17 août 2017 - 00:00
De la terre de Saint-Damase jusqu’au bout de la Terre
Adapter l’agriculture à l’environnement de l’humain 
Par: Le Courrier
Ce projet de bande riveraine arbustive a permis de résoudre un problème récurrent d’érosion et d’espacer considérablement les entretiens du cours d’eau, des travaux très couteux et néfastes pour la biodiversité. Grâce au travail collectif de plusieurs agriculteurs voisins souhaitant apporter une solution à long terme, ce projet est un succès. Photo: Sébastien Deraspe | MRC ©

Ce projet de bande riveraine arbustive a permis de résoudre un problème récurrent d’érosion et d’espacer considérablement les entretiens du cours d’eau, des travaux très couteux et néfastes pour la biodiversité. Grâce au travail collectif de plusieurs agriculteurs voisins souhaitant apporter une solution à long terme, ce projet est un succès. Photo: Sébastien Deraspe | MRC ©

Ce projet de bande riveraine arbustive a permis de résoudre un problème récurrent d’érosion et d’espacer considérablement les entretiens du cours d’eau, des travaux très couteux et néfastes pour la biodiversité. Grâce au travail collectif de plusieurs agriculteurs voisins souhaitant apporter une solution à long terme, ce projet est un succès. Photo: Sébastien Deraspe | MRC ©

Ce projet de bande riveraine arbustive a permis de résoudre un problème récurrent d’érosion et d’espacer considérablement les entretiens du cours d’eau, des travaux très couteux et néfastes pour la biodiversité. Grâce au travail collectif de plusieurs agriculteurs voisins souhaitant apporter une solution à long terme, ce projet est un succès. Photo: Sébastien Deraspe | MRC ©

Gaétan Jodoin  Crédit : Jean-Guy Dorris

Gaétan Jodoin Crédit : Jean-Guy Dorris

Sébastien Deraspe, photographe  Crédit : Sébastien Deraspe

Sébastien Deraspe, photographe Crédit : Sébastien Deraspe

En collaboration avec la MRC des Maskoutains, Le Courrier présente une série d’entrevues réalisées avec 16 producteurs agricoles qui, à l’été 2016, ont participé au projet Le photographe est dans le pré. Ces producteurs étaient jumelés avec des photographes du Club Photo Saint-Hyacinthe. Par leurs images, ils devaient valoriser le travail de ces agriculteurs, sensibles à la préservation des ressources, qui ont mis en place de bonnes pratiques agroenvironnementales sur leur ferme. Les agriculteurs participants s’impliquent tous bénévolement au sein d’un comité de bassin versant de la MRC. Consultez le site Internet de la MRC pour en savoir plus sur ce projet.


Cette entrevue avec Gaétan Jodoin, de Saint-Damase, est la septième de la série. Il était jumelé aux photographes Sébastien Deraspe et Jean-Guy Dorris.

Faire le tour de la Terre, ça pourrait être la devise de Gaétan Jodoin qui roule sa bosse dans les terres agricoles autour de la montagne de Rougemont depuis 1980. Au fil des ans, son entreprise n’a cessé de s’agrandir. La ferme Jodoin, qui s’étend aujourd’hui sur 100 hectares, après un transfert de 50 hectares et le troupeau laitier à son fils en 2010, cultive du maïs-grain, du soja et des pois de conserverie.
En qualité de producteur agricole, quelles actions avez-vous mises en place sur vos terres pour améliorer la qualité de l’eau des fossés et ruisseaux?
« Mon implication a commencé avec COBAVERCO (le Comité de bassin versant du Ruisseau Corbin), en association avec la municipalité où je siège comme conseiller municipal. COBAVERCO a permis de faire de la sensibilisation sur les pratiques agricoles et notre priorité a été de faire respecter les bandes riveraines. Le problème de l’entretien des fossés était la principale préoccupation parce qu’ils étaient creusés trop souvent et avec la forte pente, les travaux étaient constamment à refaire, car il y avait des décrochages avec pertes de terre ».
La qualité de l’eau, c’est la priorité de Gaétan Jodoin. Il parle de son avaloir avec beaucoup de fierté : « L’avaloir ralentit la vitesse d’évacuation de l’eau et ça garde la terre en place. L’eau reste dans le champ et elle est mieux absorbée. Avec la bande riveraine, il y a moins d’engrais qui se retrouve dans l’eau parce que les racines des végétaux permettent aussi de filtrer l’eau. Les terres ont été nivelées au laser, ce qui rend aussi le drainage plus efficace. Dans le même objectif, je fais aussi 50 acres de seigle d’automne. Tout ça est parti d’une activité de piquetage volontaire. Il faut garder en tête que notre eau potable vient de la rivière. Qui aurait cru, il y a 20 ans, qu’il y aurait des entreprises qui feraient de l’argent avec de l’eau embouteillée? J’ai visité l’usine de filtration. On y fait de vrais miracles, mais il faut réaliser qu’on doit faire attention à ce qu’on envoie dans l’eau. »
Comment vos actions ont-elles aidé à améliorer la diversité des plantes indigènes, oiseaux, etc. sur vos terres?
Bien que la préservation de la biodiversité ne soit pas la principale préoccupation de Gaétan Jodoin, sans trop s’en rendre compte, il a contribué à l’améliorer sur le territoire. En effet, ses bandes riveraines sont composées de cinq variétés d’arbustes différents qui fleurissent à des époques variées et qui, de surcroît, produisent de petits fruits intéressants pour la faune aviaire qui s’en nourrit. De plus, comme les cultures de maïs et de soja sont destinées à la nutrition animale, c’est très rare que des insecticides soient utilisés. Une grande variété d’insectes utiles peuvent vivre en harmonie avec la végétation, d’autant plus que la ferme Jodoin a la chance d’être située tout près de la montagne de Rougemont, avec laquelle les bandes riveraines forment un corridor écologique qui devrait s’améliorer avec les années grâce aux bons soins de M. Jodoin.
Les arbustes sont légèrement taillés à la main, plus par souci d’esthétique et de contrôle que par nécessité. M. Jodoin fait confiance aux oiseaux pour répandre les graines de toutes ces variétés de plantes indigènes. Cependant, il assure un contrôle serré sur ce qu’il considère indésirable. « Les bandes riveraines bien respectées permettent une circulation qui n’endommage pas le sol. Comme on ne creuse plus les cours d’eau très souvent, ça dérange bien moins la faune! » La diminution de l’intervention humaine autour des fossés est un plus pour la biodiversité, ce dont M. Jodoin est bien conscient.
Comment voyez-vous la collaboration entre les différents intervenants du monde agricole?
« Pour ma part, je trouve un peu dommage les coupures au MAPAQ qui ont entraîné une diminution des services et fait en sorte qu’il n’y a plus de subventions pour encourager les producteurs à agir sur les bandes riveraines. Heureusement, les jeunes producteurs sont souvent plus ouverts à des approches environnementales à cause des cours qu’ils reçoivent à l’ITA et je pense que c’est une bonne chose. »
L’implication de M. Jodoin va bien au-delà de notre région. Il participe activement à des projets de développement durable en agriculture avec SOCODEVI (Société de coopération pour le développement international) en introduisant des pratiques de gestion des sols et de l’eau avec des groupes d’agriculteurs dans plusieurs pays. Dans les pays où ces pratiques sont implantées, un des objectifs poursuivis est d’améliorer l’environnement des humains. C’est ainsi que l’influence de M. Jodoin en agriculture se fait maintenant sentir tout autour du globe en passant par le Mali et l’Ukraine, ce dont il a bien raison d’être très fier.

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