La Eastern Townships Corset nous quitte dans une longue agonie. Elle laisse dans le deuil de nombreux Maskoutains, des anciens travailleurs et ­travailleuses, ainsi que toute la communauté québécoise sensible à ­l’héritage patrimonial de nos villes; un pan de l’histoire du développement ­économique, industriel et social de Saint-Hyacinthe s’éteint avec elle.

Née à Sherbrooke en 1880, de son père Octave Gendron, la E.T. Corset a élu ­domicile à Saint-Hyacinthe en 1892 où elle décèdera (ou décède) en 2015. ­Manufacture de corsets à ses débuts, l’une des plus grandes du Dominion, elle a été le témoin du quotidien de centaines de femmes et d’hommes entre ses murs au fil des ans.

C’était une pionnière, dans les ­premières à s’implanter près du chemin de fer du Grand Tronc, la ville s’étant ­surtout développée jusqu’alors près de la rivière Yamaska. Un repère incontournable dans le quartier, elle influence entre autres l’ouverture publique de la rue Delorme en 1909. Déjà installée ­depuis 1892, elle ne fut rejointe qu’en 1920 par la Manhasset Cotton Company de Providence, Rhode Island, connue sous le nom de la Goodyear depuis 1926. Suivirent la Canadian U.S. Knitting (1922), l’Empire Clothing (1926), la ­Yamaska Garment (1929), Gotham Hosiery (1930), Donahue Corporation (1930), et la Hump Hair Pins (1931), parmi ­lesquelles certaines ont disparu, d’autres ont eu le privilège d’une seconde vie. L’une d’elles, la Goodyear, gravement ­atteinte dès 1995, a finalement succombé à ses blessures l’année dernière, à l’exception de sa chaufferie et de sa cheminée qui ont su défier les menaces de démolition. La chaufferie et la cheminée se tiennent toujours fièrement aux côtés des Orgues canadiennes et bien sûr de notre chère E.T. Corset, le plus ancien bâtiment industriel de Saint-Hyacinthe qui vient de disparaître tragiquement.

Rendons hommage à la E.T. Corset et gardons vivante sa mémoire pour que de telles tragédies cessent.

Merci d’apporter des fleurs.