1 février 2018 - 00:00
Agriculture et environnement : ne pas mettre la charrue avant les bœufs!
Par: Le Courrier
Toujours à la recherche de nouveautés pour améliorer ses cultures tout en protégeant l’environnement, cet agriculteur fait l’essai d’un semis à la volée. Tout comme le semis direct, cette méthode de culture favorise le maintien d’une bonne vie microbienne dans le sol.   Photo Hélène Brien | MRC ©

Toujours à la recherche de nouveautés pour améliorer ses cultures tout en protégeant l’environnement, cet agriculteur fait l’essai d’un semis à la volée. Tout comme le semis direct, cette méthode de culture favorise le maintien d’une bonne vie microbienne dans le sol. Photo Hélène Brien | MRC ©

Toujours à la recherche de nouveautés pour améliorer ses cultures tout en protégeant l’environnement, cet agriculteur fait l’essai d’un semis à la volée. Tout comme le semis direct, cette méthode de culture favorise le maintien d’une bonne vie microbienne dans le sol.   Photo Hélène Brien | MRC ©

Toujours à la recherche de nouveautés pour améliorer ses cultures tout en protégeant l’environnement, cet agriculteur fait l’essai d’un semis à la volée. Tout comme le semis direct, cette méthode de culture favorise le maintien d’une bonne vie microbienne dans le sol. Photo Hélène Brien | MRC ©

Mathieu Claessens Photo Hélène Brien | MRC ©

Mathieu Claessens Photo Hélène Brien | MRC ©

Hélène Brien, photographe

Hélène Brien, photographe

En collaboration avec la MRC des Maskoutains, Le Courrier présente une série d’entrevues réalisées avec 16 producteurs agricoles qui, à l’été 2016, ont participé au projet Le photographe est dans le pré. Ces producteurs étaient jumelés avec des photographes du Club Photo Saint-Hyacinthe. Par leurs images, ils devaient valoriser le travail de ces agriculteurs, sensibles à la préservation des ressources, qui ont mis en place de bonnes pratiques agroenvironnementales sur leur ferme. Les agriculteurs participants s’impliquent tous bénévolement au sein d’un comité de bassin versant de la MRC. Consultez le site Internet de la MRC pour en savoir plus sur ce projet. 


Cette entrevue avec Mathieu Claessens est la onzième de la série. Il était jumelé à la photographe Hélène Brien.
La ferme Claessens est une entreprise très prospère qui regroupe plusieurs terres situées à Saint-Simon et à Saint-Liboire. Cette ferme appartient aux Claessens depuis deux générations. Le succès de l’entreprise est attribuable au travail acharné du père qui, en plus, possède un très bon sens des affaires. C’est ainsi qu’à partir de presque rien, il a su profiter des opportunités qui se sont présentées pour agrandir la ferme et développer le marché de la production de viande bovine, un marché en pleine expansion. À Saint-Liboire et à Saint-Simon, chaque année, près de 2 500 bêtes sont élevées dans les espaces et les bâtiments de la ferme sécurisés à cette fin. La famille Claessens s’est aussi beaucoup inspirée des pratiques de l’Ouest canadien. De plus, sur leurs terres de Saint-Liboire, 550 acres sont consacrés à la culture du soya, du maïs et d’autres céréales, en alternance. Une partie de cette production sert à l’alimentation des bovins.
À titre de producteur agricole, quelles actions avez-vous mises en place sur vos terres pour améliorer la qualité de l’eau des fossés et des ruisseaux?
Sans hésitation, Mathieu Claessens parle de l’importance des bandes riveraines et de ses terres qui ne sont jamais laissées à nu, même en hiver. Les résidus de culture sont laissés sur le sol. Il mentionne la culture des engrais verts qui sont des cultures de plantes de remplacement du soja ou du maïs. Il fait un peu de semis direct. « En plus, je trouve ça très beau et très propre. Une des pratiques que j’ai adoptée et qui est assez originale, c’est le semis à la volée ». Cette pratique n’a rien à voir avec la pratique paysanne ancestrale qui consistait à lancer les semailles à la main et à tout vent. C’est au contraire une machine spécialisée qui disperse les semences jusqu’à 50 pieds de chaque côté d’un véhicule en mouvement. Sur tout cet espace, le sol ne subit pratiquement aucune compaction. « Cela signifie qu’il y a moins de ruissellement, une meilleure absorption de l’eau dans le sol et, en bout de ligne, une amélioration de l’eau dans les fossés et les ruisseaux. En plus, la machine consomme moins d’essence, elle est moins dispendieuse à l’achat que le semoir conventionnel et le rendement est aussi bon. L’inconvénient, c’est que l’on ne peut pas vraiment l’utiliser avec toutes les sortes de semences. Par exemple, le maïs demande plus de précision que le semis à la volée. »
Comment vos actions ont-elles aidé à améliorer la diversité des plantes indigènes, des oiseaux, etc. sur vos terres?
La préoccupation n’est peut-être pas encore évidente, mais finalement, le résultat est bien là, même si ça ne se voit pas du bord du chemin. En effet, les magnifiques bandes riveraines de la ferme qui sont laissées parfaitement au naturel sont assez éloignées de la route. Le ruisseau principal, le ruisseau Degrandpré, longe la terre sur deux kilomètres, entrecoupé par un segment passant chez un cultivateur voisin. Le ruisseau, qui a conservé ses méandres, traverse en partie un boisé. C’est sans aucun doute un des plus beaux ruisseaux de notre territoire. À cause des méandres, la bande riveraine est plus que règlementaire.
Et pour Mathieu Claessens, il n’est pas question de redresser ce cours d’eau. Il est laissé tel quel, les arbres, arbustes et autres plantes poussent en liberté, attirant une faune variée. M. Claessens est très fier de dire que c’est un lieu où il va à la pêche avec ses enfants. Des petits poissons mesurant jusqu’à 6 pouces sont abondants. Il y a aussi beaucoup de grenouilles, ce qui est un indice certain de la grande biodiversité qu’on retrouve dans cette bande riveraine. Quand on lui demande comment il voit la perte de rendement que peut occasionner une telle bande riveraine, il réplique que ce n’est vraiment rien à côté des revenus qu’il retire et du plaisir que cette belle nature procure à sa famille. La bande riveraine demande quand même un peu d’entretien. Chaque deux ans, une taille manuelle est exécutée sur les arbres et arbustes qui, autrement, risqueraient d’empiéter sur l’espace réservé au champ. Pour ce qui est des bandes riveraines autour des fossés, elles sont fauchées une fois par année, la plupart du temps au printemps, mais M. Claessens réalise que ce serait peut-être préférable de les faucher à l’automne afin de permettre aux oiseaux de compléter leurs nichées.
Comment voyez-vous la collaboration entre les différents groupes de producteurs agricoles?
Je consulte les agronomes surtout pour les plans de fertilisation, mais les conseils, je les prends surtout en jasant avec les autres agriculteurs et je participe aussi à des colloques. Je suis assez autonome dans mes recherches et je me fie aussi à mon jugement pour faire avancer les choses. Avec une telle entreprise, c’est bien naturel de ne pas mettre la charrue avant les bœufs!

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