20 août 2015 - 00:00
Des syndiqués à la couenne dure
Par: Martin Bourassa

C‘est sans contredit la bonne nouvelle économique de l’été dans la région de Saint-Hyacinthe, et sans doute l’une des bonnes de l’année 2015.

La direction d’Olymel et le Syndicat des travailleurs d’Olympia vont s’asseoir et discuter des moyens de régler le différend relié à la fermeture prématurée et illégale – on le sait maintenant – du complexe des usines d’abattage et de découpe de porcs de Saint-Valérien et de Saint-Simon en avril 2007.

Il aura fallu attendre huit ans pour que ce grand jour arrive, pour que la hache de guerre soit enterrée. Bon, on dira que cette fameuse hache a été déterrée par l’entreprise et que le syndicat n’a fait que défendre ses droits bafoués, il n’en demeure pas moins que les deux parties semblent enfin disposées à se parler. Leur restera à s’entendre.

Il faut dire que l’employeur n’a pas trop le choix que de montrer de la bonne foi et de la bonne volonté, lui qui vient de se faire rabrouer deux fois plutôt qu’une.

D’abord par la décision de l’arbitre Foisy en août 2014 qui statuait qu’Olymel avait contrevenu à ses obligations et violé la convention collective en cessant ses opérations quelques mois avant la fin de la convention collective en vigueur. Puis, par le juge Jean-François Buffoni de la Cour supérieure qui a confirmé la décision rendue par le tribunal d’arbitrage en rejetant la demande de révision judiciaire déposée par Olymel.

Cette dernière aurait pu porter cette décision devant la Cour d’appel et ultimement devant la Cour suprême du Canada, mais à quoi bon?

Nous croyons qu’Olymel a beaucoup mieux à faire et à gagner en tendant la main aux syndiqués et en leur versant ce qu’elle leur doit. Ce ne sera pas 14 M$ comme l’avait grossièrement estimé le syndicat, mais ce ne sera pas une bouchée de pain non plus.

Il faut d’ailleurs souligner la persévérance, voire l’entêtement du syndicat et de leurs représentants. Ils ont gagné une bataille que plusieurs croyaient vaine au départ. Il faut l’avouer, et nous le faisons sans gêne, nous n’aurions pas parié très cher sur les chances des travailleurs d’obtenir gain de cause dans cette affaire, dans la mesure où il semblait pour le moins difficile d’obliger une entreprise à poursuivre ses opérations contre son gré et sa volonté, et ce, convention collective ou pas.

Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que l’employeur avait le droit de fermer son usine, mais qu’il ne pouvait pas le faire n’importe comment, ni n’importe quand.

S’il avait attendu en octobre 2007 au lieu d’avril pour mettre la clé dans la porte, toute cette saga judiciaire aurait sans doute pris une autre tournure.

Mais ne nous trompons pas, il y aurait eu arrêt de production en 2007, puisque Olymel a toujours motivé ce geste par les conditions du marché à l’époque.

Alors une réouverture de l’usine de découpe de Saint-Simon est-elle envisageable maintenant? Si les parties parviennent à s’entendre rapidement sur un règlement juste et équitable, la table sera certainement mise pour un projet de relance dans la mesure où l’état de l’industrie et les besoins des consommateurs le commandent.

L’usine est encore en très bon état et son potentiel est énorme.

Même si beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis huit ans et que nombre de travailleurs sont rendus ailleurs professionnellement parlant, on devine que l’on pourrait sans mal dénicher des employés prêts à s’engager auprès d’un employeur de qualité comme Olymel. Sur ce point, cette saga n’a pas trop égratigné sa réputation.

Elle demeure un employeur de choix, reconnu pour offrir de bonnes conditions de travail et pour le respect qu’elle porte à son personnel. Nous ne doutons pas que le règlement qu’elle proposera à ses travailleurs de Saint-Simon le démontrera une fois de plus.

Il est grand temps de mettre les querelles derrière et d’envisager l’avenir avec optimisme. L’économie maskoutaine n’a pas les moyens de se priver de bonnes nouvelles et la réouverture de l’usine Saint-Simon en serait toute une.

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