15 octobre 2020 - 13:54
Adieux émotifs pour la Cantine Chez Nous
Par: Olivier Dénommée
Yolande Gendron et son mari Raymond Gendron devront bientôt faire leur deuil de la Cantine Chez Nous, après 47 années de dévouement au quotidien. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Yolande Gendron et son mari Raymond Gendron devront bientôt faire leur deuil de la Cantine Chez Nous, après 47 années de dévouement au quotidien. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Annoncée depuis février, la disparition de la Cantine Chez Nous, gérée au quotidien depuis 47 ans par l’infatigable Yolande Gendron, se concrétisera très bientôt. La Ville de Saint-Hyacinthe prend possession des lieux et démolira vraisemblablement la petite cantine dans les prochaines semaines.

Pour Yolande Gendron, Maskoutaine de 85 ans, c’est sa « deuxième maison » qu’on lui enlève, elle qui a reçu 20 000 $ de la part de la Ville pour qu’elle remette les clés de son commerce le 23 octobre. Elle conservera toujours d’agréables souvenirs de son aventure de 47 ans à la cantine. « Je veux remercier toute la clientèle qui a été fidèle pendant des décennies. Ça a été un plaisir de servir toutes ces personnes et il n’y a pas un matin où je n’étais pas heureuse de venir travailler », raconte-t-elle avec émotion.

Pendant l’entretien avec Mme Gendron, son conjoint Raymond est arrivé pour changer une pile dans l’horloge de la cantine, en profitant pour la taquiner au passage. « On est mariés depuis 62 ou 63 ans, on n’a jamais perdu notre complicité. J’ai un bon mari », résume-t-elle tout sourire.

Un sursis pendant la COVID

Mme Gendron avait annoncé cet hiver que c’est en juillet que la Cantine Chez Nous devait disparaître, mais, ironiquement, l’arrivée de la pandémie de COVID-19 lui a donné un sursis, lui permettant de gagner quelques mois.

« Je n’ai jamais eu peur de la maladie, ça ne m’a pas empêchée de travailler même si ma clientèle a diminué au cours des derniers mois, soutient-elle. J’ai cru un moment qu’ils [la Ville et les propriétaires du Bar des Copains sur lequel la cantine est greffée] allaient laisser faire et me laisser continuer à travailler. » Quand elle a su que la transaction allait bel et bien de l’avant, ça a été un véritable « choc » pour elle. « Je n’ai pas le choix. Le Bon Dieu m’a envoyé un défi, je l’accepte. J’ai eu une bonne vie ici. »

Elle refuse toutefois de dire qu’elle va se reposer après la fermeture de la cantine. « Ce n’est pas du repos pour moi, j’aimais trop ça venir ici chaque matin et rencontrer les gens. Je ne sais pas encore ce que je vais faire de mes journées », lance celle qui aurait souhaité continuer à servir les gens tant que sa santé le lui aurait permis.

Un trottoir

Questionnée au sujet de la transaction, la Ville de Saint-Hyacinthe commente par le biais de sa directrice des communications, Brigitte Massé, qu’il y a des « discussions en cours » avec les propriétaires du Bar des Copains, sans confirmer que la Cantine Chez Nous a été achetée, et ce, même si la transaction de 20 000 $ est apparue aux comptes de la Ville le 29 septembre dernier.

Mme Massé précise toutefois que la Ville souhaite aménager un trottoir le long de l’avenue Saint-Louis dans un avenir rapproché. « Avoir un trottoir à cet endroit rendrait l’intersection plus sécuritaire, autant pour les piétons que pour les automobilistes et les camionneurs. Le scénario optimal pourrait se concrétiser d’ici la fin de l’année », mentionne Mme Massé. On peut donc s’attendre à ce que la cantine, dans le paysage maskoutain depuis des dizaines d’années, disparaisse rapidement une fois qu’elle aura changé de main.

Il ne reste donc que quelques jours pour ceux qui souhaitent manger la nourriture de la Cantine Chez Nous et saluer sa propriétaire une dernière fois. Vu l’arrivée de la région en zone rouge, il ne sera possible que de faire des commandes pour emporter d’ici sa fermeture définitive. Yolande Gendron espère seulement que les nouveaux propriétaires des lieux lui laisseront quelques semaines pour qu’elle puisse rapporter chez elle les choses qu’elle souhaite garder et qu’elle se départisse du reste.

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