Ainsi donc la Ville de Saint-Hyacinthe s’apprête à investir 23 millions $ dans un nouveau centre des congrès. L’administration municipale semble pressée, car on parle déjà d’une inauguration pour l’automne 2017.
Autant l’administration municipale semble déterminée, autant ce projet suscite d’énormes questions, pourtant essentielles. Les subventions gouvernementales seront-elles au rendez-vous? Pourquoi tant d’empressement? Ce nouveau centre des congrès sera-t-il rentable? Combien d’années seront nécessaires pour y arriver? Et quel est le plan d’affaires? Quel est le marché à conquérir?
Mais plus que tout, la question qui tue : pourquoi la Ville devrait-elle investir dans des opérations d’abord et avant tout commerciales? Je tiens à rappeler que l’ancien centre des congrès était opéré par une entreprise privée. Et que c’est une autre entreprise privée qui a décidé de détruire des installations qu’elle venait d’acquérir.
Elle aurait pu les rénover ou les reconstruire, mais elle ne l’a pas fait. Pourquoi la Ville devrait investir des deniers publics dans une activité qu’une entreprise opérait?
On me dira que plusieurs centres de congrès appartiennent à des corporations municipales ou publiques. C’est vrai. On le fait pour soutenir le milieu économique et touristique. On le fait aussi parce que ces activités ne sont pas nécessairement aussi rentables qu’on aime bien le dire. La rentabilité d’un tel investissement est donc loin d’être acquise. Dans ce dossier, j’ai trop l’impression que le conseil municipal s’apprête à jouer avec nos taxes municipales comme s’il s’agissait d’argent de Monopoly.
La dette municipale s’établissait à 27 millions $ à la fin de 2014. Du coup, on risque d’y ajouter 23 millions $. Bien sûr, on me dira que le projet pourrait recevoir de l’aide gouvernementale, mais pour l’instant, rien n’est acquis.
J’ai aussi l’impression que ce projet va à l’encontre de notre philosophie municipale en matière de gestion. Souvenons-nous des nouvelles patinoires où Saint-Hyacinthe a confié à l’entreprise privée le soin de construire trois nouvelles glaces. Les patinoires, comme les loisirs d’ailleurs, sont une responsabilité municipale, beaucoup plus que le soutien à une industrie des congrès.
Dans plusieurs secteurs, ce fut la voie choisie par la Ville : la Médiathèque, la Corporation aquatique, les loisirs de quartier, le Centre des arts ou même l’enlèvement de la neige. Dans tous ces cas, elle a confié ses responsabilités à un tiers. Les avantages sont évidents : leurs employés ne sont pas syndiqués et leurs salaires sont loin de rivaliser avec ceux des fonctionnaires.
Je ne suis pas contre la venue d’un centre d’un congrès à Saint-Hyacinthe. Mais pourquoi la Ville devrait-elle prendre tous les risques financiers? Pourquoi agir avec tant d’empressement? Comment Saint-Hyacinthe pourrait-elle se distinguer dans un secteur encore plus compétitif avec l’arrivée de Drummondville? Et pourquoi Saint-Hyacinthe doit-elle prendre le relais d’une entreprise privée qui a choisi sciemment de détruire son activité? Autant de questions auxquelles j’aimerais avoir des réponses.