16 mai 2019 - 14:50
Forum
La cause des enfants tatouée sur le cœur
Par: Le Courrier
Nous sommes vingt directeurs et directrices de la protection de la jeunesse au Québec. Chacun d’entre nous a choisi par conviction et amour des enfants de leur consacrer notre vie professionnelle, particulièrement aux plus vulnérables d’entre eux. Ils sont ce que nous avons de plus précieux pour l’avenir de notre société et c’est pourquoi nous avons choisi d’en faire notre priorité. Veiller sur leur bien-être est une responsabilité collective et assurer leur protection lorsque le filet social ne suffit pas demeure notre raison d’être.

Tout comme l’ensemble des citoyens du Québec, nous ne pouvons tolérer les circonstances ou événements qui mettent en péril la vie des enfants. Depuis l’annonce du décès de cette petite fille, chacun d’entre nous ainsi que chaque intervenant et gestionnaire de nos services est affecté, bouleversé. Nos pensées sont pour cette petite et toutes nos sympathies vont à la famille et aux proches. Jamais de tels drames ne devraient arriver. La jeunesse est une étape déterminante dans la vie d’une personne : chaque enfant doit avoir la chance de grandir et d’évoluer dans un environnement sécuritaire et propice à son développement.

Chaque jour, partout au Québec, nos intervenants sont confrontés à la détresse, la pauvreté, la maladie mentale, le rejet, l’isolement et la violence vécue par les jeunes parmi les plus vulnérables de la communauté. Dans des circonstances souvent difficiles, ils gardent espoir et se dévouent sans relâche afin d’offrir aux enfants en difficulté et à leur famille les services les mieux adaptés à leurs besoins. Leurs responsabilités sont immenses, mais leur engagement envers les jeunes l’est tout autant. Ils exercent des responsabilités humainement et professionnellement très exigeantes. La loi sur la protection de la jeunesse a permis de protéger des milliers d’enfants au Québec grâce à leurs efforts.

Nous sommes d’avis, comme plusieurs intervenants et experts l’ont exprimé, que pour actualiser notre mission de protection des enfants, notre réseau a besoin d’être soutenu différemment. Ce soutien doit être organisé en fonction de l’évolution de notre société, de l’état de la recherche, des nouvelles problématiques émergentes et de la réalité actuelle du marché du travail. Plus important encore, notre société doit également confirmer l’engagement qu’elle a pris en 1979 en se dotant de la Loi sur la protection de la jeunesse. Cet engagement, à l’effet que la protection des enfants est une priorité et qu’à ce titre, les instances qu’elle dédie à cette fonction aient à leur disposition les moyens d’agir avec célérité afin d’intervenir dans le cadre des meilleures pratiques et ainsi protéger les enfants qui vivent malheureusement de la maltraitance encore aujourd’hui.

Plusieurs enquêtes ont été annoncées afin de faire la lumière sur les circonstances ayant mené à la tragédie vécue dans la région de Granby. Comme nous l’avons toujours fait dans l’intérêt des enfants, soyez assurés de notre contribution pleine et entière, et ce, tant au cours du processus qui s’amorce que lors de la mise en place d’éventuelles mesures afin d’éviter qu’un tel drame ne se produise à nouveau.

Nous prendrons part activement à la réflexion annoncée par le gouvernement. La maltraitance exige une intervention soutenue, spécialisée et collective, tant en matière de prévention que d’intervention. Notre volonté demeure de tendre, avec l’ensemble de nos partenaires, vers la meilleure protection possible de nos enfants. Cette tribune sera une occasion pour nous de réitérer notre invitation à faire de la protection de nos enfants une priorité nationale. Chaque enfant mérite un regard bienveillant, attentif et porteur des valeurs qui nous sont chères comme société.

Josée Morneau, DPJ\DP, CISSS de la Montérégie-Est et 19 autres directeurs et directrices de la protection de la jeunesse à travers le Québec

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