16 mai 2013 - 00:00
Étude du Conference Board
Des chiffres inquiétants pour Saint-Hyacinthe
Par: Le Courrier

L'économie de Saint-Hyacinthe a battu de l'aile de façon sérieuse ces dernières années et la ville peine à remonter la pente, indique une étude récente du Conference Board du Canada portant sur les villes de taille moyenne.

Elle contient des données historiques sur 46 villes du pays appartenant à ce groupe. Une recherche plus poussée a été réalisée pour huit d’entre elles, dont Granby, Saint-Jean-sur-Richelieu, Sept-Îles et Rimouski, qui désiraient obtenir des prévisions économiques les concernant. Dans le cas de Saint-Hyacinthe, les chiffres publiés sont pour le moins inquiétants.

« L’économie de Saint-Hyacinthe est en perte de vitesse depuis huit ans. Le PIB réel et le marché de l’emploi de la région sont presque revenus à la moitié de ce qu’ils étaient en 2005 », résume le Conference Board dans son communiqué du 6 mai annonçant sa nouvelle publication sur les villes.Selon l’étude, le produit intérieur brut (PIB) de Saint-Hyacinthe (en dollars 2002), qui était de l’ordre de 2,79 milliards $ en 2005, ne s’élevait plus qu’à 1,536 milliard $ en 2012, ce qui représente une diminution de 45 % en huit ans. À l’inverse, le PIB d’une ville voisine, Granby, a augmenté de façon significative durant la même période, passant de 2,352 milliards $ en 2005 à 2,866 milliards en 2012, soit un gain de 21,8 %. L’économie de Granby a progressé même durant les années de récession 2008 et 2009, ce qui n’est pas le cas à Saint-Hyacinthe.Les auteurs notent qu’en 2011 et 2012, 13 des 46 villes observées ont enregistré une croissance moyenne négative. « Quatre d’entre elles ont subi un recul annuel moyen supérieur à 5 % pour ces deux années. Il s’agit de New Glasgow (N.-É.), Miramichi (N.-B.) Saint-Hyacinthe (Qc) et Vernon (C.-B.) », soulignent-ils. En fait, l’étude du Conference Board montre que le rendement économique de Saint-Hyacinthe est toujours resté négatif entre 2005 et 2012, une situation qui se reflète aussi dans l’emploi.

Emplois perdus

« La dernière décennie a été particulièrement pénible pour les marchés de l’emploi de New Glasgow (N.-É.), Miramichi (N.-B.), Saint-Hyacinthe (Qc), Medecine Hat (Alb.) et Vernon (C.-B.) », peut-on lire.

Avec ses 37 800 emplois recensés en 2005, Saint-Hyacinthe paraissait, cette année-là, se porter à merveille sur le plan économique. Mais une tendance à la baisse s’est alors installée sans qu’il y ait de redressement avant 2011, si bien qu’en 2012, Saint-Hyacinthe n’affichait plus que 20 400 emplois, soit une perte nette de 46 % en huit ans. À Granby, cette période 2005-2012 s’était amorcée avec 35 900 emplois, c’est-à-dire moins qu’à Saint-Hyacinthe, mais elle a culminé avec 40 100 emplois à la fin, soit 2 300 emplois de plus qu’en 2005 (6 %). Cette croissance vient de se traduire par l’annonce, il y a quelques jours, d’un investissement de 22 millions $ du gouvernement du Québec dans la construction d’une autre école primaire à Granby – la dernière a été inaugurée il y a moins de deux ans – et dans l’agrandissement de deux autres, ce qui fera 33 classes ajoutées.

Note encourageante

En ce qui concerne Saint-Hyacinthe, l’« histoire économique récente des villes canadiennes de taille moyenne » du Conference Board contient malgré tout une note encourageante.

L’étude indique que la situation dans l’emploi à Saint-Hyacinthe a commencé à s’améliorer en 2012, le fond du baril ayant été atteint en 2011, lorsque le seuil s’est abaissé à 18 800 emplois. De 2011 à 2012, on observe soudainement un gain de 1 600 emplois, ou de 8,5 %, leur nombre étant remonté à 20 400. L’histoire dira si la courbe poursuivra son ascension en 2013, puis en 2014, car à partir de maintenant, le Conference Board publiera chaque année un nouveau bulletin de santé des villes de taille moyenne. « Nous le faisons depuis 15 ans pour les grandes villes, mais c’était la première fois pour ce groupe. Cet examen annuel sera utile, car les villes de taille moyenne sont des pôles très importants dans leur région », a indiqué le directeur des études municipales au Conference Board, Mario Lefebvre.En plus de l’historique les concernant, les 46 villes canadiennes examinées auraient pu obtenir des prévisions économiques détaillées pour les deux prochaines années, service qui leur était offert au prix de 4 000 $. Cette offre a été présentée à toutes les villes concernées, dont Saint-Hyacinthe, mais seulement huit d’entre elles y ont donné suite.« Nous les avons même relancées souvent, au risque de paraître harcelants, et nous avons aussi contacté leurs organismes à caractère économique. Je vais le dire haut et fort : nous sommes un peu déçus de la participation. Nous savons que les villes ont des budgets serrés, mais 4 000 $, ce n’est pas une somme faramineuse pour ce qu’on leur proposait », a commenté M. Lefebvre.Il a précisé que les données sur l’emploi dans les villes proviennent de Statistique Canada, tandis que les chiffres sur le PIB sont ceux obtenus par le Conference Board à partir de ses propres matrices de productivité pour tous les champs d’activité des communautés : les divers secteurs industriels et commerciaux, l’agriculture, les transports, la construction, les communications, l’environnement, les services publics, etc.

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