14 mai 2020 - 14:32
Réouverture des commerces
Fréquences mise sur le Web et la prudence
Par: Maxime Prévost Durand
Grâce à son site Web, Fréquences Le Disquaire a pu poursuivre ses activités durant toute la crise. Son propriétaire, Jean-François Tétreault, entend bien continuer ainsi quelques semaines encore, bien qu’il lui soit permis de rouvrir les portes de son magasin depuis le 4 mai. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Grâce à son site Web, Fréquences Le Disquaire a pu poursuivre ses activités durant toute la crise. Son propriétaire, Jean-François Tétreault, entend bien continuer ainsi quelques semaines encore, bien qu’il lui soit permis de rouvrir les portes de son magasin depuis le 4 mai. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Pendant que la plupart des commerces du centre-ville de Saint-Hyacinthe rouvraient leurs portes le 4 mai, Fréquences Le Disquaire gardait les siennes fermées. Physiquement du moins, parce que virtuellement, il est toujours resté ouvert durant toute la période de confinement.

Avec un site Web fonctionnel depuis plusieurs années, où son inventaire est presque entièrement disponible, Fréquences a pu poursuivre ses activités sans trop de mal depuis le début de la crise. La petite équipe de quatre employés a pu continuer d’expédier les commandes, en plus de prendre l’initiative d’offrir le service de livraison gratuitement à ses clients de Saint-Hyacinthe, Saint-Dominique et La Présentation.

Ça a si bien fonctionné que le disquaire de la rue des Cascades a préféré continuer ainsi pour encore quelques semaines et miser sur la prudence, malgré les premières phases de déconfinement qui lui permettent d’ouvrir ses portes au public.

« Je crois que la crise n’est pas réglée encore. On sent le risque qui est encore là, affirme le propriétaire de Fréquences, Jean-François Tétreault. On sent aussi que les gens se tournent beaucoup vers le Web, donc on continue de fonctionner seulement avec notre site pour l’instant. Ça nous permet de poursuivre la prévention au niveau sanitaire et de nous autosuffire pour le moment. »

Fréquences n’est pas le seul disquaire à avoir emprunter cette voie, d’autres au Québec l’ont fait aussi, ce qui n’est pas surprenant considérant le caractère de ces commerces, où il est dans la nature des clients de toucher à plusieurs items. Cela évite du même coup que les employés deviennent des « concierges-disquaires », plaide M. Tétreault.

« On peut continuer sans devoir imposer toutes sortes de mesures aux clients en magasin, lesquelles feraient en sorte qu’ils n’auraient plus du tout la même expérience de magasinage, poursuit-il. Tant qu’à ce que les gens se déplacent en pensant pouvoir toucher aux disques et parler longtemps avec nous de façon conviviale comme on le fait souvent, alors que dans la réalité ça ne pourrait pas être comme ça, [on préfère rester fermé au public]. Ce serait presque la même expérience en magasin que sur Internet de toute manière. »

Engouement pour le commerce local

Inscrit au Panier bleu, qui répertorie les entreprises du Québec, Fréquences ressent l’engouement pour le commerce local en cette période trouble.

« Il y a quelques personnes qui nous ont trouvés comme ça, soutient Jean-François Tétreault. On sent qu’il y a une conscience sociale qui s’installe, qu’il y en a pour qui c’est une fierté d’acheter ici et qui voient que les multinationales comme Amazon font travailler des gens d’ailleurs et que ça fait juste enrichir des gens qui sont déjà archimillionnaires. […] La prise de conscience est faite et on espère que ça va rester. »

Dans les dernières semaines, le site du disquaire a été submergé de commandes d’un peu partout au Québec, et même au-delà, aux dires de son propriétaire. Sans dire qu’il a fait des affaires d’or, il a néanmoins maintenu un bon volume d’activités.

« Ça nous a permis de combler une partie de ce qu’on faisait en boutique habituellement et de payer une portion des frais fixes », mentionne M. Tétreault, qui se réjouit de n’avoir eu à mettre à pied aucun employé depuis le début de la crise.

Avril est habituellement un mois où les ventes sont particulièrement bonnes chez les disquaires indépendants comme Fréquences en raison de la tenue du traditionnel Record Store Day, une journée spéciale attendue chaque année par les mélomanes en raison de ses sorties limitées.

« C’est quelque chose qui nous aidait beaucoup chaque année. C’est plus gros que Noël pour nous », souligne M. Tétreault.

En raison du contexte, le Record Store Day 2020 avait d’abord été déplacé au 20 juin, mais il a été annoncé récemment qu’une formule sur trois jours, étalée d’août à octobre à raison d’une journée par mois, sera finalement privilégiée.

La chaîne de distribution tourne aussi au ralenti depuis la fin mars, en raison d’effectifs réduits ou de fermeture chez les maisons de disque et les distributeurs. Des sorties de disques qui étaient prévues en avril ou mai ont même été repoussées à l’automne en raison de la pandémie. Mais la roue se remet tranquillement à tourner.

De son côté, Fréquences songe à rouvrir les portes de son magasin vers la fin mai, peut-être avec un horaire réduit.

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