11 février 2021 - 14:51
Purificateurs d’air dans les écoles
De l’intérêt à Sainte-Rosalie, mais pas de feu vert
Par: Rémi Léonard
Un parent voudrait qu’on teste les avantages potentiels des purificateurs d’air dans le cadre d’un projet pilote à l’école Sainte-Rosalie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Un parent voudrait qu’on teste les avantages potentiels des purificateurs d’air dans le cadre d’un projet pilote à l’école Sainte-Rosalie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’idée d’installer des purificateurs d’air dans les classes a fait son chemin jusqu’à Saint-Hyacinthe. Depuis plusieurs semaines déjà, un père de la région tente de faire accepter cette idée à l’école Sainte-Rosalie, mais n’a pas reçu un accueil favorable jusqu’ici.

Tout comme l’initiative citoyenne déployée récemment dans une école de Montréal, Sylvain Savoie compte sur des contributions volontaires des parents – et pourquoi pas de certaines entreprises locales – pour financer l’installation de deux purificateurs d’air dans une classe, une démarche qui servirait en quelque sorte de projet pilote sur la qualité de l’air dans les écoles et son impact sur la transmission des maladies par aérosols.

Sylvain Savoie, qui travaille dans le domaine pharmaceutique et s’y connaît en contrôle de bactéries, de moisissures et de spores sur les surfaces et dans l’air, a soumis une demande bien documentée et qui est loin de verser dans des théories complotistes. Le père de famille est informé, motivé et organisé, mais contrairement à l’exemple montréalais, ses tentatives n’ont pas abouti jusqu’ici.

C’est que le gouvernement a statué en janvier qu’il ne recommandait pas l’installation de purificateurs d’air dans les écoles, s’appuyant sur un rapport d’experts de la santé publique. Même si la recommandation de Québec n’interdit pas formellement l’installation de purificateurs d’air dans les classes, elle met néanmoins en garde contre le « risque d’une utilisation non appropriée ». De toute manière, l’efficacité des purificateurs d’air pour contrer la transmission de maladies par aérosols est simplement « non démontrée », affirment également les experts de la santé publique québécoise.

Dans ces circonstances, le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH) préfère ne pas autoriser ce type de projet pilote, tout comme le Centre de services scolaire de Montréal, qui avait même demandé le retrait des purificateurs installés, avant de finalement se raviser.

Actuellement, les recommandations gouvernementales sont plutôt d’ouvrir manuellement les fenêtres plusieurs fois par jour pour effectuer un changement d’air dans les endroits où il n’y a pas de ventilation mécanique. C’est le cas à l’école Sainte-Rosalie, immeuble datant de 1955 et qui présente le pire indice de vétusté (E). Une éclosion est d’ailleurs survenue peu avant les Fêtes à cet endroit alors que l’on recensait 28 cas actifs vers la mi-décembre.

Comme parent, Sylvain Savoie dit s’inquiéter de la qualité de l’air dans ce bâtiment et de son potentiel impact sur la propagation de la COVID-19. Après tout, pendant que le Québec vit confiné et maintenant sous couvre-feu, les écoles demeurent « la porte d’entrée de la transmission dans les familles », soutient-il. En ayant au moins une classe munie de purificateurs d’air, on pourrait collecter des données afin d’observer si une différence est notable.

Car le consensus scientifique n’est pas véritablement établi sur la question, comme sur bien d’autres enjeux liés à cette crise sanitaire. Des gouvernements ont émis d’autres recommandations que la santé publique québécoise, en Allemagne et en Ontario par exemple, en se basant sur des études aux conclusions différentes. Même au Québec, des purificateurs d’air ont également été installés dans des écoles privées et dans le réseau anglophone, les autorités disant se baser sur les recommandations de l’École de santé publique de Harvard. Malgré sa position actuelle, le CSSSH indique d’ailleurs demeurer « à l’affût de l’évolution des consignes sanitaires et n’hésitera pas à ajuster ses pratiques selon les recommandations émises par les autorités ».

En attendant, Sylvain Savoie déplore que le Québec prenne du retard par rapport à cet enjeu. Face à l’inertie du système, « on tourne en rond actuellement », a-t-il commenté, attendant toujours un signal positif pour pouvoir lancer son projet.

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