12 décembre 2019 - 14:58
Des activistes antispécistes occupent une ferme à Saint-Hyacinthe
Par: Olivier Dénommée

Onze militants du groupe Direction Action Everywhere sont entrés par effraction dans une ferme porcine de Saint-Hyacinthe tôt samedi matin, prenant des photos et des vidéos des lieux pour dénoncer les conditions qu’ils considèrent inhumaines pour les bêtes. Photo Facebook de Direct Action Everywhere

Onze militants du groupe Direction Action Everywhere sont entrés par effraction dans une ferme porcine de Saint-Hyacinthe tôt samedi matin, prenant des photos et des vidéos des lieux pour dénoncer les conditions qu’ils considèrent inhumaines pour les bêtes. Photo Facebook de Direct Action Everywhere

Samedi matin, onze activistes du groupe de défense des droits des animaux Direct Action Everywhere (DxE) se sont introduits par effraction dans une ferme porcine de Saint-Hyacinthe. Leur but était de dénoncer les conditions dans lesquelles vivaient les porcs en prenant des photos et en diffusant des vidéos de leurs revendications en direct sur Facebook. Ils n’ont pas fait de grabuge, mais leurs gestes causent maintenant l’inquiétude des producteurs.

Les activistes, s’exprimant essentiellement en anglais, sont entrés à la ferme du chemin du Rapide-Plat Sud au petit matin avec des pancartes exigeant des droits pour les animaux équivalents à ceux des humains et demandant de rencontrer le premier ministre François Legault sur la question. Ils se sont simplement assis devant des cages jusqu’à ce que des policiers leur fassent quitter les lieux, mais les Éleveurs de porcs du Québec craignent que les actions des militants puissent avoir l’effet contraire que ce qu’ils escomptaient. « Il y a des enjeux de biosécurité : on a des règles très strictes à respecter, comme prendre une douche avant d’entrer sur les lieux pour éviter de contaminer les animaux. On ne sait pas encore si les militants ont pu contaminer les bêtes, leur moulée ou leur réservoir et les analyses prendront encore quelques jours », mentionne en entrevue François Nadeau, président des Éleveurs de porcs de la Montérégie. En cas de contamination avérée, les bêtes devront possiblement être euthanasiées.

Chef de file

M. Nadeau se montre très critique des gestes posés samedi par DxE, assurant que les images relayées par les activistes – principalement originaires de l’Ontario selon lui – étaient très loin de représenter la réalité, montrant essentiellement la maternité de la porcherie. « L’industrie porcine canadienne et québécoise sont des chefs de file en matière de salubrité et la priorité est mise de l’avant pour le bien-être des animaux », assure-t-il, confirmant au passage que la porcherie visée répond parfaitement aux normes québécoises et canadiennes. Or, la présence des militants a retardé de plusieurs heures la routine des porcs, qui ont finalement été nourris avec 5 h de retard, leur causant un important stress, sans compter celui infligé aux travailleurs qui ne savaient pas à quoi s’en tenir.

Sanctions plus sévères demandées

Cette occupation de la ferme maskoutaine n’est pas une première dans l’industrie agroalimentaire au Québec, reconnaît François Nadeau, soulignant que des militants sont entrés dans une autre ferme au courant des dernières semaines pour ouvrir les portes afin de laisser sortir les animaux. Un autre cas médiatisé est celui de la cyberintimidation subie par une éleveuse sur les réseaux sociaux au courant de l’été.

Les événements de samedi ont poussé les producteurs porcins à demander au gouvernement québécois d’augmenter les amendes remises à ceux qui s’introduisent par effraction sur les fermes, à l’image de ce qui est étudié du côté de l’Ontario. « Le gouvernement doit légiférer sur la question, et on sent qu’il est à l’écoute de nos demandes », commente François Nadeau. D’ici là, plusieurs éleveurs vont rehausser la sécurité dans leurs fermes, notamment en ajoutant des caméras, estime-t-il.

Il regrette que le dialogue ne soit pas davantage possible avec les groupes antispécistes qui, selon lui, ne veulent rien de moins que l’abolition complète de la consommation de viande. « Il y a de la place pour toutes sortes de façons de penser et on respecte ceux qui font le choix d’être véganes, mais certains activistes poussent leur idéologie à l’extrême. C’est dommage parce qu’au Québec, on fait bien les choses et qu’un code de bien-être animal a été adopté en 2014 pour encore améliorer les conditions animales. »

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