2 février 2017 - 00:00
Des producteurs sensibilisés, des solutions manquantes
Des producteurs sensibilisés, des solutions manquantes
Par: Maxime Prévost Durand
Une quarantaine de personnes ont répondu à l’invitation de la mairesse de Saint-Valérien, Raymonde Plamondon (à droite), pour la rencontre d’informations de la CNESST au sujet des risques liés aux fosses à lisier. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Une quarantaine de personnes ont répondu à l’invitation de la mairesse de Saint-Valérien, Raymonde Plamondon (à droite), pour la rencontre d’informations de la CNESST au sujet des risques liés aux fosses à lisier. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Une quarantaine de personnes ont répondu à l’invitation de la mairesse de Saint-Valérien, Raymonde Plamondon (à droite), pour la rencontre d’informations de la CNESST au sujet des risques liés aux fosses à lisier. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Une quarantaine de personnes ont répondu à l’invitation de la mairesse de Saint-Valérien, Raymonde Plamondon (à droite), pour la rencontre d’informations de la CNESST au sujet des risques liés aux fosses à lisier. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La communauté de Saint-Valérien a été durement touchée en septembre par le décès du producteur agricole Alain Beaudry et de son employé Anthony Lalumière, intoxiqués par du sulfure d’hydrogène alors qu’ils effectuaient des travaux dans une préfosse de lisier. Deux autres incidents similaires avaient affecté d’autres travailleurs de la région l’an dernier, si bien que la municipalité avait jugé bon de faire appel à la CNESST pour une rencontre d’informations concernant la sécurité au travail en milieu agricole.


Une quarantaine de personnes ont répondu à l’invitation de la mairesse Raymonde Plamondon, mardi soir, afin d’en connaître plus sur les dangers reliés aux fosses à lisier, très répandues dans le milieu de la production porcine.

Si cette soirée a permis d’accroître la sensibilisation auprès des producteurs agricoles, plusieurs questions sont restées en suspens. « C’est bien de nous sensibiliser, mais ça ne règle aucun problème », a soutenu Luc Tétreault, un producteur qui avait lui-même été victime des effets du sulfure d’hydrogène l’an dernier. Depuis l’accident de travail qui aurait pu lui coûter la vie, M. Tétreault porte avec lui un détecteur de gaz en tout temps lors de ses opérations, mais ne sait pas quelles modifications il pourrait apporter à ses installations pour éliminer les dangers.

« On nous a présenté quels sont les problèmes, mais on ne nous offre pas de solutions pour savoir comment améliorer nos installations », a ajouté Pierre Monfils, un autre producteur porcin de la région. Ce dernier s’était aussi muni d’un détecteur de gaz après l’accident mortel survenu en septembre afin de mieux déceler les concentrations lors de ses opérations. 

Les dangers

L’ingénieur et agronome François Granger a exposé durant cette rencontre les dangers des gaz qui s’échappent du lisier, notamment le sulfure d’hydrogène, le plus dangereux. Du dioxyde de carbone, du méthane et de l’ammoniac peuvent aussi s’y retrouver et ont tous pour effet de mener, dans des proportions différentes, à une perte de conscience, voire au décès, selon la concentration présente et inhalée.

L’expert en secteur agricole de la CNESST a indiqué qu’avec une concentration de 15 ppm (parties par million) de sulfure d’hydrogène dans l’air, une exposition de plus de 15 minutes peut devenir incommodante et générer des séquelles. Plus la concentration monte, plus le danger est imminent et grave. À 500 ppm, à peine deux ou trois inspirations peuvent faire perdre connaissance.

Ces informations ont permis aux producteurs présents de réaliser que le danger qui les guette dans leurs opérations est plus grand qu’ils ne le croyaient. « Juste en me promenant dans le bâtiment, il y a un danger [avec les gaz qui s’échappent] et il n’est même pas question de descendre dans la préfosse! Je ne pensais pas que le danger était si grave », a avoué Pierre Monfils.

Cause à effets

Le procédé de brassage serait l’une des causes premières du relâchement de ces gaz, a démontré François Granger, faisant un parallèle avec une bouteille de boisson gazeuse que l’on brasse.

Selon lui, il faudrait toujours trouver un moyen de travailler à l’extérieur des préfosses ou des citernes de lisier, considérées comme des espaces clos très dangereux. « Je sais que ce n’est pas toujours possible, a-t-il nuancé, mais s’il faut absolument y aller, on doit suivre des procédures, identifier les risques, établir une surveillance, connaître les mesures d’urgence et disposer des équipements requis. »

Un simple détecteur de gaz ne serait donc pas suffisant pour ce type d’intervention, croit l’expert. « Même si on a un détecteur et qu’il sonne pour nous alerter, on peut y rester quand même parce que le gaz va s’échapper trop rapidement. »

Si un producteur agricole doit descendre dans une fosse ou une préfosse, il doit absolument enlever tout le lisier avant d’y entrer. S’il ne peut pas réaliser cette étape, un appareil respiratoire autonome ou à adduction d’air est alors requis.

De plus, la ventilation n’est souvent pas suffisante à l’intérieur des bâtiments pour permettre de diminuer la concentration des gaz dangereux jusqu’à un environnement tout à fait sécuritaire.

Pistes de solutions

Au cours de la rencontre, voyant les préoccupations des producteurs qui cherchent des solutions pour améliorer leurs installations, une représentante de l’Union des producteurs agricoles (UPA) a fait savoir que l’organisation offre un service-conseil permettant d’accompagner les entreprises dans l’identification de leurs besoins pour un milieu de travail plus sécuritaire.

Une journée de prévention sera également tenue par l’UPA avec la présence des pompiers de Saint-Hyacinthe, spécialisés dans les gaz et les espaces clos, en mars. Les détails concernant cette activité seront connus dans les prochaines semaines.

Quant à la CNESST, elle a indiqué au COURRIER que les conclusions de l’enquête entourant le décès d’Alain Beaudry et Anthony Lalumière pourraient être connues vers la fin mars. 

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