4 avril 2013 - 00:00
De l’Union Saint-Joseph à La Survivance (1)
Par: Le Courrier
Photo de l’abbé Louis-Zéphirin Moreau.

Photo de l’abbé Louis-Zéphirin Moreau.

Photo de l’abbé Louis-Zéphirin Moreau.

Photo de l’abbé Louis-Zéphirin Moreau.

L’Union Saint-Joseph, société religieuse de bienfaisance

Depuis 138 ans, d’abord avec l’Union Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe fondée en 1874, puis avec La Survivance, compagnie mutuelle d’assurance vie, à partir de 1938, l’industrie de l’assurance de personnes a pignon sur rue au coeur de la ville de Saint-Hyacinthe. Elle crée de nombreux emplois et contribue avec succès à la bonne réputation économique et sociale de la communauté maskoutaine.

L’Union Saint-Joseph, société religieuse de bienfaisance

Au cours de la deuxième moitié du 19 e siècle, en plusieurs endroits au Québec, le clergé s’est impliqué dans la création de sociétés d’entraide visant la protection des familles en cas de maladie ou de décès de l’un de ses membres. Dans une conférence qu’il prononçait sur l’Union Saint-Joseph de la ville de Lévis, l’abbé Georges-Étienne Proulx, cofondateur de la Société d’histoire de Lévis, faisait état des objectifs de ces sociétés dans les termes suivants :

« C’est d’abord pour répondre à un besoin des populations ouvrières, besoin devenu plus urgent avec l’industrialisation et l’urbanisation. Dans une économie presque exclusivement agricole, autosuffisante, la population pouvait plus facilement faire face aux problèmes de la maladie ou de décès du chef de famille. Dès le moment où l’industrie s’implante, l’ouvrier n’a que son salaire pour subvenir aux besoins de sa famille et il doit acheter tout ce qui est nécessaire à la subsistance; s’il vient à être privé de son salaire parce qu’il est malade ou s’il vient à mourir, la famille n’a plus de quoi vivre. Les sociétés de bienfaisance ou de secours mutuels versent alors à leurs membres malades ou à leurs veuves des secours qui leur permettent de tenir le coup. On peut dire que ces sociétés sont les embryons des systèmes contemporains d’assurance-maladie et d’assurance-vie ». Puis l’auteur évoque l’implication des autorités religieuses en ajoutant : « Enfin, à l’époque qui a vu naître les associations catholiques de secours mutuels, d’autres sociétés, d’inspiration maçonnique celles-là, avaient commencé à recruter des adeptes. Leur action, perçue par l’Église comme un moyen de détourner les catholiques de la religion, a été dénoncée par le pape Léon XIII dans son encyclique Humanum Genus du 20 avril 1884; le pape écrivait en conclusion : « Il faut leur (les ouvriers) venir en aide avec une grande habileté et leur ouvrir les rangs d’associations honnêtes pour les empêcher d’être enrôlés dans les mauvaises ». Plus loin, le conférencier signale que dans la province d’Ontario et en Nouvelle-Angleterre s’ajoute une raison nationaliste. Parlant de l’Union St-Joseph d’Ottawa, il indique que : « Cette société est allée courageusement, conformément à sa constitution, grouper les Canadiens-français dans une commune pensée de secours mutuel et de progrès matériel, national et religieux pour leur permettre de travailler au maintien et à la propagation de la langue française ».

Fondation de l’Union Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe

C’est au cours de cette même période qu’est née à Saint-Hyacinthe, le 29 septembre 1874, l’Union Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe, sous la direction du curé de la cathédrale, l’abbé Louis-Zéphirin Moreau. Cette association s’inscrivait dans la lignée des autres sociétés du même nom créées au cours de la décennie précédente, à Ottawa (1863), à Joliette (1863), à Lévis (1864). C’était une période de fondation des Unions Saint-Joseph : celle d’Ottawa devint plus tard l’Union Saint-Joseph du Canada et elle fonda 630 succursales, dont 510 au Québec. Le mouvement reposait sur le principe de la société fraternelle, soit une coopérative d’assurance ou une association à caractère religieux, national, au bénéfice de la classe ouvrière.

La première page du livret « Constitution et règlements de l’Union Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe » rappelle la pensée des fondateurs : – « L’ouvrier doit être aidé matériellement dans une foule de circonstances, plus particulièrement lorsque la maladie vient suspendre ses travaux et le contraindre au chômage ». – « Efforçons-nous donc de faire des ouvriers instruits, honnêtes et surtout de bons chrétiens, ils seront, par cela même, probes, économes, laborieux, et la misère n’aura guère de prise sur eux ». – « Une caisse de secours, alimentée par les sociétaires, leur viendra en aide dans les cas de chômage provenant de maladie ou d’accident et, pour que ces secours ne fassent jamais défaut, ou afin qu’ils soient distribués dans la mesure d’une charité prudente et éclairée, nous admettrons autant que possible, les seuls intéressés à administrer cette caisse ». L’idée fondamentale de la société naissante était donc d’organiser le secours mutuel dans la plus large acception du terme.

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