31 janvier 2013 - 00:00
Du répit pour les agriculteurs?
Par: Martin Bourassa

L’ouverture prochaine d’une maison de répit pour agriculteurs ne passe pas comme une lettre à la poste dans le quartier Bois-Joli à Saint-Hyacinthe. Des voisins craignent pour leur quiétude et redoutent le va-et-vient.

Voilà qui étonne un peu, mais pas tant que ça. Les plus âgés auront encore frais à la mémoire la lutte épique qu’a dû livrer la Clé sur la porte, maison d’hébergement pour femmes violentées, pour déménager à Saint-Hyacinthe.Mais avec la maison de répit, il n’est pas question d’une clientèle à risques. Et l’argument de la perte de quiétude ne tient pas la route puisque la maison ciblée pour devenir une ressource d’accueil pour agriculteurs en détresse a pendant nombre d’années servie à la pratique du bon pédiatre Barnabé.On s’imagine sans mal que le va-et-vient d’un cabinet de médecin doit être plus important que celui d’une maison de répit pour une clientèle ciblée.On compte en effet y accueillir de trois à quatre personnes pour un séjour d’une durée maximale d’une semaine. On y installera aussi les locaux et les services de l’organisme Au coeur des familles agricoles, qui pilote cette initiative.La clientèle y viendra sur une base volontaire, et non sur la contrainte d’un juge comme c’est le cas avec certaines ressources de thérapie ou de réinsertion pour délinquants ou toxicomanes qui n’ont pas toujours bonne réputation.Mais plus que son emplacement, c’est davantage la pertinence même de cette ressource qui devrait être remise en question. Non pas que je doute que nos amis agriculteurs puissent avoir besoin de répit ou traverser des épreuves difficiles, mais je comprends mal comment cette ressource est censée leur venir en aide. Ce qu’elle offrira de plus que d’autres ressources déjà existantes qui leur sont accessibles.Certes, la vie d’agriculteur n’est pas rose. Leur besogne représente un lourd fardeau et ils ne sont pas à l’abri des difficultés financières, des problèmes de santé, des dépressions et des suicides. Mais sont-ils plus à risques que les enseignants, les policiers, les coiffeuses, les hygiénistes dentaires ou les employés à salaire minimum qui se démènent pour joindre les deux bouts? En quoi faire venir un agriculteur d’Abitibi pour une semaine à Saint-Hyacinthe sera plus profitable qu’un voyage à Cuba?De savoir que des dizaines de groupes comme la Coop fédérée (125 000 $) ont contribué à la hauteur de 748 600 $ dans cette initiative me renverse. Et de savoir qu’ils devront encore contribuer à assurer la pérennité de cette ressource me sidère.Même s’il est toujours délicat de comparer une cause à une autre, il y a des besoins de répit plus criants à combler autour de nous. Je pense à l’entrevue que m’a accordé notre personnalité du mois de janvier, René Leroux, président du Camp Richelieu à Saint-Damase. Il cherche des appuis afin d’amasser 250 000 $ pour la construction d’un nouveau pavillon qui pourrait desservir à la fois la clientèle atteinte de déficience intellectuelle et souffrant d’autisme, question de donner du répit à leurs proches.Répit pour répit, ce projet serait sans doute plus utile à la communauté qu’une ressource d’hébergement pour agriculteurs.

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