12 janvier 2012 - 00:00
Centre aquatique Desjardins
Des entreprises d’ici disent avoir été ignorées
Par: Jean-Luc Lorry

La construction du centre aquatique de Saint-Hyacinthe, au coût de 21,2 M$, n'a pas été la mine d'or espérée par deux entreprises maskoutaines spécialisées dans la vente d'équipements destinés aux piscines résidentielles et institutionnelles.

La direction de Waterco Canada s’interroge toujours sur les raisons qui ont poussé la Ville de Saint-Hyacinthe à ne pas considérer son offre de services.

« Avant même que ne soit choisie l’équipe d’architectes qui serait chargée de la conception du centre aquatique, nous nous étions manifestés auprès d’Yvan De Lachevrotière, directeur du Service des travaux publics à la Ville », indique Simon Nadeau, directeur général de Waterco Canada, filiale du géant américain Waterco.Cette entreprise qui possède des bureaux sur la rue Martineau a entre autres réalisé des aménagements aquatiques pour le compte des Zoo de Granby et de Calgary et participe à la construction du futur aquarium de Toronto. « M. De Lachevrotière nous avait informés que notre dossier serait acheminé à Éric Leuenberger (directeur général de la Corporation aquatique maskoutaine). Nous avons essayé à plusieurs reprises de le contacter, mais sans succès », poursuit M. Nadeau. Ce dernier se disait en mesure de fournir la majeure partie de l’équipement de la salle mécanique, un contrat potentiel de plus d’un million de dollars.

Une occasion ratée

Waterco Canada n’est pas la seule entreprise à se plaindre.

En affaires depuis 2005 avec la Ville de Saint-Hyacinthe, le propriétaire de Concept Qualiteau, Serge Larose, croyait qu’à titre d’entrepreneur local il serait bien placé pour profiter des retombées découlant de la construction du centre aquatique.En janvier 2011, il a donc fait parvenir un prototype d’équipement aquatique (chlorateur par érosion) au directeur général de la Corporation aquatique maskoutaine. « M. Leuenberger n’a jamais répondu à ma proposition tout en sachant fort bien qu’un produit maskoutain existait sur le marché », mentionne M. Larose.Les chlorateurs par érosion qui équipent la salle mécanique ont plutôt été achetés auprès des Services Eau de Gamme (SEG) de Brossard, une entreprise qui semble être dans les bonnes grâces de M. Leuenberger, s’il faut en croire le site Internet de SEG (voir autre texte). « La Ville de Saint-Hyacinthe a raté une belle occasion d’encourager une entreprise de la place », considère avec le recul Serge Larose.

La Ville se défend

Interrogé sur le sujet, Yvan De Lachevrotière soutient que ce n’était pas le rôle la Ville de Saint-Hyacinthe de se charger du recrutement des entreprises intéressées à participer à la construction du centre aquatique.

« La Ville n’a rien eu à dire concernant le choix des sous-traitants puisque cette tâche relevait de l’entrepreneur général, en l’occurrence la firme Pomerleau », précise le directeur des Travaux publics. Aux yeux de ce dernier, rares sont les entreprises qui possèdent d’ailleurs l’expertise nécessaire pour prendre en charge le volet aquatique d’un tel projet. « Pour construire une telle salle mécanique, je ne crois pas qu’il existe à Saint-Hyacinthe et dans la région d’entreprises ayant cette expertise », indique M. De Lachevrotière.Un avis partagé par Éric Leuenberger. « À Saint-Hyacinthe, il n’y a pas, à ma connaissance, d’entreprises qui étaient capables d’assurer la partie mécanique d’une piscine du calibre du centre aquatique », considère le directeur général de la Corporation aquatique maskoutaine.M. Leuenberger a même dit qu’il ignorait que Waterco Canada était implantée à Saint-Hyacinthe. Selon ses dires, la seule entreprise locale à avoir vendu de l’équipement pour la salle mécanique aurait été Concept Qualiteau. « Concept Qualiteau a vendu les contrôleurs de niveau d’eau pour la salle mécanique. Je crois d’ailleurs que ce fût la seule pièce spécifiée par SEG dans le devis fourni à Piscine Soucy, le sous-traitant en charge des travaux », mentionne Éric Leuenberger.Sur ce sujet, Serge Larose a dit vendre occasionnellement cet équipement à Piscine Soucy qui a dû l’installer dans la salle mécanique. « Effectivement, j’ai fourni par l’intermédiaire d’un client deux niveaumatic d’une valeur de 1 200 $ pour une salle mécanique évaluée à environ 1 M$ », souligne Serge Larose qui ne trouve pas matière à se consoler avec les maigres bénéfices retirés de cette vente.

Faible impact local

La construction du Centre aquatique Desjardins a mobilisé peu d’entreprises de la région, si l’on se fie à la liste dont LE COURRIER a obtenu copie.

Sur les 64 sociétés qui ont mis l’épaule à la roue, à peine 14 proviennent de la région maskoutaine. C’est le cas entre autres des Carrières St-Dominique, des Entreprises Claude Chagnon, de Soudure Joel Brisebois 2000 et de L. Menard et fils pour les vitres. La valeur des contrats n’a pas été communiquée.

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