26 septembre 2013 - 00:00
Une Maskoutaine musulmane se prononce sur la Charte
Entre foulard, immigration et aliénation
Par: Le Courrier
Établie au Québec depuis un an, Zegar, qui porte le voile par choix, estime que le foulard s'inclut dans sa tenue vestimentaire et n'a rien à voir avec le prosélytisme.

Établie au Québec depuis un an, Zegar, qui porte le voile par choix, estime que le foulard s'inclut dans sa tenue vestimentaire et n'a rien à voir avec le prosélytisme.

Établie au Québec depuis un an, Zegar, qui porte le voile par choix, estime que le foulard s'inclut dans sa tenue vestimentaire et n'a rien à voir avec le prosélytisme.

Établie au Québec depuis un an, Zegar, qui porte le voile par choix, estime que le foulard s'inclut dans sa tenue vestimentaire et n'a rien à voir avec le prosélytisme.

Alors que le débat sur la Charte des valeurs québécoises continue de diviser le Québec, LE COURRIER s'est entretenu avec une femme musulmane de Saint-Hyacinthe. Portant le foulard par choix depuis quatre ans seulement, elle lève le voile sur la réalité des immigrants maskoutains, ne manquant pas d'écorcher au passage le projet du ministre Drainville.

Originaire de l’Algérie, Zegar (elle a préféré taire son nom de famille) a immigré au Québec il y a un an afin de rejoindre son mari établi ici depuis trois années.

Pour le moment en recherche d’emploi, elle a longtemps travaillé dans le domaine de l’enseignement et des communications dans son pays d’origine, deux sphères qui pourraient être touchées par l’interdiction de signe religieux pour les employés de l’État. Depuis son arrivée au Québec, toutefois, il lui est difficile d’entreprendre une nouvelle carrière, malgré ses compétences. « Immigration Canada nous sélectionne selon nos compétences, s’assure que nous sommes une main-d’oeuvre qualifiée, mais c’est toujours difficile pour un immigrant de se trouver un travail. À compétences égales, le Québécois sera avantagé malgré lui, surtout que nous sommes davantage marginalisés [les immigrants] depuis le dévoilement de la Charte », s’insurge Zegar. Très heureuse d’être aujourd’hui Québécoise, la Maskoutaine déplore le double discours du gouvernement. « Dans la trousse d’immigration se trouvent plusieurs dépliants qui prônent la liberté de valeurs et de religion dont jouit le Québec, mais avec la Charte ce n’est plus cela du tout. Si le Québec ne souhaite pas recevoir de femmes voilées, qu’il l’indique clairement et ce sera à moi de décider si j’immigre et si je retire mon voile ou non », avance celle qui réside près du centre-ville. « Je me considère comme Québécoise, mais je suis arrivée avec un bagage culturel et l’on ne peut pas me forcer à oublier mes origines. En laissant tomber leurs convictions, les immigrants risquent aussi de laisser tomber leur sentiment d’appartenance pour la province », juge Zegar, qui envisagerait de déménager si le projet de Charte était adopté. Elle avoue que depuis le lancement du projet péquiste, les regards curieux portés à son foulard sont devenus des regards inquisiteurs, à la limite d’être blessants. « Dans mon cas, c’était un choix personnel que de porter le foulard. J’ai choisi de le faire à 24 ans et si cela m’avait été imposé, j’aurais dû le faire à partir de 15 ans », explique la jeune femme de 28 ans. « C’est vrai que la foi se vit dans nos coeurs, mais mon foulard ne fait que rendre ma croyance plus forte. Ce n’est en rien une provocation pour ceux qui ne le portent pas, alors de quel droit pourrait-on m’empêcher de me sentir plus croyante? », se demande-t-elle.

Loin de l’égalité homme-femme

Si Pauline Marois a affirmé que l’égalité homme-femme serait le principe fondateur de la Charte, Zegar croit que son projet fait fausse route pour l’instant.

« En donnant le choix aux femmes entre le travail et le foulard, plusieurs d’entre elles se sentiront blessées et humiliées dans leurs convictions, mais choisiront l’emploi, car elles en ont besoin. Pour celles qui opteront pour le foulard, elles seront à la maison et à la charge de leur mari. Nous sommes loin d’atteindre l’égalité homme-femme. C’est plutôt du chantage », estime-t-elle. En plus de l’égalité des sexes, elle réfute aussi la proposition de neutralité de l’État, en soutenant que la véritable laïcité devrait passer par les institutions et les lois, non pas par les employés. « Il ne faut pas que la législature avantage une religion plutôt qu’une autre, mais le ministre Drainville démontre que ce n’est pas possible. En voulant imposer sa vision de neutralité, il n’est pas neutre lui-même, car il brime certaines personnes au passage. » « Je suis reconnaissante de tout ce que le Québec m’a donné, mais avec la Charte, j’ai surtout l’impression que nous allons nous diviser. Il s’agit d’une solution pour un problème qui n’existe pas », conclut-elle.

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