6 octobre 2011 - 00:00
1937-1945 Pensionnaire au Séminaire (2)
Par: Le Courrier
Un des dortoirs du Séminaire de Saint-Hyacinthe vers 1911 (Archives CHSH).

Un des dortoirs du Séminaire de Saint-Hyacinthe vers 1911 (Archives CHSH).

Un des dortoirs du Séminaire de Saint-Hyacinthe vers 1911 (Archives CHSH).

Un des dortoirs du Séminaire de Saint-Hyacinthe vers 1911 (Archives CHSH).

La crise économique

La crise économique

En 1937, nous étions en pleine crise économique et tous les bras étaient requis pour subvenir aux besoins des familles. Le cas échéant, les parents devaient couper dans le nécessaire afin de payer des études au-delà du cours primaire pour l’un des enfants. Souvent, de tels sacrifices étaient consentis parce que les parents et le curé de la paroisse pensaient que l’étudiant qu’ils envoyaient au Séminaire pourrait devenir prêtre un jour.

Le coût annuel du pensionnat était de 220 $ en 1937, ce qui dépassait les capacités financières de bien des familles; cependant, le Séminaire offrait une option moins coûteuse sous la forme de « quart de pension ». Selon cette formule, la nourriture était fournie par les parents qui l’apportaient une fois par semaine au Séminaire et elle était gérée par les Soeurs de Sainte-Marthe : elles entreposaient la partie périssable dans leur réfrigérateur et le reste était placé dans des casiers au nom de chaque étudiant. Les religieuses s’occupaient aussi de faire cuire ou réchauffer les aliments qui devaient l’être, selon les goûts ou les besoins de chacun. Et le système fonctionnait bien. Le statut de quart-pensionnaire coûtait la moitié du prix, soit 120 $ par année. Il était accessible, pour des raisons évidentes, aux étudiants dont les parents vivaient dans le voisinage de Saint-Hyacinthe. Ceux dont les parents demeuraient trop loin du Séminaire, comme à Sorel, Granby, Montréal ou aux États-Unis devaient adopter la pension complète. Les pensionnaires, les demi-pensionnaires – une variante de l’externat en ce sens qu’ils prenaient leurs repas au Séminaire, mais allaient coucher chez eux – les quart-pensionnaires prenaient tous leurs repas dans le grand réfectoire au sous-sol de l’actuelle aile Pratte.

Les Soeurs faisaient même nos lits

Dans une autre aile, dite Aile du Centenaire, construite en 1911, se trouvaient les dortoirs répartis sur trois étages, le rez-de-chaussée étant occupé par la salle académique. Chaque étage pouvait recevoir 125 lits environ et trois cabines de surveillants. À chaque extrémité du dortoir étaient installés les lavabos et les toilettes de dépannage. Au pied de chaque lit était placée la valise, sorte de gros coffre contenant le trousseau du pensionnaire. Entre chaque lit une petite commode pouvait loger les articles de toilette et autres objets d’usage courant. Encore là, les Soeurs de Sainte-Marthe avaient la charge d’entretenir les lieux, de faire les lits et d’avoir soin de la literie fournie aux pensionnaires.

Les Soeurs de Sainte-Marthe était une communauté de femmes qui avait été fondée en 1883 par le Supérieur du temps, le chanoine Jean-Rémi Ouellette, pour s’occuper des fonctions ménagères décrites comme suit dans leur charte : « La fin de cet Institut est d’aider à la prospérité du Séminaire en se chargeant de la tenue des ménages, de la cuisine, des lavages, de la couture, du raccommodage du linge; enfin de tout ce qui constitue les travaux intérieurs et matériels de cette maison ». Une cinquantaine d’entre elles avaient leur logement au Séminaire. Le tombeau de la fondatrice, Soeur Éléonore Charron, a été installé en face de la crypte sous la chapelle.

La journée de l’étudiant

La journée de l’étudiant au Séminaire se déroulait comme suit : à 5 h 17, lever et toilette rapide; à 5 h 45, descente aux grandes toilettes; à 6 h à la salle d’étude; à 7 h, messe à la chapelle; à 7 h 30, déjeuner; à 8 h, récréation; à 8 h 15, en classe; à 10 h 15, récréation; à 10 h 45, à l’étude; à 11 h 45, dîner; à 12 h 30, récréation; à 13 h 30, à l’étude; à 14 h, en classe; à 16 h, récréation; à 16 h 30, à l’étude; à 17 h 30, chapelet et lecture spirituelle dans la salle d’étude; à 18 h 15, souper; à 19 h, récréation; à 19 h 45, prière du soir dans la salle de récréation; à 20 h, à l’étude; à 20 h 45, au dortoir et coucher; à 21 h 15, les lumières s’éteignent.

Pour les jours de congé, l’horaire était un peu différent : à titre d’exemple, le mardi après-midi, c’était congé de 12 h 30 à 16 h 30; le jeudi, le congé prenait place entre 10 h 15 et 16 h 30, ce qui permettait la pratique des sports ou des activités culturelles ou encore de prendre le congé du mois où les étudiants pouvaient sortir en ville ou aller chez eux en compagnie de leurs parents. Le dimanche, au lieu de la classe et de l’étude de l’avant-midi, il y avait la grand-messe et les réunions des diverses congrégations pieuses. Dans l’après-midi du dimanche, les étudiants pouvaient recevoir de la visite au parloir : la parenté seulement, pas de filles. À 16 h, c’étaient les vêpres et à 17 h, un cours de religion. La vie communautaire était bien réglée et l’horaire se répétait dans le même ordre d’une semaine à l’autre.

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