6 février 2014 - 00:00
Gaspillage d’énergie
Par: Martin Bourassa

Des fois, je me dis que la Ville de Saint-Hyacinthe ne met pas ses énergies à la bonne place, ou qu’elle en met trop à la même place.

C’est le cas avec la biométhanisation. Depuis des années, la Ville n’en a que pour la biométhanisation. Elle ne regarde pas à la dépense et rien ne semble trop beau afin de devenir une référence dans ce domaine.En plus de représenter une dépense d’argent considérable, le dossier biométhanisation mobilise d’importantes ressources humaines et de temps.C’est tout le contraire avec le dossier de la centrale hydroélectrique de la rivière Yamaska, dont à peu près personne à l’Hôtel de Ville ne semble se soucier depuis des années déjà. Dommage, car il y aurait sûrement eu de l’argent relativement facile à faire si on avait joué nos cartes autrement quand cela était le temps. Et si avec un peu de vision, on avait osé envisager l’expropriation de l’exploitant, voire une municipalisation des installations. Mais la Ville n’a pas eu cette audace.La Ville de Saint-Hyacinthe a seulement négocié avec l’exploitant une façon de limiter les dommages à la rivière Yamaska par temps de canicule.Et quelle solution géniale a-t-on trouvée pour éviter d’assécher la rivière?La Ville a généreusement accepté que l’exploitant diminue le montant de ses redevances pour la perte de revenus engendrée par l’arrêt ou la diminution de turbinage. Bref, c’est comme si votre locataire réduisait le loyer mensuel qu’il vous verse pour garantir qu’il ne saccagera pas votre résidence l’été! C’est ridicule.Et c’est ce que la Fondation Rivières vient de nous rappeler dans sa récente sortie publique en invitant le gouvernement du Québec à revoir les conditions d’exploitation des petites centrales hydroélectriques privées comme celle de Saint-Hyacinthe.D’autant plus que les ententes actuelles viennent à échéance le 31 mai, avant une reconduction possible de 20 ans. Pour la Fondation Rivières, il est grand temps de revoir à la hausse le débit minimal réservé au barrage de la Yamaska, pour qu’il passe de deux mètres cubes par seconde comme prévu en 1993 à au moins sept mètres cubes par seconde, sinon plus. Et surtout, dit la Fondation, la Ville de Saint-Hyacinthe ne devrait plus être pénalisée financièrement au chapitre des redevances.Sur une période de 18 ans allant de juin 1994 à mai 2012, LE COURRIER a calculé que les propriétaires de la centrale maskoutaine ont versé à peine 245 000 $ en redevances à la Ville de Saint-Hyacinthe, pour une moyenne annuelle de 13 600 $.Des peanuts par rapport aux revenus bruts d’environ 8 M$ tirés de l’exploitation de la centrale depuis 18 ans. « Il est inadmissible qu’une ville doive payer un promoteur pour laisser de l’eau dans la rivière », souligne la Fondation Rivière. Impossible de la contredire sur ce point tellement la situation actuelle apparaît invraisemblable. Voilà un superbe dossier pour le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, et le député de Saint-Hyacinthe, Émilien Pelletier. Il y a une aberration à corriger. À eux de mettre leurs énergies à la bonne place.

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