22 janvier 2015 - 00:00
Centrale hydroélectrique
Des revenus bruts de 13 millions $ en 20 ans
Par: Benoit Lapierre
La centrale T.-D.-Bouchard, devenue la propriété d’Algonquin Power en 1999, a généré des profits bruts de 13 millions $ au cours des 20 premières années d’exploitation.

La centrale T.-D.-Bouchard, devenue la propriété d’Algonquin Power en 1999, a généré des profits bruts de 13 millions $ au cours des 20 premières années d’exploitation.

La centrale T.-D.-Bouchard, devenue la propriété d’Algonquin Power en 1999, a généré des profits bruts de 13 millions $ au cours des 20 premières années d’exploitation.

La centrale T.-D.-Bouchard, devenue la propriété d’Algonquin Power en 1999, a généré des profits bruts de 13 millions $ au cours des 20 premières années d’exploitation.

L’eau de la rivière Yamaska vaut son pesant d’or pour les exploitants de la petite centrale hydroélectrique T.-D.-Bouchard, dont la Ville de Saint-Hyacinthe a autorisé la construction au barrage Penman’s en 1992.

Au cours de la période d’exploitation 1994-2014, les ventes d’électricité à Hydro-Québec à partir de Saint-Hyacinthe leur ont permis de réaliser des revenus bruts de près de 13 millions $. C’est ce que permettent d’établir les documents que la Ville de Saint-Hyacinthe a transmis au COURRIER cet automne en réponse à sa demande de renseignements financiers sur cette centrale de 2,5 mégawatts construite en 1993-1994 au coût de 4 millions $.

Le projet avait été piloté par la firme Boralex, laquelle avait répondu à l’appel de propositions lancé par Hydro-Québec en 1991 à l’intention des producteurs privés d’électricité. La centrale a été exploitée sous la raison sociale Hydraska jusqu’à son acquisition par la firme ontarienne Algonquin Power en 1999.

Même s’il avait été rapporté en 1993 que la Ville avait loué une partie du barrage aux promoteurs pour une période de 20 ans, en réalité, la véritable durée du bail était de 40 ans parce qu’il était renouvelable sur simple demande de son détenteur. Pour le promoteur, il s’agissait d’une entente en béton qui ne laissait à la Ville aucun moyen d’en sortir, même au bout de 20 ans.

Une autre période d’exploitation a donc commencé au printemps 2014 et elle ne prendra fin qu’en 2034, après quoi seulement la Ville pourra reprendre possession des lieux. Algonquin Power devra continuer de fournir annuellement à la Ville un état des revenus bruts qu’elle réalise avec la centrale, puisqu’ils servent à calculer la redevance annuelle qui doit être versée à la municipalité.

Le bail qu’elle a consenti à Hydraska le 30 août 1993 précise que le loyer à payer pour l’utilisation du barrage équivaut à 3 % des revenus bruts tirés de la vente d’électricité, une condition qui a été respectée à la lettre seulement durant les six premières années d’exploitation. Au cours de la période s’étalant du 1er juin 1994 au 31 mai 2000, la centrale a généré des revenus bruts de 3 166 889 $ sur lesquels la Ville a touché sa redevance de 3 %, soit 95 000 $ au total pour les six premières années d’exploitation.

Des pénalités

Les choses ont changé en 2001, après l’arrivée d’Algonquin Power comme nouveau propriétaire de la centrale. À partir de là, la Ville s’est toujours entendue avec l’exploitant pour qu’il réduise le turbinage durant une partie de l’été de manière à laisser un peu plus d’eau dans la rivière à la hauteur de la centrale. La première entente à ce sujet a été signée avec Algonquin le 3 juillet 2001 et concernait l’arrêt complet de la centrale du 16 juillet au 15 septembre. Pour compenser la perte de revenus qu’allait subir Algonquin, la Ville a accepté d’être privée d’une redevance de 13 354 $, soit la somme qu’Algonquin aurait dû lui verser pour l’année fiscale juin 2000 – mai 2001.

Les ententes subséquentes concernaient le maintien, durant la période estivale critique, d’un débit d’eau minimal de 7 m3 au barrage au lieu de 2 m3 seulement comme le prévoyait le bail de 1993. Mais pour obtenir une réduction temporaire du turbinage en été, la Ville a dû accepter d’autres pénalités. Pour toute la période allant de juin 2000 à mai 2013, la Ville n’a touché en redevances que 146 795 $ (la donnée pour 2014 n’est pas connue), au lieu de 267 701 $ (3 % des revenus bruts réalisés par Algonquin à Saint-Hyacinthe au cours de la même période).

Entre juin 2000 et mai 2014, la centrale T.-D.-Bouchard a permis à Algonquin Power de réaliser des recettes brutes de 9 735 765 $, soit 695 411 $ par an, en moyenne. Sans doute en raison de l’indexation du prix d’achat d’électricité payé par Hydro-Québec, la centrale a gagné en rentabilité au fil des ans. Les revenus bruts qu’elle a générés sont passés de 455 294 $ en 1994-1995 à 812 391 $ en 2013-2014. Pour toute la période 1994-2014, on peut établir qu’ils se chiffrent à 12 902 654 $, selon les données fournies par la Ville.

Qu’en sera-t-il à partir de 2014-2015? À l’aube d’une nouvelle période d’exploitation de 20 ans, Algonquin Power devait, entre autres choses, discuter de prix avec Hydro-Québec cet automne, et les pourparlers paraissaient ardus. Certains éléments du certificat d’autorisation gouvernemental de 1993 devaient aussi être réexaminés. « Il y a plusieurs points à négocier, et le contrat d’achat d’Hydro-Québec, c’est le plus gros. Ils veulent payer moins, c’est beaucoup réduit par rapport au premier contrat. Ils nous disent qu’ils n’ont pas besoin de petits producteurs comme nous et ça, c’est une autre histoire », a expliqué Suzanne Lachance, une gestionnaire d’Algonquin Power, lorsque jointe par LE COURRIER en octobre.

Par ailleurs, Mme Lachance n’a pas voulu donner d’indication sur ce que la centrale de Saint-Hyacinthe représentait en revenus nets pour sa firme.

Algonquin Power, dont le siège social se trouve à Oakville, en Ontario, exploite une trentaine d’installations énergétiques en Amérique du Nord – des centrales hydroélectriques, thermiques et des parcs éoliens totalisant 1100 mégawatts -, dont 13 petites centrales hydroélectriques au Québec.

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