière journée, Andréanne suggère un périple à l’extérieur de la ville, dans les vallées de Napa et de Sonoma, sur la route des vins californiens.« Dans les vallées comme dans la ville, mon conseil, c’est de se laisser perdre. C’est dans ces moments que l’ont fait les plus belles rencontres et les plus belles découvertes, au détour d’une rue dont on ne connaît même pas le nom! » Pour suivre la carrière artistique d’Andréanne Michon : www.andreannemichon.com

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