20 mai 2021 - 14:45
Démolitions avenue Saint-François : le mot de la fin
Par: Le Courrier
Comme citoyenne et résidente du district Cascades, j’en ai appelé de la décision du comité de démolition le 3 mai, devant le conseil municipal de la Ville de Saint-Hyacinthe. Je l’ai fait au nom de la trentaine d’opposants qui avaient fait parvenir à la Ville un avis plaidant en la faveur de sauvegarder les six immeubles de logements abordables de l’avenue Saint-François. Je l’ai également fait par respect pour la vingtaine de personnes, dont plusieurs très âgées, qui ont été évincées.

L’un des conseillers, Donald Côté, m’a posé la question à savoir si toutes les personnes avaient été relocalisées à leur convenance. C’est la seule question qui m’a été posée lors de cette séance. Je ne comprends pas pourquoi ce sont les conseillers qui m’ont posé cette question, à moi, citoyenne et résidente, alors que la Ville prétend avoir fait les démarches nécessaires pour accompagner les personnes évincées.

Je tiens à préciser que si, personnellement, je ne connaissais pas toutes ces personnes et ne savais pas où elles ont été déplacées, j’ai eu des confirmations par l’entremise de la concertation maskoutaine en matière de logements que, bien qu’il y ait eu effectivement des accompagnements réalisés par des représentants de la Ville qui se sont soldés par d’heureux dénouements, malheureusement, certaines des personnes résidentes sur l’avenue Saint-François sont allées gonfler la liste d’attente de l’OHMA. D’autres ont été aidées par des résidents du quartier qui avaient à cœur leur bien-être. Enfin, il y en a un petit nombre qui a fait partie des personnes à la rue lors du 1er juillet 2020.

C’est lors de la séance publique du conseil du 3 mai, le jour même de l’audition de l’appel des démolitions, que la résolution a été adoptée à l’unanimité pour que les six immeubles de l’avenue Saint-François soient démolis. Cette résolution a été appuyée en bonne et due forme par le conseiller David Bousquet. Celui-ci a tenu à partager la vision du conseil municipal quant au centre-ville et à son développement.

Dans sa vision et son argumentaire à l’effet que toutes les préoccupations citoyennes ont été traitées, soit la pénurie de logements abordables en vue du 1er juillet prochain, la démolition d’autres logements abordables par les années passées pour en faire du stationnement et la revente d’un stationnement à Groupe Sélection, il a pourtant omis un des arguments majeurs : jamais la Ville n’a procédé à une consultation populaire par voie référendaire pour le projet de Groupe Sélection et, plus largement, pour la création de la zone riveraine qui oblige désormais la construction d’immeubles de six à huit étages aux abords de la rivière Yamaska.

Pourquoi le centre-ville et ses résidents ont-ils été exclus des procédés référendaires alors que tous les autres secteurs de la Ville y sont toujours soumis?

Pourquoi le conseiller David Bousquet, qui siège lui-même au conseil d’administration de l’Office d’habitation des Maskoutains et d’Acton, en plus de présider Habitations Maska, nouvel acteur de logement abordable, a-t-il appuyé cette résolution visant la démolition des six immeubles de logements abordables, alors qu’il sait pertinemment que nous sommes dans la pire crise du logement de la décennie et sommes la pire ville du Québec à cet égard?

Dans les propos qu’il a tenus concernant la création par la ville de 92 logements abordables, il a argumenté que la vision de verdissement du centre-ville passait par la requalification des espaces près de la rivière Yamaska, pour l’aménagement de la promenade Gérard-Côté. Il a toutefois omis de préciser que les acquisitions faites par la Ville visaient elles aussi des immeubles de logements abordables qui devront encore être démolis et qui viendront encore aggraver la perte du parc de logements locatifs au centre-ville.

Il a aussi omis de préciser qu’une très grande proportion des 92 logements créés ne sont pas du logement abordable, mais plutôt du logement social, avec pour effet d’avoir des critères d’exclusion pour certains ménages. Enfin, il a omis de dire qu’une autre proportion de ces logements sont des logements de transition qui seront gérés par des organismes communautaires du milieu. S’ils s’avèrent être très précieux, ils ne peuvent hélas en aucun cas pallier la perte nette de tous les logements abordables démolis par la Ville dans les dernières années et la vingtaine de logements abordables de l’avenue Saint-François.

Enfin, la construction de l’immeuble de Groupe Sélection entraînera la coupe des six tilleuls matures de l’avenue Saint-François et menace les épinettes matures et majestueuses faisant plus de cinquante pieds de hauteur. Sachant les précieux services que peuvent rendre les arbres matures comparativement aux nouveaux jeunes arbres plantés, la Ville prévoit-elle demander à Groupe Sélection qu’il sauvegarde la forêt d’épinettes matures et les tilleuls jouxtant la promenade Gérard-Côté?

Après tout, au prix auquel elle vend une partie du stationnement municipal Intact à Groupe Sélection après avoir aménagé un nouveau stationnement municipal aux frais du trésor public (incluant achat et démolitions d’autres logements abordables), ce ne serait pas trop demander.

Je termine ma lettre en remerciant les citoyennes et les citoyens qui ont eu à cœur les locataires de l’avenue Saint-François et plus largement les citoyennes et citoyens du centre-ville, merci pour votre solidarité.

Chantal Goulet, Saint-Hyacinthe

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