4 février 2016 - 00:00
Combattre la maladie mentale
Anorexie : danser pour ne pas mourir
Par: Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier
Les gens aux prises avec des problèmes de santé mentale doivent accepter qu’ils sont malades et ne doivent pas avoir honte de leur condition, juge Olenny Pelletier, qui a surmonté ses crises d’anorexie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Les gens aux prises avec des problèmes de santé mentale doivent accepter qu’ils sont malades et ne doivent pas avoir honte de leur condition, juge Olenny Pelletier, qui a surmonté ses crises d’anorexie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Les gens aux prises avec des problèmes de santé mentale doivent accepter qu’ils sont malades et ne doivent pas avoir honte de leur condition, juge Olenny Pelletier, qui a surmonté ses crises d’anorexie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Les gens aux prises avec des problèmes de santé mentale doivent accepter qu’ils sont malades et ne doivent pas avoir honte de leur condition, juge Olenny Pelletier, qui a surmonté ses crises d’anorexie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

« La danse m’a sauvé la vie. » Durant deux ans, la Maskoutaine Olenny Pelletier, qui souffre d’anorexie, a enduré une ­dégringolade aux enfers en raison de la ­relation tordue qu’elle entretenait avec la nourriture. Ayant repris le contrôle sur ses « instincts de mort », la propriétaire de l’école de danse Hipnoze a partagé son récit dans le cadre de la journée Bell cause pour la cause tenue le 27 janvier.

« Pour moi, l’anorexie n’a jamais été liée à une question d’image. C’est le stress qui me fait réagir. J’ai donc appris à me sentir belle dans ma peau plutôt que dans le miroir parce que ma vision de moi est erronée. ­Aujourd’hui, la balance, c’est non », lance Olenny Pelletier, 30 ans, dont les problèmes de poids ont débuté en 2002 après une ­blessure de danse à la hanche.

Durant sa convalescence, Olenny continue de manger autant qu’auparavant, sans toutefois dépenser toutes les calories ingérées.

« J’ai toujours fait quelques petits régimes ou cures comme toutes les adolescentes. Mais là, j’ai commencé à sentir le regard des autres sur moi. On me disait que j’avais pris du poids. Je suis montée à 160 livres à ce ­moment-là », détaille Olenny.

Devant le jugement de ses pairs, elle ­décide de se lancer tête première dans les cures minceurs. En trois mois à peine, elle perd une trentaine de livres et se fait aspirer dans la spirale infernale de l’anorexie.

« J’étais consciente que je comptais mes calories, que je ne mangeais plus, que je me sevrais et que je m’entraînais à l’excès. J’ai même commencé les laxatifs après avoir été au CLSC pour me faire aider. Malheureusement, on ne voyait pas mon problème. On m’a dit que j’étais en santé puisque je pesais 130 livres à 5 pieds 4 pouces. »

Au plus creux de sa maladie, Olenny ­n’ingère que 200 calories par jour, dont de la ouate afin de se sentir « pleine » et pèse à peine 96 livres.

« Je suis devenue tellement petite que je croyais que ma peau était du gras. Il y avait une déformation de la réalité. C’est là ­souvent que les troubles schizophrènes ­débutent. Je perdais du poids, mais moi, je voyais que j’engraissais. J’étais tellement en manque de nutriments que mon cerveau ne fonctionnait plus bien », raconte la propriétaire d’Hipnoze, école fondée alors qu’elle était au milieu de sa crise d’anorexie.

Il lui faudra songer à mettre fin à ses jours et les paroles réconfortantes d’un ami pour que la maman de deux jeunes filles se reconnecte avec la réalité. Ses proches lui font ­aussi comprendre que si elle poursuit sa guerre contre les calories, un jour, elle ne pourra plus danser.

« Pendant cinq minutes, je ne sais pas pourquoi, j’ai eu un déclic et je me suis vraiment vue dans le miroir. Je me suis ­trouvée tellement laide. On voyait toutes mes côtes. À partir de ce moment, je ne me suis mise qu’à dormir et manger », ­témoigne-t-elle.

Combat de tous les jours

Olenny a repris le dessus sur l’anorexie, sans toutefois la mettre au tapis. Chaque fois qu’elle traverse une période de stress, les symptômes de sa maladie se manifestent. « Je le sais quand ça arrive. J’appelle mon psychologue et j’alerte mes proches », affirme-t-elle.

Elle doit également vivre au quotidien avec des troubles de santé complémentaires développés par ses sevrages excessifs tels que la perte de cheveux ou encore le ­cancer du col de l’utérus.

Encore aujourd’hui, les tabous et les ­préjugés envers la maladie mentale sont trop nombreux, trop présents, déplore ­Olenny. « On associe ça à des personnes faibles, mais ce n’est pas le cas. Ça peut prendre plusieurs visages et les gens ne le savent pas. Je crois aussi qu’on peut se sortir de n’importe quoi. Parce qu’une fois que tu as touché le fond, tu ne peux que remonter », encourage-t-elle.

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