2 mai 2019 - 14:11
Jani Barré et Tamara Bélisle
Boxer en fauteuil roulant pour inspirer les autres
Par: Jean-Philippe Morin
La Maskoutaine Jani Barré et sa compatriote du Club de boxe de Saint-Hyacinthe, la Soreloise Tamara Bélisle, disputeront le tout premier combat de boxe féminin en chaise roulante présenté au Québec le 18 mai. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La Maskoutaine Jani Barré et sa compatriote du Club de boxe de Saint-Hyacinthe, la Soreloise Tamara Bélisle, disputeront le tout premier combat de boxe féminin en chaise roulante présenté au Québec le 18 mai. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Deux membres du Club de boxe de Saint-Hyacinthe écriront une page d’histoire le 18 mai lorsqu’elles boxeront en fauteuil roulant dans un gala en Beauce. La Maskoutaine Jani Barré et sa partenaire d’entraînement Tamara Bélisle, de Sorel-Tracy, monteront dans l’arène avec une intention en tête : inspirer les autres.

Ce combat, entre deux filles ne pouvant plus marcher et se déplaçant en fauteuil roulant, sera une première au Québec.

« Ça fait huit ans que je boxe. Un de mes rêves a toujours été de boxer contre une fille en fauteuil roulant. Ça fait huit ans que je cherche, mais il n’en existait pas », soutient l’énergique Jani Barré, qui a toujours des idées plus originales les unes que les autres.

Pendant toutes ces années, ses recherches ont été vaines. Mais cela ne l’a pas empêchée de concrétiser son idée. « Je me disais que si je n’en trouvais pas, j’allais en former une! C’est comme ça que j’ai eu l’idée d’appeler Tamara, avec qui j’étais entrée en contact quand je faisais un spectacle d’humour. Elle ne boxait pas, mais elle a quand même accepté tout de suite de s’entraîner avec moi », poursuit la fille du fondateur du Club de boxe de Saint-Hyacinthe, Bernard Barré.

Tamara Bélisle admet avoir attrapé la piqûre de la boxe. Avec Jani, elle s’entraîne deux fois par semaine au Centre multisports C.-A.-Gauvin en vue du combat du 18 mai, en Beauce. Un deuxième combat entre les deux « pugilistes » aura lieu six jours plus tard, le 24 mai, à Saint-Hyacinthe.

« J’adore ça! On bouge un peu moins que la boxe traditionnelle, mais on se promène quand même dans le ring, ce n’est pas statique. J’ai appris les différentes règles, où on peut frapper ou non, etc. Honnêtement, je n’avais jamais vraiment écouté un combat de boxe avant, alors je partais de zéro! Ça remet en forme et, surtout, ça défoule. Tu ne penses à rien et tu te vides la tête quand tu boxes », commente la Soreloise d’origine.

Lors des deux combats, plusieurs règles strictes seront mises en place. Les filles n’auront pas le droit de se frapper au corps ou de frapper en uppercut afin d’éviter que le fauteuil roulant bascule.

« On ne va pas là pour se sacrer une volée, renchérit Tamara à propos des combats à venir. On le fait pour inspirer les autres. On veut montrer que quand tu veux, tu peux. »

Le sport pour surmonter les épreuves

Lorsqu’elle a perdu l’usage de ses jambes le 18 mai 2012, dans un accident de moto à Sainte-Anne-de-Sorel à l’âge de 19 ans, Tamara Bélisle ne voulait plus rien savoir de la vie. Sept ans jour pour jour après ce drame, elle voudra montrer qu’il est possible de se relever d’une telle épreuve.

« Quand mon ex-copain a perdu le contrôle de la moto, je suis tombée et j’ai dû subir sept heures et demie d’opération. Je me disais que j’allais mourir, mais je suis encore toute là et de plus en plus en forme. Je veux montrer que tout est possible », affirme la jeune femme de 26 ans.

Quant à Jani Barré, âgée de 39 ans, elle se réjouit de voir sa collègue et nouvelle amie s’améliorer de séance en séance.

« Elle a un maudit bon crochet de droite! Elle m’a atteint solidement la dernière fois. Reste que le but n’est pas de se faire mal, mais de donner un bon spectacle et de montrer qu’on peut surmonter les obstacles. »

Atteinte d’une maladie nommée ostéogenèse imparfaite, aussi appelée maladie des os de verre, Jani a subi, dans sa vie, 157 fractures en raison de la fragilité de ses os. Depuis 15 ans, elle n’en a toutefois subi aucune. « Un traitement expérimental m’aide beaucoup. Le sport me permet de me garder en forme et d’oublier la maladie », explique-t-elle.

Jani Barré est d’ailleurs une marathonienne accomplie, elle qui est devenue la première femme à terminer le marathon de Montréal en fauteuil roulant régulier en septembre dernier. « Mon objectif est de participer à 10 marathons à travers le monde. Deux jours après le combat à Saint-Hyacinthe, le 26 mai, je participe à celui d’Ottawa, puis je vais participer à celui de La Havane à Cuba en novembre. Quand on veut, on peut! », conclut-elle.

De son côté, Tamara Bélisle a récemment réorienté sa carrière. Auparavant, elle étudiait pour devenir pharmacienne. Aujourd’hui, elle est étudiante libre à l’UQAM et elle choisira bientôt pour se diriger vers une carrière en réadaptation, en nutrition ou en travail social. Son accident lui a fait prendre conscience de plusieurs choses. « Je veux aider les gens. Je veux aider mon prochain et, surtout, aimer ce que je fais dans la vie », termine-t-elle.

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