22 août 2013 - 00:00
Euchariste Moisan : le second regard
Par: Le Courrier
<em>Euchariste Moisan</em>, Denis Arcand, Leméac, 2013, 80 p.

<em>Euchariste Moisan</em>, Denis Arcand, Leméac, 2013, 80 p.

<em>Euchariste Moisan</em>, Denis Arcand, Leméac, 2013, 80 p.

<em>Euchariste Moisan</em>, Denis Arcand, Leméac, 2013, 80 p.

Cinéaste renommé, Denys Arcand fait sa première incursion dans le milieu littéraire. Il signe Euchariste Moisan, oeuvre dans laquelle il transporte la voix du personnage principal de Ringuet dans Trente arpents, paru en 1938.

Réalisateur et scénariste reconnu internationalement pour ses deux grands succès Le Déclin de l’empire américain (1986) et Les Invasions barbares (2003), pour lequel il a remporté l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, Denys Arcand n’est pas étranger aux textes dramatiques. Au lieu de plonger dans l’écriture d’un scénario, c’est dans le monologue que l’auteur québécois a repris la plume.

On aurait pu croire que l’auteur se serait exercé à la création d’une oeuvre originale. Mais c’est le roman de Ringuet (Philippe Panneton), Trente arpents, qui a retenu son attention. Pour ceux qui ne connaissent pas ce classique de la littérature québécoise, Trente arpents raconte, en quatre saisons, la déchéance d’un cultivateur qui, après avoir perdu son épouse, voit ses enfants tourner le dos à la terre familiale au profit de la ville, puis ses économies s’envoler. Ruiné, Euchariste Moisan est dépossédé de ses terres, puis s’exile à White Falls, chez l’un de ses fils aux États-Unis, où ses petits-enfants lui parleront en anglais. À la différence de Trente arpents, Euchariste Moisan cède la parole au personnage principal, un progressiste conservateur qui voit ses rêves ternis par une série de malchances et dont l’état psychologique suivra le rythme des saisons. Une manière de remanier au goût du jour le roman de Ringuet qui figure parmi les oeuvres les plus représentatives de son époque. Avec Euchariste Moisan, Denys Arcand jette un second regard sur Trente arpents. Mais il permet aussi aux lecteurs de découvrir ou redécouvrir l’oeuvre de Ringuet avec trois fois moins de pages, supprimant par le fait même la description au profit des émotions du personnage principal. Comme son prédécesseur, l’auteur jette l’ancre sur un Québec dévoré par l’Empire américain. Une période de l’histoire frappée par le choc des cultures et des valeurs qui se terminera par la résilience d’un peuple. Un livre que sauront apprécier certainement les passionnés de littérature ou d’histoire de même que ceux qui aiment tout simplement enrichir leur culture.

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