17 octobre 2013 - 00:00
Goodyear : poursuite de 472 000 $ contre la Ville
Par: Le Courrier

En plus d'avoir initié le processus visant la démolition de l'ancienne usine Goodyear du boulevard Laframboise, son propriétaire Stéphane Arès a aussi engagé le combat sur le front juridique avec la Ville de Saint-Hyacinthe.

Il lui réclame la somme de 472 000 $ pour essuyer les pertes subies à la suite de l’imposition d’une réserve foncière sur sa propriété en 2009.

Le dépôt de la requête introductive d’instance a eu lieu au palais de justice de Saint-Hyacinthe peu après la levée de la réserve l’été dernier.« Ce n’est pas d’hier que la municipalité sait que mes pertes financières s’accumulaient. Pendant quatre ans, personne ne savait ce qui allait arriver avec mon emplacement. Le bâtiment a subi beaucoup de vandalisme, de dégradation et tous les locataires ont quitté les lieux », décrit l’agent immobilier.Même si le processus judiciaire s’annonce des plus longs, il est satisfait du dénouement à venir. « Pour moi, la démolition signifie la fin de l’hémorragie financière. »Car pour l’instant, c’est la démolition de l’édifice qui le préoccupe. Il se défend d’ailleurs de détruire le patrimoine industriel de Saint-Hyacinthe avec son projet de démolition, d’autant plus que la destruction d’une première partie du bâtiment à des fins résidentielles a déjà eu lieu il y a 18 ans. En novembre 1995, les pelles mécaniques ont englouti pas moins de 375 000 pi. ca. de plancher de la caduque usine de textile, ne conservant que 75 000 pi. ca. de la structure originale. Plus de la moitié du terrain vacant avait alors été convertie en secteur résidentiel. Pour M. Arès, propriétaire des lieux depuis 2001, cette première démolition fut davantage une perte pour le patrimoine industriel que celle qu’il s’apprête à effectuer. « Plus rien ne permet d’identifier que c’est l’ancienne usine de la Goodyear. Tout a été emporté en 1995. C’est facile de chialer quand on ne paie pas. Le bâtiment a été évalué à 1,1 M$ donc si quelqu’un souhaite me faire un chèque pour transformer l’usine en musée, je suis ouvert », lâche-t-il, excédé à l’intention de ceux qui n’ont pas tardé à fustiger le projet de démolition dès son annonce sur les réseaux sociaux. Si à l’époque, la partie que possède M. Arès avait été épargnée pour des raisons architecturales, aujourd’hui, ce serait la cause de sa démolition à venir.« La toiture à redans (en forme de pic) n’est plus adaptée au climat actuel. Le toit supporte mal le poids de la glace et de l’eau. Ça en est dangereux! Alors un moment donné, il faut évoluer. Mon but n’est pas de détruire cet héritage, mais on ne peut pas laisser dormir un terrain présentant un fort potentiel comme celui-là » croit M. Arès. Pour le moment, le projet domiciliaire stagne sur la planche à dessins puisque le permis de démolition n’a pas encore été octroyé, le processus n’étant pas complété. Malgré cela, M. Arès a déjà une bonne idée du complexe qu’il aimerait développer.« J’érigerais entre 100 et 120 unités locatives et même si l’usine aura disparu, je vais m’assurer de mettre sur pied un projet intégré et harmonisé avec les autres bâtiments. Mon but c’est d’offrir quelque chose que les gens veulent et approuvent », explique-t-il.Il ajoute que si la Ville tient à l’arrivée du train de banlieue, « elle a tout intérêt à autoriser la démolition. L’Agence métropolitaine de transport demande 35 unités résidentielles par hectare pour soutenir le train de banlieue. Avec mon projet, je vais en fournir plus qu’il n’en faut », estime-t-il.

De l’opposition

Or, tout n’est pas encore joué puisqu’une demande de révision concernant l’octroi du permis de démolition vient d’être déposée au greffe de la Ville.

Dans une lettre datée du 7 octobre, Élizabeth Gauthier, qui avait par le passé remis au conseil municipal une pétition de 536 noms s’opposant à la démolition des usines patrimoniales, demande « que le délai de consultation […] de 30 jours soit prolongé à 90 jours, le temps que M. Bousquet mette sur pied le comité de consultation promis [concernant l’aménagement urbain des bâtiments], obtienne des suggestions valables et les présente aux propriétaires et au nouveau Conseil municipal ». Elle souhaite aussi « qu’aucun autre permis de démolition ne soit accordé pour des bâtiments situés sur ce site ».

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