1 juin 2017 - 00:00
Commission scolaire de Saint-Hyacinthe
Des frictions, des allégations et une enquête
Par: Rémi Léonard
Les commissaires représentant le comité de parents paraissaient bien isolés ce mardi face à la majorité du conseil. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Les commissaires représentant le comité de parents paraissaient bien isolés ce mardi face à la majorité du conseil. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Les commissaires représentant le comité de parents paraissaient bien isolés ce mardi face à la majorité du conseil. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Les commissaires représentant le comité de parents paraissaient bien isolés ce mardi face à la majorité du conseil. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le climat de travail au conseil des commissaires de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH) est tellement tendu que le moindre désaccord peut mener à des confrontations dont les proportions paraissent démesurées.


Le dernier en date concerne la modification du rôle des commissaires représentant le comité de parents, qui ont obtenu le droit de vote en vertu de la Loi 105, entrée en vigueur en décembre. Les commissaires-parents et les dirigeants de la CSSH ne s’entendent toutefois pas sur l’interprétation de ce nouveau rôle.

L’une des quatre commissaires-parents, Marie-Josée Continelli, a expliqué au COURRIER qu’on l’empêchait de rapporter les préoccupations du comité de parents en la menaçant de déposer contre elle une plainte à l’éthique. « Je suis incapable de faire mon travail correctement », juge-t-elle. C’est aussi ce qu’elle avait soulevé dans un article paru le 26 mai dans Le Devoir. Mme Continelli se dit bâillonnée par la CSSH et a l’impression qu’on cherche ainsi à « contrer les nouveaux pouvoirs » des commissaires-parents.

Le président de la CSSH, Richard Flibotte, a lui aussi livré sa version en entrevue. « Avec le droit de vote, les commissaires-parents deviennent des commissaires à part entière, avec les devoirs qui viennent avec. Leur mandat est d’apporter les préoccupations des parents autour de la table, mais ils doivent rester indépendants », a-t-il averti. Ainsi, lorsqu’une décision est prise, « ils doivent la respecter et ne pas aller dénigrer la commission scolaire sur la place publique », a ajouté M. Flibotte.

Le président n’a évidemment pas apprécié de voir les mots « harcèlement » et « intimidation » accolés à son organisation en première page d’un quotidien montréalais. « Ce sont des allégations sérieuses et une enquête sera menée pour faire la lumière », a-t-il confirmé. Il s’agit en effet de la réponse que le conseil des commissaires a choisi de donner, lors de sa rencontre du 30 mai, aux allégations évoquées dans Le Devoir.

Juge et partie

L’adoption de la résolution sur le sujet a toutefois été compliquée puisque les élus ne s’entendaient pas sur la personne à mandater pour mener l’enquête. La proposition de départ accordait ce rôle à la responsable de l’application du code d’éthique et de déontologie, Claude Boivin, mais les commissaires-parents se sont aussitôt braqués contre cette option. « C’est l’une de nos agresseurs », a protesté Annick Corbeil, révélant ainsi que cette personne était au cœur du litige.

Le commissaire Jean-François Messier a ensuite proposé que le ministre de l’Éducation nomme une autre personne pour mener l’enquête, amendement qui a été rejeté. La proposition de faire appel au protecteur de l’élève, une instance indépendante de révision des décisions des commissions scolaires, a finalement été appuyée par une courte majorité, à huit voix contre six. La nécessité d’avoir recours à une enquête était tout de même consensuelle autour de la table. « S’il y a des coupables au terme de l’enquête, il faut qu’ils soient redevables. Les résultats devront être rendus publics », a insisté le commissaire Daniel Rondeau.

Métaphores guerrières

La recrudescence actuelle des tensions survient alors qu’approche l’élection à la présidence de la Fédération des commissions scolaires du Québec, poste auquel aspire Richard Flibotte. Rappelons que toute cette histoire provient d’une différence d’interprétation sur un aspect légal. En filigrane, on sent plutôt qu’une joute politique est bien installée au sein du conseil des commissaires, et que personne ne fait dans la dentelle pour défendre son clan. « Ça fait deux ans que dure une guerre de tranchées entre les élus et les représentants du comité de parents », a soutenu Marie-Josée Continelli. Richard Flibotte reconnaît lui aussi que depuis les élections de 2014, le climat s’est résolument détérioré. 

La présidente du comité de parents, Mélanie Laviolette, a justement pris la parole au début de la séance de mardi pour déplorer les « guerres de pouvoir » ayant cours au conseil et l’attitude de certains pour qui « le pouvoir et la satisfaction d’avoir raison sont plus importants que les enfants ».

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