29 mars 2012 - 00:00
Jérôme-Adolphe Chicoyne, vous connaissez? (2)
Par: Le Courrier
La maison-chapelle de Bethléem, à La Patrie(Collection de la Société d’histoire de Sherbrooke)

La maison-chapelle de Bethléem, à La Patrie(Collection de la Société d’histoire de Sherbrooke)

La maison-chapelle de Bethléem, à La Patrie(Collection de la Société d’histoire de Sherbrooke)

La maison-chapelle de Bethléem, à La Patrie(Collection de la Société d’histoire de Sherbrooke)

Le 23 février 1875, le gouvernement provincial adopta l’Acte de Rapatriement afin de favoriser le rapatriement des 400 000 Canadiens-français immigrés aux États-Unis.

Le 23 février 1875, le gouvernement provincial adopta l’Acte de Rapatriement afin de favoriser le rapatriement des 400 000 Canadiens-français immigrés aux États-Unis.

L’abbé Jean-Baptiste Chartier, curé de Coaticook, qui était l’agent de colonisation pour tous les Cantons-de-l’Est, avait participé activement à l’élaboration de cette loi et avait consulté J.A. Chicoyne. Tous deux venaient de Saint-Hyacinthe et s’étaient connus lors du voyage d’exploration que fit J.A. Chicoyne en 1870; l’abbé Chartier l’accompagna à ce moment-là. Le 13 mars suivant, J.A. Chicoyne fut nommé agent de colonisation à Sherbrooke afin de s’occuper de l’application de la loi du rapatriement. Son bureau devait être situé principalement dans le canton de Ditton qui avait été choisi comme canton où seraient reçus les rapatriés. C’est ainsi qu’au début du mois d’avril 1875, J.A. Chicoyne arriva à Sherbrooke et entreprit sa carrière dans les Cantons-de-l’Est. Très tôt par la suite, il vint s’installer au village qu’il nommera « La Patrie » et dès la première élection municipale de février 1876, J.A. Chicoyne fut choisi maire des Cantons unis de Ditton, Chesham et Clinton et le demeura jusqu’en 1879. Dès 1875, Mgr Antoine Racine, premier évêque de Sherbrooke, plaça la nouvelle mission de La Patrie sous le patronage de Saint-Pierre. Ainsi, J.A. Chicoyne fit les démarches pour faire venir le premier curé résident, un de ses amis du collège de Saint-Hyacinthe, l’abbé Victor Chartier, le frère de l’abbé Jean-Baptiste Chartier. D’ailleurs, au mois de décembre, à l’arrivée de l’abbé Victor Chartier, celui-ci résida quelque temps avec la famille Chicoyne.Au mois d’octobre 1876, après moins de deux ans d’opération, le gouvernement mit fin à l’Acte de Rapatriement. Tous les lots mis à la disposition des colons avaient trouvé preneur et le canton était presque complètement habité. J.A. Chicoyne quitta donc ses fonctions d’agent de colonisation. Pendant un an et demi, il s’intéressa à la gouverne et au développement du village de La Patrie, initiant plusieurs organismes et projets.Au mois de mai 1879, J.A. Chicoyne déménagea à Sherbrooke afin d’y ouvrir un bureau d’avocat. C’est sur la rue Wellington, tout près du magasin Codère, qu’il loua des appartements dans lesquels il installa son bureau. Cependant, le journalisme et la colonisation l’intéressaient davantage. Régulièrement, il soumit au journal Le Pionnier de Sherbrooke des articles portant principalement sur la colonisation des cantons. De plus, il s’associa à la Société de Colonisation de Sherbrooke qui venait d’être fondée par Mgr Antoine Racine. C’est à titre de représentant de cette société que J.A. Chicoyne entreprit, en 1880, une grande tournée européenne où il donna plusieurs conférences dans divers pays : en Angleterre, en Suisse, en Belgique, en Italie et en France, pour promouvoir la colonisation au Canada, dans la province de Québec et spécialement dans le canton de Woburn où la Société de Colonisation de Mgr Racine avait obtenu une réserve de lots. C’est en France, à Nantes, où finalement il trouva des investisseurs qui furent prêts à financer la Compagnie de Colonisation et de Crédit des Cantons de l’Est. Celle-ci avait un bureau à Nantes, en France, et son siège social à Sherbrooke. C’est au cours de ce même voyage que J.A. Chicoyne alla à l’abbaye de Melleray, non loin de Nantes, afin de proposer au Père abbé d’envoyer le Père Jérôme au Québec pour y implanter un monastère trappiste. Il faut dire qu’à cette époque, les religieux de France étaient persécutés par le gouvernement de la République française sous la présidence de Jules Grévy, qui menait une politique anticléricale. Le Père Jérôme, originaire de Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe, était menacé d’expulsion à tout moment. C’est ainsi qu’au mois de novembre 1880, le Père Jérôme, accompagnant J.A. Chicoyne à son retour d’Europe, arriva à La Patrie. Il y acquit quatre lots et y fonda un établissement qu’il nomma Bethléem. L’année suivante, deux autres Frères vinrent le rejoindre. Mais hélas, l’entreprise n’a pas eu de succès et en avril 1882, le Père Eugène, abbé de Melleray, vient lui-même constater la situation et décida de fermer sur-le-champ le monastère du Père Jérôme. En plus de parrainer le Père Jérôme, J.A. Chicoyne avait reçu une procuration pour agir et gérer, au nom de l’abbaye de Melleray, tout le domaine de Bethléem, c’est donc dire qu’il fut mêlé de près à cette courte aventure trappiste de La Patrie.

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