11 avril 2013 - 00:00
Amender la loi sur la Régie de l’Énergie
Par: Le Courrier

M. Émilien Pelletier, Député de Saint-Hyacinthe

Comme l’AQLPA, j’ai été sidéré lorsque la nouvelle est tombée; « …la Régie de l’Énergie a refusé la demande de Gaz Métro pour un investissement visant à permettre la construction… d’installations pour purifier et injecter dans son réseau… le biométhane issu de la valorisation de matières résiduelles par la ville de Saint-Hyacinthe. La Régie a invoqué les insuffisances de sa loi constitutive… » À première vue, cela semble contraire au gros bon sens. En tant qu’ancien conseiller de Saint-Hyacinthe, vous savez que cette ville a fait des pas de géant en matière environnementale depuis 20 ans. En effet, en février 1996, le conseil avait, pour la nième fois, refusé le principe de la municipalisation des déchets; cette mesure était l’obstacle majeur qui empêchait notre Régie intermunicipale de gestion des déchets d’avoir une approche qui puisse permettre d’atteindre les objectifs de réduction des matières résiduelles exigés par le gouvernement du Québec de l’époque. De cancre en matière de gestion des déchets, Saint-Hyacinthe se classe maintenant parmi les plus avant-gardistes de la province. Et ce, grâce au travail du maire Bernier, du conseil municipal, des gestionnaires et de citoyens impliqués. Voilà que cet ex-cancre, devenu premier de classe, va encore plus loin. Pour gérer les boues de son usine d’épuration des eaux usées, il a bâti une usine de biométhanisation. Non seulement cela épargne de l’argent, mais ça règle un problème environnemental. C’est tellement efficace que la ville se lance dans la phase 2. C’est la seule façon d’avancer vers la troisième Révolution industrielle telle que décrite par Jeremy Rifkin. Ce monde du vingt et unième siècle est construit à partir des énergies vertes produites en petites quantités à l’échelle locale; exactement comme le projet de notre ville. Malheureusement, la Régie de l’Énergie met les bois dans les roues en utilisant des arguments d’ordre bureaucratique. Nous avons souvent critiqué Gaz Métro; mais cette fois, il a raison, même s’il faut y apporter quelques nuances. Notre société doit commencer à introduire du gaz naturel « propre » dans son réseau. Il faut se rappeler que dans une fournaise, il n’y a pas de différence entre du gaz naturel dit « conventionnel », du biogaz et du gaz de schiste. Cependant, les porte-parole des gazières évitent soigneusement de dire que l’empreinte totale du gaz produit à partir de la fracturation du schiste est plus polluante que le charbon. Mais il y a une nuance qu’il faut apporter à ce dossier maskoutain. Saint-Hyacinthe ne veut pas être obligée de vendre tout son gaz à Gaz Métro, pour ensuite racheter ce même gaz à fort prix; pour notre ville, c’est un non-sens économique. Ce qu’il faut, c’est un cadre législatif qui permettrait à toute municipalité ou à tout producteur agricole qui veut produire du gaz ou de l’électricité avec les déjections organiques de l’utiliser en priorité pour ses propres besoins, puis de vendre les surplus à Hydro-Québec ou Gaz Métro (selon le cas). Des membres de notre comité ont vu ce genre de situation dans une ferme laitière située au Vermont. Cette approche réduit du même coup un problème de pollution et notre dépendance aux énergies fossiles. Nous tenterons de vendre ce genre d’idée lors de notre prochain salon des énergies vertes. Si on veut faire avancer l’écologie, il faut que les règles du jeu rendent la chose économiquement rentable pour tous. Voilà pourquoi je vous conjure de convaincre la première ministre, Mme Marois, vos collègues du Parti québécois ainsi que les députés du PLQ et de la CAQ de modifier la loi constitutive de la Régie de l’Énergie pour permettre à Gaz Metro et à Hydro-Québec d’acheter les surplus de biogaz ou l’électricité produite à partir des énergies vertes. Que les distributeurs exclusifs que sont Gaz Métro et Hydro-Québec puissent aider les producteurs qui le désirent à construire les infrastructures nécessaires pour se conformer à leurs exigences. Tout comme la municipalisation des déchets de Saint-Hyacinthe en 1996, ce geste permettra de faire un saut quantique en direction d’une gestion de l’environnement tel que l’exigent les 16 principes de la loi sur le développement durable. Veuillez accepter, M. Pelletier, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Gérard Montpetit, membre du CCCPEM (Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain)

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