24 avril 2014 - 00:00
Cruauté envers les animaux sur une ferme de Pont-Rouge
Délimax dans la tourmente
Par: Martin Bourassa

Veaux baignants dans leurs excréments, attachés et confinés dans des cages étroites; bêtes maltraitées et frappées par des employés qui vont jusqu'à les achever à l'aide d'un fusil, les pratiques qui ont eu cours pendant un certain temps sur une ferme d'élevage de Pont-Rouge, reliée au groupe maskoutain Délimax, ont causé un tollé général ces derniers jours, forçant l'entreprise à s'en dissocier.

Ces pratiques ont été mises en lumière au cours du week-end par le groupe de défense des animaux Mercy for Animals, à l’aide d’un film réalisé sur place par un enquêteur qui s’était fait engager sur la ferme comme simple employé.

Les images contenues dans la vidéo « La cruauté des cages » ont eu tôt fait de faire les manchettes et d’éclabousser Délimax, reconnu comme l’un des plus importants joueurs de l’industrie du veau de lait et de grain, avec ses quelque 250 fermes d’élevages et quatre usines d’abattage et de transformation.« Il s’agit d’un cas isolé, assure André Blais, directeur développement et commercialisation chez Délimax, dans une entrevue accordée au Courrier. Nous n’endossons pas ces façons de faire. Elles sont inacceptables et elles ne sont pas représentatives de ce que nous véhiculons au sein de notre entreprise. »Au sujet de l’éleveur mis en cause à Pont-Rouge, il mentionne qu’il s’est produit une situation particulière sur une période d’un mois environ. Le propriétaire de la ferme aurait fait confiance aux mauvaises personnes. « De toute évidence, ces individus (sur la vidéo) n’avaient pas les compétences requises pour faire l’élevage de veaux. Les producteurs de la région savent bien qu’il est impossible d’obtenir de bons résultats dans un élevage quand on ne traite pas bien les animaux. Notre client a repris le contrôle de sa ferme et la situation est rentrée dans l’ordre à la satisfaction des inspecteurs du MAPAQ. Les bêtes vont bien et il s’agit des mêmes veaux que l’on a pu apercevoir sur la vidéo », a ajouté M. Blais.

Une industrie en constante évolution

Au sujet des conditions d’élevage qui ont été dénoncées par le groupe de pression, à savoir l’isolement et le confinement des veaux, le porte-parole de Délimax confirme que les méthodes d’élevage sont en train de changer sur les fermes.

« Le bien-être animal est au coeur de nos préoccupations. L’industrie se transforme et s’oriente désormais vers l’élevage en parc. Au moins 50 % de nos fermes d’élevage ont déjà fait cette transition qui devrait être complétée d’ici 2018. »Plusieurs intervenants ont à coeur de veiller aux bonnes pratiques d’élevage, mentionne M. Blais. « Ce sont de nouveaux standards imposés par l’industrie et différents partenaires comme le MAPAQ et l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Il est faux de prétendre que notre industrie s’autorégularise elle-même. Cela dit, les standards évoluent continuellement et ce qui peut paraître comme la norme en 2014 sera peut-être vu comme archaïque ou cruel dans 20 ans. »Dans un tout autre registre, André Blais questionne aussi la façon d’agir de Mercy for Animals dans ce dossier. « Je pense que les gens vont faire la différence entre un cas isolé et ce qui se passe sur le terrain chez l’ensemble des éleveurs. Il ne faut pas perdre de vue l’intention du groupe derrière tout ça. Ils veulent que les gens arrêtent de manger de la viande et deviennent végétariens. Ils ont commencé avec le boeuf, le porc et là, c’est le veau. S’ils ont en main ces images depuis janvier, et si le bien-être des animaux les préoccupe autant qu’ils le disent, il est permis de se demander pourquoi ils ont attendu si longtemps avant d’intervenir publiquement. »

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