3 mai 2012 - 00:00
Faire confiance aux institutions
Par: Le Courrier
Le 17 avril, à l'Assemblée Nationale, je faisais partie de la délégation qui a fait le premier dépôt de 37 000 lettres signées par des personnes qui s'opposaient à la venue de compagnie gazières. Par la suite, vous avez accepté de nous rencontrer.

Le 17 avril, à l’Assemblée Nationale, je faisais partie de la délégation qui a fait le premier dépôt de 37 000 lettres signées par des personnes qui s’opposaient à la venue de compagnie gazières. Par la suite, vous avez accepté de nous rencontrer.

Durant cette discussion, vous nous avez demandé de faire confiance aux institutions; il y a eu le BAPE, il y aura l’ÉES. À première vue, cela semble être un conseil judicieux; dans un État démocratique comme le nôtre, il faut faire confiance.C’est là que le bât blesse; si on observe la situation à la loupe comme je le fais depuis deux ans, on s’aperçoit que des lobbyistes tirent les ficelles derrière la scène. Faisons un retour sur les faits.En juillet 2010, le CCCPEM (dont je fais partie) a demandé un BAPE GÉNÉRIQUE ausujet de la filière des gaz de schiste. À la fin du mois d’août, devant la grogne généralisée, nous avons eu droit à un Bape bâillonné par un mandat ultra restreint. Pierre Foglia en conclut que l’on traite les Québécois comme « des valises ». (La Presse, 2 sept. 2010). La question que nous nous sommes posée à ce moment là était : « Est-ce que participer à ce simulacre de BAPE, c’est cautionner la déchéance de cette institution? »Si vous relisez nos représentations au BAPE (entre autres, le mémoire #109), leCCCPEM a demandé aux commissaires de faire correctement leur travail malgré leurmandat restreint, ou de se saborder. S’ils respectaient intégralement leur mandat, ceux-ci enfreignaient automatiquement six articles du code de déontologie de leur institution! Nous avons demandé à M. Fortier et ses collègues de faire porter l’odieux de la situation à ceux qui manipulaient l’institution; nous lui avons fait remarquer qu’une des définitons du verbe « prostituer », c’est « avilir par intérêt ».En février 2011, le BAPE a remis un rapport qui allait le plus loin qu’il lui était possible à l’intérieur de son mandat tronqué. Alors que l’on croyait que le bon sens avait repris ses droits, voilà que les tours de passe-passe en coulisses recommencent avec l’ÉES!En décembre dernier, à quelques jours de Noël, l’ÉES a lançé des « audiencespubliques » au sujet de sa méthodologie de travail, mais elle ne l’annonce pas dans les journaux, ni dans les médias électroniques. Il y a seulement une annonce sur son site qui n’est pas facile à trouver. Comme l’a fait remarquer un participant que je cite de mémoire; « Ce soir, si la salle est « pactée » par des opposants aux gaz de schiste, c’est parce que vous avez tellement mal fait votre travail de publiciser ces audiences qui sont supposées être publiques. Seulement des personnes qui suivent le débat de très, très près pouvaient savoir qu’il y avait des audiences! » Ce commentaire cinglant résumait bien la situation!Et puis, il y a la composition même du comité qui est problématique. Entre autres, est-ce qu’une ingénieure à la solde de Talisman Energy pourrait remettre publiquement en cause les intérêts des gazières? Malgré tous les démentis à cet effet, est-ce qu’elle peut mordre la main qui nous nourrit? En Droit, il est dit qu’il faut non seulement justice, mais aussi apparence de justice!D’autres indices démontrent que certaines personnes tentent de tirer les ficelles en « avilisant » cette institution. Est-ce que l’ÉES a un code de déontologie comme le BAPE?Pourquoi est-ce que sa méthodologie de travail ne commence pas par examiner lapertinence de cette filière énergétique? Et j’en passe!M. Arcand, oui, je veux bien faire confiance à nos institutions! Mais le jupon dépasse!Trop d’incices nous démontrent que des personnes tirent les ficelles derrière la scène pour « avilir par intérêt » nos institutions démocratiques. Que cela fasse plaisir ou non aux lobbyistes de l’industrie gazière, notre démocratie ne doit jamais être une marionnette entre leurs mains. Tout comme en amour, nous n’acceptons pas que nos institutions soient perverties par les intérêts pécuniers de quelques personnes.

Gérard Montpetit-30-

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