18 janvier 2018 - 00:00
Hyacinthe Delorme, seigneur de Saint-Hyacinthe (3)
Par: Le Courrier
Plan du Rapide-Plat en 1867. Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

Plan du Rapide-Plat en 1867. Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

Plan du Rapide-Plat en 1867. Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

Plan du Rapide-Plat en 1867. Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

C’est au cours de l’été 1757 que Hyacinthe Delorme quitte Saint-François-du-Lac en compagnie de son épouse et de six défricheurs pour venir s’établir définitivement dans sa seigneurie. Ces derniers sont : Nicolas Pond dit Jolibois, Pierre Leclaire, Jean-Baptiste Lafond, Louis Ledoux, Amable Mayet et François Hubert. En remontant la rivière Yamaska, le petit groupe est forcé de s’arrêter à un endroit où coulent de nombreux rapides. Delorme nomme cet endroit le Rapide-Plat. Un monument y a été dévoilé le 13 août 1948 pour commémorer l’arrivée du seigneur Delorme. 


C’est à cet endroit qu’il a fait construire son humble manoir. Selon des notes de madame Maurice Laframboise, on disait que « cette maison était une pauvre construction en planches brutes ». Cependant, l’inventaire qui sera fait après le décès du seigneur Delorme mentionne qu’il possède une maison de cinq pièces bien meublées, alors que les maisons de colons ne comportaient souvent qu’une seule pièce commune.
Un premier moulin à scie, alimenté par un petit affluent de la rivière Yamaska qu’il a nommé la rivière Delorme, y avait été construit. Mes plus récentes recherches me portent à croire que le moulin était déjà en opération en 1757. Sur la carte illustrant cet article, on identifie ce premier moulin à scie sous le numéro 11 et la rivière Delorme sous le numéro 16.
Au printemps de 1758, la jeune seigneuresse donne naissance à des jumelles nommées Claire et Geneviève qui sont baptisées le 26 mars à Saint-Michel d’Yamaska. La première décède à 38 jours et la seconde à 5 mois. Comme il n’y avait pas encore de chapelle ni de cimetière, elles sont inhumées à Saint-Michel d’Yamaska.
De 1757 à 1763, le développement de la seigneurie, éloignée de tout et surtout des principales voies navigables, s’avère très lent. On se consacre alors exclusivement à l’abattage des arbres et au commerce du bois. En 1763, le seigneur Delorme accorde les 19 premières concessions, en aval et en amont du Rapide-Plat. Cette année-là, les Martin Balthazar, Louis Jaret dit Vincent, Pierre Plouf, Jean-Baptiste Lafond, Jean-Baptiste Landiran, Nicolas Pond dit Jolibois, Louis, François et Étienne Ledoux, Antoine Provaux, Pierre Leclaire, Louis Minet, François Hubert, Pierre Codere, Pierre Plouf, Jacques Codere, Jean-Baptiste Adrien et Athanase Lefebvre deviennent officiellement des Maskoutains. Parmi ces noms, on retrouve les noms de cinq des six défricheurs qui accompagnaient le couple Delorme en 1757. Ne manque qu’Amable Mayet dont on perd la trace.
Le 25 février 1764 marque la naissance de Marie-Josephte Delorme qui est baptisée à Saint-Denis-sur-Richelieu. Elle sera la seule enfant survivante du couple Delorme/Desrosiers. Cette année-là, une trentaine de nouvelles terres sont concédées. Lesdites terres avaient généralement une superficie de trois arpents de front sur trente de profondeur. Tous les actes de concession pour les années 1763 et 1764 sont rédigés par Me Louis-Simon Frichet de Saint-Denis-sur-Richelieu dont les archives sont conservées à Montréal.
En 1769, le défrichement des terres progresse avec l’ouverture, à l’ouest et au nord-ouest, du Rang Salvail et du Grand Rang avec pour résultat d’attirer bientôt des colons des paroisses riveraines du Richelieu, déjà saturées. À titre d’exemple, il y avait en 1763 à Saint-Ours 800 habitants et 1 000 à Sorel. Après une douzaine d’années d’efforts acharnés à « faire de la terre », pour employer une vieille expression, Hyacinthe Delorme voyait enfin sa seigneurie prête à entamer une nouvelle phase de son développement.
À partir de quel moment a-t-on cessé de nommer la seigneurie Maska pour la nommer Saint-Hyacinthe? Dans les actes des premières concessions, on disait : « la seigneurie de St Hyacinthe, par Hyacinthe Delorme, seigneur en partie de la rivière d’Yamaska vulgairement nommée St Hyacinthe ». Gérard Parizeau, dans son livre Les Dessaulles seigneurs de Saint-Hyacinthe, publié en 1976, nous dit : « La seigneurie sera connue sous le nom de Saint-Hyacinthe, à partir du moment où elle écherra à Messire Hyacinthe-Marie de l’Orme, à la mort de son père. »
Le saint nommé Hyacinthe est un frère prêcheur de Cracovie en Pologne canonisé en 1594 par le pape Clément VIII.
À suivre…

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