12 juin 2014 - 00:00
Je suis une cruche
Par: Martin Bourassa

Le maire de Saguenay est un sacré personnage, à défaut d’être un personnage sacré. À l’aise avec l’eau bénite, il l’est encore plus avec l’eau chaude puisqu’il ne rate décidément jamais une occasion de plonger dedans.

La plus récente controverse le concernant émane des propos qu’il a tenus lors d’une conférence qu’il a donnée la semaine dernière à la Cathédrale de Valleyfield pour promouvoir son livre intitulé Croire ça change tout.Dans son homélie, le coloré maire a traité les journalistes de cruches, sans se douter qu’un journaliste assistait à cette conférence et qu’elle était filmée.Même s’il a d’abord nié avoir tenu de tels propos, avant de les nuancer, l’extrait vidéo ne ment pas, contrairement au principal intéressé : « Je rencontre tous ces journalistes, tous ces athées partout et à toutes les fois que je me présente avant d’arriver, je me dis ils savent rien et en partant, je me dis, c’est encore pire que ce que je pensais. Des cruches. Ils ne savent rien! Tu essaies de discuter avec ça, avec les animateurs de la radio et de la télévision, ils en font un combat ».Sans surprise, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec a exigé des excuses et s’est indignée de tels propos dans la bouche d’un élu, qui a sans doute dit tout haut ce qu’ils sont plusieurs à penser tout bas.Et je ne m’en formalise pas. Au contraire, je suis une cruche et fier de l’être!En 22 ans de métier, dont 10 en tant que rédacteur en chef du COURRIER, je me suis fait emplir plus souvent qu’à mon tour par des politiciens, des élus municipaux, des directeurs généraux, des commissaires, des membres de conseils d’administration, des gens d’affaires et tutti quanti. Emplir à ras bord comme une vraie cruche par des gens qui nous promettent sans rire un médecin de famille pour 2016, un remboursement de taxe scolaire, plus de transparence ou une meilleure gouvernance.J’aime bien qu’on me prenne pour une cruche et qu’on sous-estime à la fois mon intelligence et ma capacité de démontrer que je n’en suis pas une. Pour mon plus grand bonheur, et le vôtre sans doute, cela me permet de mettre tous ceux et celles qui me prennent de haut devant leurs travers, leurs mensonges ou leurs contradictions.Le pire selon moi, ce n’est pas tant d’être une cruche journalistique, mais ce serait bien d’élire une vraie cruche comme maire en toute connaissance de cause.

M.B.

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