15 février 2018 - 00:00
Hervé Blanchette : cultiver l’optimisme et optimiser la culture
Par: Le Courrier
D’une pierre deux coups! Cette impressionnante bande riveraine arborescente protège à la fois le cours d’eau de l’érosion hydrique et aussi les cultures de l’érosion éolienne. Elle s’étire sur plusieurs kilomètres, car plusieurs fermes voisines en font autant. Photo Annie Beauregard | MRC ©

D’une pierre deux coups! Cette impressionnante bande riveraine arborescente protège à la fois le cours d’eau de l’érosion hydrique et aussi les cultures de l’érosion éolienne. Elle s’étire sur plusieurs kilomètres, car plusieurs fermes voisines en font autant. Photo Annie Beauregard | MRC ©

D’une pierre deux coups! Cette impressionnante bande riveraine arborescente protège à la fois le cours d’eau de l’érosion hydrique et aussi les cultures de l’érosion éolienne. Elle s’étire sur plusieurs kilomètres, car plusieurs fermes voisines en font autant. Photo Annie Beauregard | MRC ©

D’une pierre deux coups! Cette impressionnante bande riveraine arborescente protège à la fois le cours d’eau de l’érosion hydrique et aussi les cultures de l’érosion éolienne. Elle s’étire sur plusieurs kilomètres, car plusieurs fermes voisines en font autant. Photo Annie Beauregard | MRC ©

Annie Beauregard, photographe

Annie Beauregard, photographe

Hervé Blanchette   Photo Annie Beauregard | MRC ©

Hervé Blanchette Photo Annie Beauregard | MRC ©

En collaboration avec la MRC des Maskoutains, Le Courrier présente une série d’entrevues réalisées avec 16 producteurs agricoles qui, à l’été 2016, ont participé au projet Le photographe est dans le pré. Ces producteurs étaient jumelés avec des photographes du Club Photo Saint-Hyacinthe. Par leurs images, ils devaient valoriser le travail de ces agriculteurs, sensibles à la préservation des ressources, qui ont mis en place de bonnes pratiques agroenvironnementales sur leur ferme. Les agriculteurs participants s’impliquent tous bénévolement au sein d’un comité de bassin versant de la MRC. Consultez le site Internet de la MRC pour en savoir plus sur ce projet. 


Cette entrevue avec Hervé Blanchette est la douzième de la série. Il était jumelé à la photographe Annie Beauregard.
Dans la réussite de l’entreprise d’Hervé Blanchette, son épouse, Claudette, n’était pas la femme derrière lui, c’était la femme à ses côtés. C’est un accident mortel qui a mis fin à leur complicité, mais après un drame, le soleil revient toujours chez les Blanchette et on est optimiste de génération en génération. M. Blanchette est maintenant dans une autre étape de sa vie et il découvre avec bonheur de nouvelles cultures.
Sur la ferme familiale, à La Présentation, les parents d’Hervé avaient tout consacré à leurs enfants. Ils avaient acheté une terre à chacun de leurs cinq garçons. L’entreprise d’Hervé Blanchette s’est montée une marche à la fois. Aujourd’hui, c’est une ferme laitière de 1 200 acres avec 600 bêtes. Depuis que son fils a repris la ferme, dans les années 2000, elle a triplé de volume, ce qui demande beaucoup de travail. Sur les terres familiales, situées à Saint-Charles et à Sainte-Madeleine, on y cultive aussi du maïs, du soja ainsi qu’un peu de foin et de légumes. La famille possède également une érablière. Avec humour, M. Blanchette précise que c’est au cas où il manquerait d’ouvrage.
À titre de producteur agricole, quelles actions avez-vous mises en place sur vos terres pour améliorer la qualité de l’eau des fossés et des ruisseaux?
« Cette année, nous avions 125 acres en semis direct. Nous faisons un travail minimum du sol. Nous avons un mètre ou deux de bande riveraine le long des cours d’eau et, aux endroits où c’est plus à risque, nous laissons même cinq mètres. À ces endroits, au printemps, l’eau amène des sédiments qui restent bloqués dans les restants de maïs et l’eau qui entre dans le ruisseau est propre. Depuis 50 ans, j’ai les antécédents culturaux qui permettent, en usant de ma logique, d’ajuster les doses nécessaires d’herbicides et d’autres intrants. » Avec la MRC, M. Blanchette a aménagé des enrochements pour ralentir l’eau, ce qui empêche d’éroder les berges. Il a mis des arbustes pour que l’eau soit à l’ombre et reste fraîche. Pour retenir les sédiments et capter le purin, des plantes vertes comme la moutarde et l’avoine sont semées sur une grande étendue après les récoltes hâtives.
Comment vos actions ont-elles aidé à améliorer la diversité des plantes indigènes, des oiseaux, etc. sur vos terres?
« Nous avons 300 acres en boisé et 3 km de haies brise-vent. J’ai suivi une formation sur le choix des arbres et l’entretien et j’ai planté 300 arbres dernièrement. J’alterne : érable, épinette, chêne, pin. Les arbres, c’est comme les enfants : c’est quand ils sont jeunes qu’on les forme et c’est agréable de les voir évoluer. Là-dedans, il y a des petits rongeurs et beaucoup d’oiseaux. J’ai même vu des chevreuils mettre bas. Il y a des moustiques, mais surtout beaucoup d’oiseaux. Sur la ferme, quand je suis arrivé, il n’y avait pas d’arbres. Je remarque maintenant des oiseaux que nous n’avions pas avant comme des chardonnerets, des rouges-gorges, des cardinaux, des tourterelles tristes et j’en oublie. Nous commençons à avoir de la dinde sauvage, à mon grand plaisir, mais pas question de la chasser. C’est trop beau. » Il a aussi aménagé des ruisseaux avec des arbustes, dont l’argousier et le saule arbustif. « Avec ces aménagements, il y a déjà une flore qui s’installe. Et puis, autour des bâtiments, dès que nous faisons du terrassement, nous semons du trèfle ou d’autres plantes qui fleurissent pour les abeilles. Il faut préserver notre pollinisation. »
Comment voyez-vous la collaboration entre les différents intervenants du monde agricole?
« Nous allons nous perfectionner aux États-Unis plusieurs fois par an. Mon fils est vice-président des grandes fermes laitières du Québec. Il a des contacts partout, en particulier avec des agriculteurs francophones des États-Unis et de l’Ontario. Ça permet des comparaisons. En matière de bonnes pratiques environnementales, je pense aussi que nous pourrions prendre exemple sur les Américains. »
M. Blanchette a voyagé avec des agriculteurs biologiques aux États-Unis, même chez les Amish. À travers chaque rencontre, il trouve quelque chose à apprendre. Depuis une vingtaine d’années, il fait partie du club Agri Conseils Maska, un groupe agroenvironnemental dont il est un des membres fondateurs.
Un des quatre petits-fils d’Hervé Blanchette participe à la gestion de la ferme. C’est une belle complicité entre les trois générations de fermiers et une relève potentielle pour l’entreprise.
M. Blanchette soutient qu’il ne faut pas penser qu’on va changer le monde d’un coup, mais il fonde ses espoirs dans la jeunesse. Et les bonnes habitudes, ça se développe aussi de père en fils. Sa passion de planteurs d’arbres, il la transmet tout naturellement aux prochaines générations et il se réjouit de constater que ses voisins également font des actions et qu’ils ont des pratiques bonnes pour l’environnement.
Tous les matins, après le train des vaches, M. Blanchette va déjeuner avec son fils et son petit-fils, au même restaurant. C’est une belle occasion de cultiver ensemble cet optimisme intergénérationnel tout en optimisant la culture sous toutes ses formes.

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