21 janvier 2021 - 14:38
Clinique médicale de Saint-Pie
Départ prochain du dernier médecin
Par: Jean-Luc Lorry
L’heure de la retraite a sonné pour le Dr Jacques Desroches après 38 années de bons et loyaux services auprès de la population de Saint-Pie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’heure de la retraite a sonné pour le Dr Jacques Desroches après 38 années de bons et loyaux services auprès de la population de Saint-Pie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Après 38 ans de pratique en médecine familiale à Saint-Pie, le docteur Jacques Desroches se prépare à raccrocher définitivement son stéthoscope. Il cessera le suivi de patients à compter du 18 février. Le départ du dernier médecin généraliste de cette municipalité de 5782 habitants risque fort de représenter la fin de la clinique locale.

Dès le 1er février, le Dr Desroches ne sera plus associé au Groupe de médecine familiale (GMF) Maska (qui regroupe la clinique de Saint-Hyacinthe et la clinique médicale Saint-Damase).

La seule lueur d’espoir pour les quelque 3000 patients du Dr Desroches serait qu’un nouveau médecin décide de prendre sa relève.

« Aujourd’hui, les jeunes médecins vont dans des cliniques médicales de grande taille qui regroupent plusieurs médecins, a constaté le Dr Jacques Desroches, lors d’une entrevue accordée au COURRIER. Le malheur de Saint-Pie est d’être une municipalité située entre Saint-Hyacinthe et Granby. La médecine rurale est en train de disparaître tranquillement au Québec. »

Fin décembre, la Ville de Saint-Pie a reçu une lettre du Dr Desroches pour confirmer son départ, mais comme cet omnipraticien dit devoir revenir de façon régulière à la clinique médicale de Saint-Pie jusqu’à la fin de 2021, il a décidé de maintenir certains services.

« J’ai accepté de dépanner pour le reste de l’année 2021 mes patients qui n’auraient toujours pas un nouveau médecin de famille et qui auraient besoin de renouvèlements de prescriptions de médicaments ou d’un examen pour un formulaire de permis de conduire », écrit Jacques Desroches dans la missive dont nous avons obtenu copie.

Le Dr Desroches mentionne également qu’il assurera le suivi de tout résultat d’examen qu’il aurait lui-même prescrit.

Cette disponibilité temporaire soulage le maire de Saint-Pie, Mario St-Pierre, qui misait sur un possible report du départ à la retraite du médecin.

« Dans les circonstances, il s’agit d’une bonne nouvelle. Maintenant, nous espérons qu’un nouveau médecin sera intéressé à venir chez nous dans une clinique qui sera rénovée », indique le maire St-Pierre, lors d’un entretien téléphonique.

Jacques Desroches est arrivé à Saint-Pie durant l’été 1982. Il se souvient que cette clinique médicale a déjà compté jusqu’à cinq médecins, soit les docteurs Germain, Poirier, Milette, Chaput et lui-même.

La Clinique Saint-Pie donne accès également à une infirmière et à un médecin spécialisé en chirurgie générale. Le Dr Rami Gharib, qui pratique dans la région de Granby, fait le déplacement une fois par mois depuis cinq ans pour y rencontrer des patients.

Propriétaire de la bâtisse où loge la clinique médicale, le pharmacien Normand Thériault se dit prêt à investir 300 000 $ pour rénover complètement les lieux s’il obtient la confirmation de la venue de nouveaux médecins.

Dans ce dossier, la Municipalité peut compter sur le soutien de la députée de Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy. À l’automne 2018, la députée caquiste trouvait déjà insensé que cette municipalité soit desservie par un seul médecin.

« Comme vous le savez, je suis très consciente de la situation en médecine familiale à Saint-Pie. Dans la dernière année, j’ai rencontré les gestionnaires de chacun des GMF de ma circonscription afin de connaître leurs méthodes de recrutement et s’ils avaient de la place pour accueillir de nouveaux médecins dans leurs locaux. […] J’ai discuté avec plusieurs candidats potentiels (nouveaux médecins) pour leur parler des opportunités et leur manifester notre grand besoin en médecine familiale à Saint-Pie, mais également à Saint-Hyacinthe », a mentionné la députée, dans un courriel envoyé au COURRIER.

Dix nouveaux médecins attendus

Le plan régional d’effectifs médicaux (PREM) 2021, qui est en vigueur du 1er décembre 2020 au 30 novembre 2021, a prévu 10 places pour de nouveaux médecins qui souhaiteraient pratiquer dans le Réseau local de santé (RLS) Richelieu-Yamaska, un sous-territoire de la Montérégie couvrant les régions de Saint-Hyacinthe, Beloeil et Acton.

« Le recrutement officiel est en cours jusqu’à la fin janvier. Il faudra attendre les résultats de ce recrutement pour connaître le plan de déploiement. Mais je tiens à vous rappeler que les médecins sont libres d’appliquer dans le RLS de leur choix et, par la suite, ils sont libres de choisir la clinique de leur choix dans ce territoire donné », a mentionné la députée Soucy.

Selon des données obtenues auprès du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est, environ 170 omnipraticiens pratiquent dans le RLS Richelieu-Yamaska et 84 % de la population de ce territoire dispose d’un médecin de famille.

En décembre, 22 120 personnes étaient inscrites au Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) dans ce RLS, soit 4918 patients orphelins de plus qu’il y a un an.

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