9 février 2017 - 00:00
Carte blanche
Discrimination vestimentaire
Par: Christian Vanasse

La belle unanimité de la classe politique à la suite de l’attentat de la mosquée de Ste-Foy n’aura pas duré très longtemps. En fait, la classe a foutu le camp pour laisser toute la place à la politique quand le premier ministre est bêtement redevenu le chef du parti libéral. Défendant son projet de loi 62 sur le port de symboles religieux, le gouvernement qui disait ne pas vouloir faire une « loi sur le linge » agite maintenant le spectre de la « discrimination vestimentaire » comme nouvelle menace à nos libertés. 

Philippe Couillard profite de la volte-face, ou l’épiphanie à l’envers, du philosophe Charles Taylor sur la neutralité religieuse pour rabaisser ses adversaires et s’ériger en phare de la vertu, mais son ton grave sonne davantage comme de la basse politique. 

Les deux pieds dans les sophismes et sur les pentes les plus savonneuses, il amalgame avec arrogance et sans nuances le débat sur la laïcité, la charte des valeurs et l’attentat de Ste-Foy. Celui qui avait très justement dit, lors des cérémonies en hommage aux victimes que« les mots prononcés, les mots écrits ne sont pas anodins », savait très bien ce qu’il faisait en récupérant à son compte les tristes événements. 

Alors qu’on en était à des mesures d’apaisement, à tendre la main, à créer des espaces de discussions pour trouver des solutions communes sur le vivre ensemble, le chef libéral oppose brutalement un faux dilemme : vous êtes avec moi ou contre moi. Toute discussion est suspecte et mènera directement à l’exclusion, au racisme, à l’islamophobie. À l’écouter, l’intellectualisme serait un nouveau fascisme.

Celui qui accusait hier les autres de souffler sur les braises de l’intolérance me semble aujourd’hui jongler avec des bidons d’essence au-dessus d’un volcan.

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