15 novembre 2018 - 00:00
L’amour après la vérité
Par: Maxime Prévost Durand
L’amour est le troisième long-métrage du cinéaste maskoutain Marc Bisaillon qui explore le thème du silence, après La lâcheté et La vérité.  Photo courtoisie

L’amour est le troisième long-métrage du cinéaste maskoutain Marc Bisaillon qui explore le thème du silence, après La lâcheté et La vérité. Photo courtoisie

L’amour est le troisième long-métrage du cinéaste maskoutain Marc Bisaillon qui explore le thème du silence, après La lâcheté et La vérité.  Photo courtoisie

L’amour est le troisième long-métrage du cinéaste maskoutain Marc Bisaillon qui explore le thème du silence, après La lâcheté et La vérité. Photo courtoisie

« Tu parles jamais, mais jamais de ça à ta mère, ok? C’est notre secret. » C’est avec cette phrase, dictée par un père à son fils, que s’ouvre le nouveau film du scénariste et réalisateur maskoutain Marc Bisaillon, L’amour. Troisième d’une trilogie explorant le thème du silence, ce long-métrage explore cette fois le silence de la victime et les répercussions graves qu’il peut entraîner.


Alex (Pierre-Luc Lafontaine) est un jeune homme en apparence doux et introverti, mais un secret trop longtemps enfoui le torture de l’intérieur. Rêvant de joindre les Forces armées, il voit sa candidature être refusée en raison de sa santé fragile et il doit se contenter de continuer son travail de plongeur dans un restaurant en attendant un jour meilleur. Son père, séparé de sa mère et résidant maintenant dans le Maine, lui fait miroiter un avenir prometteur s’il vient le rejoindre aux États-Unis. Alex partira finalement en cachette pour le retrouver, mais il se mettra aussi à traquer les délinquants sexuels du coin, grâce au registre disponible dans cet état, habité par une colère sourde.

Cette histoire, elle est librement inspirée de celle de Stephen Marshall, un Canadien de 20 ans qui a tué deux hommes reconnus coupables de crimes sexuels en 2006.

« J’avais lu un entrefilet sur cette histoire dans La Presse à l’époque et ça m’avait saisi. Dans l’article, le gérant du resto où il travaillait disait que c’était un gars gentil et doux. Je me suis plus informé et j’ai rencontré plus tard la mère de Stephen [Margaret Miles], puis j’ai appris plein de choses qui n’avaient pas été dites, comme sa relation trouble avec son père », se souvient Marc Bisaillon, en entrevue avec LE COURRIER.

Ce qui l’avait frappé de cette histoire, c’est que personne n’avait vu venir quoi que ce soit. « Dans ces histoires, on accuse toujours la famille, mais ce n’est pas vrai qu’elle sait toujours ce qui se passe. Dans ce cas-ci, Margaret a fait sa propre enquête après le drame pour tout comprendre. »

Celle-ci a été une alliée indéniable pour Marc Bisaillon afin d’ajouter au réalisme de l’histoire, qui n’est toutefois pas tournée à la manière d’un documentaire. « Elle a accepté à deux conditions : que ce ne soit pas sensationnaliste et que l’histoire soit adaptée », précise-t-il. Au fil du temps, ils sont même devenus amis.

Comme pour La lâcheté et La vérité, les deux premiers volets de sa « trilogie du silence », le cinéaste maskoutain s’est intéressé aux drames des gens de la classe moyenne pour L’amour.

Par son approche, il a voulu faire ressentir au spectateur une empathie envers la victime. « C’est pour ça que j’ai construit le film de cette façon, pour qu’on s’attache à Alex et que ça nous laisse avec une boule dans l’estomac. »

Pour ce film, Marc Bisaillon s’est entouré de comédiens chevronnés qui ont grandement contribué à amener le scénario à un autre niveau. Pierre-Luc Lafontaine, qui joue le rôle d’Alex, a fait partie du processus dès les tout débuts, lui qui avait également tenu l’affiche du précédent long-métrage du Maskoutain, La vérité. Ceux qui incarnent ses parents, Fanny Mallette et Paul Doucet, se sont aussi impliqués à 100 %, apportant leur personnage à un autre niveau, a noté le cinéaste. « Même si c’est un film dérangeant, Paul a vraiment amené une touche d’humanité au père, il l’a incarné avec des nuances de gris. »

Présenté en grande première à la fin octobre en ouverture du Festival de cinéma international de l’Abitibi-Témiscamingue, L’amour prendra l’affiche ce vendredi dans différentes salles du Québec. Pour l’instant, aucune représentation n’est toutefois prévue au Cinéma 8 de Saint-Hyacinthe. « J’aimerais tellement pouvoir faire une première ici, a soutenu Marc Bisaillon, lançant l’invitation à la direction du cinéma maskoutain. J’espère que le film ne sera pas juste présenté dans le ciné-répertoire! »

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