25 avril 2013 - 00:00
Charles St-Germain sous les projecteurs
Par: Le Courrier

Charles St-Germain n’a pas choisi d’être autiste, mais il a fait le choix, avec son père Paul, de transformer sa différence en réussite, plutôt qu’en excuse. C’est le message que porte le jeune golfeur, bien humblement, dans ses conférences et dans les tournois de golf bénéfice auxquels il participe depuis bientôt six ans, à titre d’invité ou de porte-parole. Rencontre père-fils en ce mois de l’autisme.

Vous êtes invités chaque année sur plusieurs tribunes pour parler de golf et d’austime. Quelles expériences voulez-vous partager?

(Charles St-Germain) Je fais de la sensibilisation. Je parle de mon cheminement, de comment j’ai fait pour mieux me connaître. Je raconte mon histoire. Je parle de mes idoles à moi : Tiger Woods, Sidney Crosby, Neil Armstrong. Et je parle de ceux qui m’aident dans mon entourage, des gens qui vivent ça avec moi, parce que ce n’est pas toujours facile. Je parle aussi de mon anxiété et de ce que le golf m’a apporté. Au fond, je dis que même si je suis différent, je suis capable de vivre et de réaliser plein de choses. (Paul St-Germain) On se rend aux conférences sans que rien ne soit appris par coeur et on le fait en toute humilité. Il existe plusieurs formes d’autisme et on ne prétend pas avoir une recette miracle. On a quelque chose qui fonctionne, mais qui est propre aux besoins de Charles. Nous aussi, on a nos journées plus difficiles. On n’est pas mieux que les autres.

Concrètement, qu’est-ce que le golf a changé dans ta vie?

(C.S-G.) Dans le fond, c’est simple, j’ai décidé de jouer au golf parce que je suis un fan de Tiger Woods. Avant de commencer à jouer, je me disais que le golf pourrait être un beau sport pour moi. C’est sûr que j’aurais aimé jouer au hockey, mais c’était moins ma place. Le golf, c’est une passion. Ça m’a aidé à sortir de mon anxiété. Ça m’a apporté du calme, de la motivation, de la patience et de la confiance. (P.S-G.) Quand à l’école ça ne va pas bien, Charles peut se valoriser dans quelque chose d’autre. Dans notre société, la réussite scolaire, c’est au centre des préoccupations, ce qui est bien normal. Par exemple, quand on rencontre un jeune, on lui demande en quelle année il est rendu ou s’il a eu de bonnes notes. Pour moi, en autant que Charles fasse son possible, je suis correct avec ça. Avec le golf, il se construit une confiance et une détermination qui vont lui permettre de trouver sa place dans la vie. Et puis, il y a tout un respect, toute une étiquette au golf qui se transpose dans sa vie au quotidien.

On t’a connu comme « le petit Charles », mais tu as grandi pas mal. À 15 ans, comment on entrevoit l’avenir quand on est différent?

(C.S-G.) On dirait qu’en vieillissant, je me sens plus comme les autres gars. Quand j’étais jeune, je pense que ça paraissait plus que j’étais autiste. Maintenant, je suis plus mature et j’ai changé. Les gens me parlent comme ils parlent aux autres. Des fois, j’ai l’impression que les gens me reconnaissent parce qu’ils me regardent et je ne sais pas si c’est parce que je suis différent ou si c’est parce qu’ils m’ont vu dans le journal ou à la télé. J’essaie de ne pas utiliser l’autisme comme une défaite, même si je sais que les choses sont parfois différentes pour cette raison. Pour l’avenir, je veux juste une vie normale. J’aimerais jouer au golf comme professionnel.

Tu t’es entraîné cet hiver pour arriver préparé sur le terrain de golf. Quels sont tes objectifs pour la prochaine saison?

(C.S-G.) Cette année, je veux jouer la normale. J’aimerais aussi frapper 250 verges et plus en moyenne sur le départ. L’hiver prochain, j’aimerais pouvoir aller en Floride pour pratiquer davantage. Mais le golf ça coûte cher et avant 18 ans, on n’a pas le droit d’afficher nos commanditaires, alors c’est plus difficile d’en trouver.

Le golf et l’autisme te permettent de vivre des expériences hors de l’ordinaire, comme de participer à des documentaires ou à des tournois-bénéfice. Quels sont tes meilleurs souvenirs?

(C.S-G.) J’ai de bons souvenirs des tournois que j’ai gagnés et aussi des Jeux du Québec qui ont eu lieu l’été dernier. J’aime beaucoup participer aux tournois-bénéfice en général, parce que je peux jouer et rencontrer beaucoup de monde en étant dans mon élément. Ça me permet aussi de rencontrer des personnalités et des sportifs professionnels. Par exemple, j’ai vraiment aimé participer à l’Omnium Gervais-Talbot en 2011. Avec les joueurs de hockey, on parle de sport ensemble et j’aime ça. (P.S-G.) On se sent vraiment privilégiés de vivre tout ça. Je ne pense pas que beaucoup d’autres enfants, ni même beaucoup d’adultes, ont eu ce genre d’expériences. Que ce soit dans les entrevues avec les médias ou dans les tournois, il y a toujours une question d’adaptation pour Charles et même pour moi. On veut en retenir quelque chose de positif. Et bien sûr, pour Charles, de discuter avec des joueurs professionnels et de parler de sport – juste de sport! – c’est toujours un moment qu’il n’oublie pas.

La question à laquelle tu aurais aimé répondre.

(C.S-G.) Ces temps-ci, avec ce qu’on voit aux nouvelles, la question de l’intimidation et de la justice sociale me préoccupe davantage. Quand je vois des injustices, ça me fait réagir et réfléchir.

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