30 mai 2013 - 00:00
Crédibilité
Par: Martin Bourassa

À retardement, la récente étude du Conference Board a causé tout un émoi au CLD Les Maskoutains. Et pour cause. On y écrit noir sur blanc que la région de Saint-Hyacinthe est en perte de vitesse. Pire, on rapporte la perte de 17 400 emplois sur une période située entre 2005 et maintenant. C’est des emplois perdus en ta.

Ces chiffres ont été publiés le 6 mai ont été repris dans une quantité appréciable de médias écrits et électroniques, nationaux et régionaux, dont CBC, l’agence QMI, TVA, Argent, Le Canada Français et La Voix de l’Est.Le Courrier n’a pas fait exception. Dans mon éditorial du 9 mai, je ne me suis pas gêné pour attitrer l’attention sur ce constat, en reprenant mot pour mot le passage sur l’économie moribonde de la région maskoutaine. Le 13 mai, lors de l’assemblée générale du Centre local de développement, notre journaliste Benoit Lapierre s’est présenté au micro afin d’obtenir les commentaires du directeur général du CLD sur l’étude catastrophe du Conference Board. Nous espérions obtenir de Mario De Tilly des nuances, des explications, des mises en garde, une quelconque interprétation, voire une réplique cinglante vu l’énormité des prétentions du Conference Board.En guise de réponse, il nous a mentionné qu’il avait reçu l’étude, mais qu’une semaine plus tard il n’avait pas eu le temps d’en prendre connaissance. Nous avons aussi questionné le président du CLD, Claude Bernier. Comme toute réponse, nous avons eu droit à un haussement d’épaules et une théorie voulant que « la vraie vie, la réalité » ne se trouvait pas du côté du Conference Board, mais du côté du CLD.Le Courrier a donc étalé les conclusions du Conference Board dans son édition du 16 mai, tout comme les minces commentaires du CLD. Il faut croire que cette manchette a réveillé le CLD puisque le 17 mai, nous recevions une longue réplique de Mario De Tilly au sujet de cette « hécatombe économique » à partir de « données pour le moins douteuses ». Il poursuivait en se moquant des affirmations « du Courrier » et parlait de manque de rigueur et de désinformation irresponsable. Pour la gouverne de M. De Tilly, il serait bon de mentionner que Le Courrier n’affirmait et ne soutenait rien jusque-là.C’est le Conference Board qui le faisait, un organisme qui n’a pas nécessairement la réputation de lancer des chiffres et des conclusions irresponsables, du moins si l’on se fie à l’Association des CLD du Québec. Cette dernière avait confié l’an dernier à Mario Lefebvre, directeur du Centre d’études municipales du Conference Board et celui-là même qui défend les conclusions sur Saint-Hyacinthe, le soin de prononcer la conférence d’ouverture de son congrès annuel à Shawinigan.Mario De Tilly se trompe de cible en tirant sur le messager. Nous l’avons d’ailleurs invité à s’en prendre directement au Conference Board. C’est d’ailleurs ce que nous pensions qu’il allait faire lors de l’assemblée générale du CLD, mais malheureusement il s’est défilé. Si le CLD Les Maskoutains souhaite attaquer la crédibilité du Conference Board et les données de Statistiques Canada, nous l’invitons même à le faire ouvertement afin de réfuter haut et fort la désagréable impression que Saint-Hyacinthe se meurt.Même que nous serions les premiers à publier une lettre ouverte du CLD sommant le Conference Board de se rétracter ou de démontrer par d’autres chiffres et des faits ce qu’il soutient au sujet de la situation économique alarmante de Saint-Hyacinthe.Il faut toutefois se demander si notre CLD sortirait gagnant ou perdant d’une confrontation directe sur fond de crédibilité avec le Conference Board. Lors de son assemblée générale, le CLD a annoncé des investissements manufacturiers records de 267 M$ en 2012. Ne cherchez toutefois pas la trace d’une ventilation claire, nette et précise de ces investissements, ou de la création ou la perte des emplois recensés en 2012. On nous présente des « a peu près » pour reprendre une expression chère au député péquiste Émilien Pelletier.Au CLD, on défend habituellement l’absence de ventilation des données par une obligation de confidentialité. Admettez que c’est plutôt pratique comme excuse.Mais au-delà de toutes ces considérations et à défaut d’une démonstration plus élaborée du Conference Board, Le Courrier estime que la situation économique de Saint-Hyacinthe ne serait être aussi morose que ce qu’affirme le Conference Board.Le cahier des 200 plus grandes entreprises de la MRC, un cahier que nous présentons depuis près de 20 ans, tend d’ailleurs à le démontrer de belle façon.Mais en même temps, force est de constater que la situation économique de la MRC n’est sans doute pas aussi rose que ce que prétend le CLD.La vérité, la vraie vie pour paraphraser le maire Claude Bernier, se trouve sans doute quelque part entre ces deux extrêmes.

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