31 mars 2016 - 00:00
Inspections des pompiers
De la grogne au centre-ville
Par: Benoit Lapierre
De la grogne au centre-ville

De la grogne au centre-ville

De la grogne au centre-ville

De la grogne au centre-ville

François Grisé estime qu’en matière de sécurité incendie, l’âge des bâtiments devrait être pris en considération par les autorités. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

François Grisé estime qu’en matière de sécurité incendie, l’âge des bâtiments devrait être pris en considération par les autorités. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Depuis quelques mois, les inspecteurs de la division Prévention du service de sécurité incendie de Saint-Hyacinthe et ceux de la Régie du bâtiment (RBQ) s’en donnent à coeur joie au centre-ville, au

Lui-même touché par cette nouvelle ­réalité, le président de la Société de développement commercial du centre-ville (SDC), François Grisé, sonne l’alarme : le resserrement radical des normes en protection incendie fait mal dans un quartier qui a pris forme à une autre époque.

« Nous, on a à gérer un patrimoine ­immobilier qui date du 19e siècle. S’il faut tout mettre aux normes des années 2000, aussi bien tout raser et recommencer à zéro », argumente M. Grisé. ­Propriétaire de la microbrasserie le ­Bilboquet et de l’édifice voisin où loge le restaurant l’Espiègle, rue des Cascades, il n’avait jamais eu à se plaindre des ­inspections routinières de sécurité avant celle qui a eu lieu l’automne dernier dans la bâtisse du restaurant. Après les ­pompiers, ce sont les inspecteurs de la RBQ qui sont débarqués chez lui pour lui mettre sous le nez toutes sortes de nouvelles exigences.

Il donne l’exemple de la porte coupe-feu qu’il a dû faire installer pour remplacer celle qui donnait accès à la buanderie ­depuis son aménagement, en 1968 et qui, avant aujourd’hui, n’avait jamais été ­perçue comme un élément pouvant poser un problème de sécurité. « On nous fait faire des correctifs sur des choses qui existent depuis 50 ans, et l’on nous ­répond qu’il n’y a pas de droit acquis là-dessus. Pour l’Espiègle, la dépense devrait tourner autour de 5000 $, mais au Bilboquet, je m’attends à ce que ça grimpe à 15 000 $. Ailleurs au centre-ville, j’en connais qui en auront pour 50 000 $ et plus. »

La RBQ, explique-t-il, vise particuliè­rement les édifices commerciaux abritant un lieu public d’au moins 150 places ­assises et huit logements et plus aux étages. C’est précisément le cas du ­Bilboquet (200 places, huit logements aux étages), où il s’attend au pire lorsque les inspecteurs cogneront à sa porte. « L’assureur fait sa propre inspection des lieux, et lui me dit que tout est parfait. Il y a des gicleurs partout, il y a des ­extincteurs, il y a un système d’alarme ­relié à une centrale, des détecteurs de ­fumée, des détecteurs de chaleur, et même des caméras de surveillance. Mais on va quand même me demander d’installer un panneau électronique ­d’incendie, et c’est quelque chose qui coûte entre 15 000 $ et 20 000 $. »

François Grisé estime que les autorités devraient considérer l’âge des lieux visés par la réglementation et les sommes ­importantes consacrées à leur entretien. Il prône un assouplissement des règles pour les bâtiments anciens, ou de l’aide financière. « L’an passé, j’ai mis 50 000 $ dans la façade de l’Espiègle et cette ­année, je m’apprête à ajouter 100 000 $ au ­Bilboquet, avec une part de 50 000 $ de la Ville. Mais là, on m’annonce une dépense supplémentaire de 15 000 $ pour un ­panneau de contrôle. Quel signal envoie-t-on aux gens qui veulent rénover leur ­bâtiment? On leur dit : ne touchez pas à ça. Je suis d’accord avec la prévention, mais à un moment donné, il faut tirer une ligne. »

À la Ville de Saint-Hyacinthe, on ­reconnaît qu’après l’entrée en vigueur du schéma de couverture de risque de la MRC des Maskoutains, en 2012, les règles du jeu ont changé en matière de sécurité-incendie. « Avant, les inspections se ­faisaient sur demande, et maintenant, c’est systématique. Les normes pour les lieux publics ont toujours été là, mais elles n’étaient pas nécessairement appliquées », a indiqué la directrice du Service des communications, Brigitte Massé.

La conseillère municipale du district Cascades, Sylvie Adam, a reçu des appels de propriétaires mécontents des inspections, mais elle se range du côté de la Ville et de la RBQ dans ce dossier. « Il y a des ­exigences à respecter et pour moi, la ­sécurité des gens, ça passe avant tout », ­a-t-elle commenté.

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