15 novembre 2018 - 00:00
Biométhanisation
Ratés et réalité
Par: Martin Bourassa

Il faudra peut-être revoir le discours municipal et les publicités d’Énergir (Gaz Métro) concernant l’usine de biométhanisation de Saint-Hyacinthe. Car il est faux de dire que Saint-Hyacinthe est devenue à la fin de l’année 2017 la première ville au Québec à opérer une usine de biométhanisation pour le traitement de ses résidus organiques résidentiels et industriels. Cette usine de 80 M$ n’a jamais été capable de traiter convenablement le contenu de nos bacs bruns, tant et si bien qu’ils sont encore et toujours détournés vers un site de compostage situé à Bury en Estrie.


Ce ne sont pas uniquement les déchets organiques des Maskoutains qui y sont acheminés, mais ceux de l’ensemble des MRC d’Acton et des Maskoutains.

La Régie des déchets verse annuellement environ 400 000 $ à la Ville de Saint-Hyacinthe pour qu’elle prenne en charge ses bacs bruns. C’est grosso modo ce qu’il en coûte à la Ville pour la prise en charge des bacs bruns à 160 kilomètres d’ici.

La Ville assume seule les frais de transport de quelque 10 000 tonnes de résidus organiques annuellement. Et ce sera ainsi au moins jusqu’en 2025, soit l’échéance du contrat qui lie la Régie des déchets à la cité du maire Claude Corbeil, ou jusqu’à tant que la Ville trouve la solution à son problème. La grande nouveauté dans les ratés entourant le traitement des matières organiques résidentielles à l’usine de biométhanisation, c’est que la Ville laisse maintenant entendre qu’elle pourrait bientôt définir une nouvelle orientation concernant les bacs bruns.

Si la technologie n’est pas capable de faire la job, les solutions passent par une sensibilisation accrue des citoyens, de nouvelles restrictions entourant les matières acceptées ou encore le retrait pur et simple des bacs bruns du processus de biométhanisation, au profit du compostage à Saint-Hyacinthe ou ailleurs. Mais comme des subventions de 53 M$ ont été versées à la Ville de Saint-Hyacinthe pour traiter ses matières organiques résidentielles, il est permis de se demander comment réagiront les gouvernements supérieurs en sachant que cette usine ne tiendra jamais ses promesses. Les gouvernements vont-ils verser 53 M$ à la Ville pour qu’elle traite uniquement ses boues d’épuration et des déchets industriels d’entreprises privées?

Parlant des illusions perdues, le maire a aussi revu le discours municipal au sujet des profits que l’on espérait tirer de la vente de digestat, le résidu solide qui demeure une fois le processus de biométhanisation terminé.

Il n’y a aucun profit à espérer de la vente de cette terre enrichie aux producteurs agricoles de la région, a-t-il confié dans un élan de franchise. Ils n’en veulent pas et n’en ont pas besoin. Pire, s’en débarrasser et la donner engendre aussi des frais. Bref, la réalité commence à rattraper les pionniers de la biométhanisation, alors qu’une usine qui pourrait nous faire concurrence vient d’être inaugurée à Varennes. Vivement un bilan complet au terme de la première année d’opération.

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