1 août 2013 - 00:00
Boire biodynamique
Par: Hélène Dion

Dans la chronique du 18 juillet, la question de la semaine faisait référence à la biodynamie. En y répondant, je me suis vite rendue à l’évidence : la complexité de ce concept exige plus d’un paragraphe. Je vous propose donc la biodynamie en condensé avec quelques suggestions à mettre sur votre liste d’achat pour mieux boire… ou boire plus « bio ».

La question du 18 juillet était : « À qui doit-on les préceptes de la biodynamie? »

C’est Rudolf Steiner qui, en 1924, pose les bases de l’agriculture biodynamique à Koberwitz en Pologne, à la suite d’une séries de conférences données aux agriculteurs européens. Le fondateur de l’anthroposophie proposait d’appliquer cette « science de l’esprit » à différents domaines, comme l’agriculture et la viticulture. Les pratiques de la biodynamie sont diverses, mais globalement, elles visent à capter les forces de la nature en appliquant au sol et à la plante, selon les cycles lunaires et planétaires, des préparats biodynamiques. Ces préparats, comme la valériane, l’ortie, la silice, le basalte, la coquille d’oeuf moulue, la bouse de corne, ou encore la vessie de cerf, aident la matière vivante à puiser l’énergie dans les forces de la nature et à renforcer la vie microbienne dans les sols. Elle influence le comportement des végétaux et de tout le processus d’élaboration du vin, de la vigne au verre. L’agriculture biodynamique est, de facto, biologique car il n’y a pas d’utilisation de pesticides ou d’engrais chimiques. La présence de résidus chimiques dans les vins, si infime soit-elle, a des effets néfastes sur la santé et le lien entre la maladie de Parkinson et l’utilisation de pesticides chimiques serait confirmé selon un décret divulgué en 2012 en France. Et les sulfites dans tout ça? Surveillez la prochaine chronique!

Jours feuille, fruit, racine et fleur

L’influence de la lune serait telle qu’elle modifierait la dégustation selon sa position. Un calendrier lunaire a été mis sur pied afin de prévoir les actions à faire dans le champs ou au chai selon qu’elle est croissante ou décroissante.

Par exemple, en lune décroissante, durant les jours « fleur » et « fruit », ce serait le moment idéal pour l’embouteillage du vin et la dégustation! Alors qu’en jour « racine », il serait temps de renforcer la vie racinaire. Bien entendu, les pratiques de la biodynamie sont plus complexes et l’application de certains préparats doit se faire avant le lever du jour, etc… Mais globalement, pour le consommateur, le vin issu de la biodynamie répond à une approche en respect avec la nature. Le choix de boire ces vins ou non lui revient. Je vous propose quelques vins en lien avec cette approche.

Les bulles « bio » : le dernier millésime de François Barmès

Les vins du domaine Barmès-Buecher sont élaborés selon les préceptes de la biodynamie depuis la fin des années 90. François Barmès, décédé subitement en 2011, avait été l’un des promoteurs, avec Olivier Humbrecht, de cette pratique en Alsace. J’avais eu la chance de l’interviewer avant son décès en 2011. Il m’avait confié que lorsqu’il élaborait un vin, il « y mettait l’amour » et que le risque de son métier était sa « dépendance à la nature ». Il faisait référence notamment aux levures naturelles utilisées pour la fermentation de ses crémants. « Ils n’entrent pas dans la « forme précise » de l’offre et de la législation française qui reconnaissent l’utilisation de levures sélectionnées donnant un goût plus identique et homogène année après année », m’avait-il dit.

Si vous vous procurez ce délicieux Crémant, élaboré selon la méthode traditionnelle, non seulement vous aurez une véritable signature du millésime 2010, mais vous aurez aussi à déguster le dernier millésime de François Barmès avant son décès. Dégustez ce vin avec les poissons, les crustacés, à l’apéro. À déguster : Crémant d’Alsace 2010, Domaine Barmès-Buecher Crémant d’Alsace 2010 – Code SAQ : 10985851 – Prix : 23,10 $

Le blanc bio!

Le vignoble Emiliana, au Chili, produit des vins en agriculture biologique, issus du travail équitable.

Certaines cuvées sont en biodynamie, dont la série Coyam. Je vous propose un blanc issu de l’assemblage des Chardonnay, Roussanne, Marsanne, Viognier. Élégance et opulence sont les meilleurs qualificatifs pour ce blanc aromatique de la vallée de Casablanca. L’assemblage qui pourrait donner des airs un peu balourds est tout autrement! Une bonne vivacité soutient ce blanc de belles occasions, un soupçon vineux… Tout ce que vous regretterez, c’est d’avoir terminé la bouteille en bonne compagnie! À déguster : La Vinilia, Signos de Origen, Casablanca Valley 2011, Code SAQ : 11639037 – Prix : 22,70 $

Bordeaux, le vrai

De cette petite appellation située sur la rive droite de la Dordogne, à l’est de Saint-Émilion, naissent des vins généralement opulents, agréables en jeunesse, aptes au vieillissement.

Le Château Le Puy travaille en biodynamie et toute la puissance et la finesse de ses vins s’en ressent. Vous devrez le laisser un peu en carafe avant le service. *Après le millésime 2009, l’appellation devient Francs Côtes de Bordeaux. À déguster : Côtes de Francs 2007 – Château Le Puy – Code SAQ : 00709469 – prix : 26,75 $

Question de la semaine

Les sulfites sont-ils nocifs?

La réponse suivra dans la suivante, les chroniques vins étant publiées toutes les deux semaines dans LE COURRIER.

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