7 septembre 2017 - 00:00
Carte blanche
Les chaises 
Par: Christian Vanasse

Le monde est au bord de l’effondrement, ça craque de partout et les 4 cavaliers de l’Apocalypse cognent à la porte, mais malgré ces nouvelles internationales en quantité, c’est un sujet local qui a retenu mon attention.
En fait, ça faisait un bout que ça me gossait et récemment, en allant voir les spectacles musicaux au festival de la poutine à Drummondville, ça m’a sauté dans la face : aucune chaise à l’avant de la scène.
Il y avait des gens qui bougeaient, dansaient, chantaient, bref, qui faisaient pas mal tout ce qu’on est en droit de s’attendre de spectateurs qui prennent leur rôle à cœur. Et derrière eux, dans une section réservée, des dizaines de chaises accueillaient d’autres spectateurs qui écoutaient, regardaient, jasaient, bref qui faisaient eux aussi ce qu’on est en droit de s’attendre de spectateurs.
Y a ben juste à Saint-Hyacinthe qu’on laisse les chaises prendre toute la place devant la scène. Des fois 24 heures à l’avance, les « assis » s’accordent un privilège au détriment des « debouts ». Que se passerait-il si les spectateurs « debouts » venaient placer dès l’aube des mannequins de carton dans le parc pour venir reprendre leur place le soir venu en plein milieu des chaises? Je vous laisse imaginer le show…
Et c’est exactement ça qui me gosse. Des musiciens me parlent avec amusement de Saint-Hyacinthe : « Ah oui, les chaises! » Ils n’en reviennent pas de voir autant de personnes assises devant la scène pour un spectacle extérieur. Ce faisant, les Beaux mardis sont devenus un « show de chaises ».
Et c’est là qu’on perd l’essentiel. Un spectacle vivant n’existe pas sur scène ni dans la foule. Il existe seulement dans l’espace et le mouvement compris entre les deux. Mais pour qu’il existe, replions au plus vite ces chaises mortifères!

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