12 mai 2011 - 00:00
Saint-Jude, un an plus tard
La cicatrice
Par: Le Courrier
Le glissement de terrain meurtrier du 10 mai 2010.

Le glissement de terrain meurtrier du 10 mai 2010.

Le glissement de terrain meurtrier du 10 mai 2010.

Le glissement de terrain meurtrier du 10 mai 2010.

C'était au soir du 10 mai. Richard Préfontaine, sa femme Line et leurs petites Amélie et Anaïs étaient réunis devant le téléviseur, au sous-sol de leur petite maison du rang Salvail, pour une soirée de hockey. La terre a tremblé. Puis, plus rien. Sinon la mort.

Dimanche, à l’initiative de la municipalité de Saint-Jude, tous les parents et proches de la famille ainsi que les citoyens de Saint-Jude seront réunis à l’église pour une messe soulignant le glissement de terrain meurtrier du 10 mai 2010. Après la cérémonie, un arbre sera planté pour commémorer ce jour tragique qui a ébranlé la communauté.

Après toutes les études, les rapports, les rencontres avec les citoyens, les plans corrigés et recorrigés, mais surtout parce que tant de gens ont été touchés par le départ prématuré d’une famille entière, la municipalité a estimé que le premier anniversaire ne pouvait être passé sous silence.« On a senti qu’il fallait prendre une pause ensemble, a laissé tomber le maire, Yves de Bellefeuille. Les gens ont été très solidaires depuis l’événement et la communauté s’est bien remise sur les rails, mais à l’approche de ce premier anniversaire, on s’aperçoit que ça brasse un peu tout le monde. Je pense surtout aux enfants qui côtoyaient les petites. On se rend compte que les souvenirs ne sont pas effacés. »

La reconstruction

Cette pause, en plus d’être salutaire, marquera aussi le début d’une panoplie de petits et grands chantiers, résultat d’un travail de longue haleine des ingénieurs, géologues, employés et élus municipaux.

Enfin, on verra sur le terrain les efforts de toute une année. Une année qui se résume en peu de mots. « Ce fut mouvementé, a confié le maire, après avoir réfléchi longuement. C’est difficile à décrire. Nous avons appris. Beaucoup. »C’est qu’au lendemain de la catastrophe, par réflexe ou par instinct, la municipalité avait pris à bras-le-corps la reconstruction à venir. « On voulait travailler vite et efficacement, probablement pour reprendre le cours de la vie. On voulait un nouveau rang Salvail pendant l’été, puis à l’automne. On a fini par comprendre que ça n’arriverait pas si rapidement. »Tous les travaux qui ont été identifiés pour solidifier les abords de la rivière Salvail et de ses ruisseaux affluents viennent avec un lot de documents administratifs, de rapports et de documents, notamment pour recevoir l’aide financière nécessaire du gouvernement. « On a travaillé fort toute l’année et maintenant on va commencer à en voir les fruits sur le terrain. Tout ce que l’on fait est préventif, mais ça devrait éviter d’autres glissements de terrain majeurs pour au moins 50 ans », a expliqué le maire. Certains travaux correctifs sont d’ailleurs entamés, notamment tout près de la rue principale où le dernier décrochement de terrain sérieux force l’évacuation de neuf résidences depuis le 19 avril.Le plus grand chantier, et sans doute le plus significatif et attendu, sera celui qui viendra recoudre les deux bouts du rang Salvail, déchiré par l’effondrement. Son parcours suivra la cicatrice laissée par le glissement de terrain. « À Saint-Jude, les routes montent et descendent en suivant des vallons, a décrit M. de Bellefeuille. C’est ce qui rend la région si belle, mais on oublie que chacune des côtes est le résultat d’un effondrement. » Personne n’oubliera de sitôt celui qui a tracé le nouveau chemin du rang Salvail et de tout Saint-Jude.

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