9 juin 2011 - 00:00
Entrevue avec François Barcelo
« Je ne déteste pas totalement le hockey »
Par: Fabienne Costes
François Barcelo, auteur de <em>J’haïs le hockey</em>.

François Barcelo, auteur de <em>J’haïs le hockey</em>.

François Barcelo, auteur de <em>J’haïs le hockey</em>.

François Barcelo, auteur de <em>J’haïs le hockey</em>.

L’humour caustique, autant dans ses livres que dans ses entrevues, font des rencontres avec François Barcelo des moments de pur bonheur. Venu au COURRIER parler de son plus récent roman, J’haïs le hockey, il ne dément pas sa réputation de provocateur et en rajoute même un peu.

Il ne s’en cache pas, son titre est de la provocation pure et simple. Il ajoute même avec un rire ironique que dire « j’haïs le hockey » au Québec, c’est presque pire que Lars von Trier qui dit aimer Hitler.

« Je ne déteste pas totalement le hockey. Ma seule expérience négative que je raconte dans mon livre, c’est celle au Centre Bell. C’est un endroit abominable. Dans mon texte, je n’en remets pas, c’était pire que ça. C’est d’un mercantilisme bruyant. Je n’emmènerai jamais un enfant là et pourtant on en voit beaucoup. Vous me donnerez des billets gratuits et je n’y retournerai pas. »Autre note d’humour caustique, l’auteur de plus d’une trentaine de romans signale que c’est la première fois qu’il fait une faute d’orthographe dans un titre. Avec son éditeur québécois, ils ont dû se battre pour que le titre reste le même en France où il va paraître à l’automne. « J’haïs, pour moi, ce n’est pas la même chose que « je hais ». Je pense même à des suites possibles comme « J’haïs les bébés », « J’haïs les vieux », ou encore « J’haïs les chiens », ajoute-t-il dans un rire jubilatoire. La liste est infinie. Si ça fonctionne, j’en ai pour vingt ans au moins à haïr tout le monde et à me faire détester de tout le monde. » Les personnages principaux de Barcelo sont souvent des sales types de mauvaise foi. Le personnage principal de J’haïs le hockey en est un exemple typique : Antoine Groleau qui déteste le hockey se retrouve contre sa volonté entraîneur de l’équipe de son fils. Le roman est construit sous la forme d’un monologue où le personnage principal nous entraîne dans ses pensées tortueuses qui le mèneront à la catastrophe.L’auteur dirait-il de la plupart de ses personnages qu’ils réfléchissent mal?« Oui, ils réfléchissent beaucoup, mais même un idiot est capable de réfléchir, ça ne veut pas dire que sa conclusion est bonne. Mon personnage raconte ce qui lui arrive, mais il n’y comprend absolument rien. À la fin, il avoue même qu’il ne sait plus rien. »

Violence et pédophilie

Sur un ton désinvolte, François Barcelo aborde souvent dans ses romans des sujets graves. Dans J’haïs le hockey, roman noir d’une centaine de pages, il est question de la violence et de la pédophilie au hockey, ainsi que du mal-être et du suicide chez les jeunes.

S’il est question de pédophilie, l’auteur ne présente pas les auteurs des agressions comme des monstres. Même son personnage principal qui se retrouve à dormir dans une chambre de motel avec un des jeunes joueurs de l’équipe de hockey, se demande un instant si une fellation ne lui ferait pas du bien. Évidemment il ne passera pas à l’acte.Dans les faits, en effet, la plupart des agressions sexuelles commises sur des mineurs le sont par des hommes adultes considérés comme sains d’esprit. Une étude réalisée en 2009 par le ministère de la Sécurité publique évalue que 69 % des agressions sexuelles au Québec sont commises à l’endroit de personnes de moins de 18 ans et par des personnes connues de la victime.François Barcelo est un habitué de ces personnages ordinaires qui frôlent ou tombent carrément dans la criminalité par manque de grandeur d’âme : « Mon personnage est un type amoral qui croit qu’il cherche le bien, mais il n’est pas très doué pour ça non plus ». Alors, écrire sur la pédophilie et la violence au hockey ça ne l’énerve pas, heureux qu’il est de bousculer nos tabous et de nous mettre en pleine face ce qu’on aimerait mieux ne pas voir.J’haïs le hockey se lit d’une traite, un petit roman bien ficelé où l’on rit longtemps d’un rire coupable, jusqu’à ce que ce soit trop grave pour être encore drôle. Un phénomène courant dans les livres de M. Barcelo, toujours un maître du roman noir et de l’humour caustique en général. J’haïs le hockey François Barcelo Coups de tête, 2011, 128 p.

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