7 juillet 2011 - 00:00
Chronique d’une mort annoncée
Par: Le Courrier

« On peut vraiment dire que la page est tournée : il ne reste plus qu’un tout petit tas de débris. Ça fait un pincement au coeur », a déploré le porte-parole du comité de sauvegarde et président du Centre Expression, Jean-Marie Pelletier.

Construite entre 1854 et 1857 par le frère de Louis-Joseph Papineau, homme politique connu comme le chef des Patriotes, la noble demeure a vu défiler l’élite intellectuelle, politique et culturelle d’ici et d’ailleurs. Elle abritait l’étude de notaires des propriétaires depuis plus de 30 ans, ainsi qu’une famille et un locataire au deuxième palier.La démolition survient huit mois après l’incendie dévastateur du 14 novembre 2010. « Je pense qu’aucun autre endroit à Saint-Hyacinthe n’a une aussi riche histoire que cette demeure. C’est une perte inestimable pour le patrimoine de notre région », avait alors déploré le directeur du Centre d’histoire, Luc Cordeau.On se souviendra que les flammes ont pris naissance à l’arrière de la maison avant de gagner le toit et l’étage supérieur. Les 91 pompiers appelés en renfort ont tout fait pour épargner la structure de l’édifice historique, allant jusqu’à combattre le feu de l’intérieur afin que le brasier n’atteigne pas le rez-de-chaussée. Les dommages matériels se sont tout de même élevés à 400 000 $, une perte totale aux yeux des assureurs et de la Ville.Le comité de sauvegarde formé de citoyens s’est mis en branle trois mois plus tard avec l’objectif de sauver l’édifice du pic des démolisseurs. Sous la pression, le conseil municipal a alors allongé 10 000 $ pour une expertise architecturale confirmant la solidité de la structure.« Selon l’étude commandée par la Ville à la firme Beaupré et Michaud, il était encore possible de restaurer la maison, mais la Ville n’a jamais protégé les restes des intempéries de l’hiver, alors que ça ne prenait que du plastique et du contreplaqué! » a rappelé la descendante de Casimir Dessaulles, Marie-Josée Raymond.En mai, les membres du comité ont demandé au conseil de leur avancer 500 000 $ pour acquérir la maison et prendre les mesures nécessaires à sa conservation le temps de mettre sur pied un plan d’affaires afin de racheter et restaurer l’édifice.La Ville a préféré se positionner derrière le rapport des assureurs estimant la restauration non rentable et recommandant la démolition. « Compte tenu de la capacité de payer des contribuables, on n’aurait pas pu faire autrement », a affirmé le conseiller David Bousquet au lendemain de la démolition.

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