17 septembre 2015 - 00:00
Amende réduite
Par: Martin Bourassa

La semaine dernière, j’ai décerné mon pissenlit de la semaine au ­silence des élus municipaux dans le dossier de la tour Rogers. Je m’en excuse.

Cela méritait bien plus qu’un pissenlit. Car si j’avais pu lire le texte du ­journaliste Benoit Lapierre sur le sujet, ce n’est pas au silence, mais à l’ensemble de l’oeuvre de la Ville dans ce dossier que ­j’aurais décerné ce fameux pissenlit.

Ce texte donne envie de hurler. Mais ce n’est pas tant le fait d’apprendre que la Ville a plié devant Rogers qui me donne la ­nausée, que les raisons de cet aplaventrisme municipal. Ainsi donc, Rogers a construit sa tour temporaire sans aviser la Ville et à un endroit qui ne faisait pas son affaire. Mais pour ne pas déplaire à un partenaire d’affaires pour une simple question ­d’antenne, la Ville va contenir sa colère.

Il faut savoir que la tour temporaire ­remplace celle qui était jadis sur le toit de l’Hôtel des Seigneurs, propriété de Marc ­Bibeau, avec qui la Ville négocie la construction du centre de congrès et de l’hôtel. La tour temporaire demeurera donc là où elle est, soit sur son terrain où la réception du ­signal est vraiment optimale, selon Rogers.

Mais question de signifier haut et fort (!) son mécontentement, la Ville a quand même décerné une amende à Rogers, qui s’est excusée pour avoir relocalisé sa tour sans prévenir et sans permis. L’entreprise s’exposait à une amende de 500 à 2000 $. La Ville a estimé qu’une amende de 1000 $ ­serait raisonnable.

Tant qu’à plier devant Rogers, autant le faire avec élégance, non?

On imagine que Rogers va payer son amende avec joie puisqu’elle économisera les frais de démantèlement et de réaménagement de la tour, qui, aux yeux du directeur général de la Ville Louis Bilodeau, a justement plein de qualités : peu apparente, blanche et très effilée et cachée à sa base par un bosquet.

On regarde le portrait et on retient deux choses : que la Ville vient de laisser 1000 $ par terre et qu’elle a moins de scrupules à imposer des taxes compensatoires à ses ­organismes communautaires qu’à réclamer une forte amende à une riche société.

Pour votre information, Rogers Communications a déclaré des revenus consolidés de 12,9 milliards de dollars au terme de son année financière 2014.

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