4 octobre 2012 - 00:00
La Cité grise
Par: Martin Bourassa
Commission Charbonneau oblige, toutes les villes du Québec devraient laver plus blanc que blanc quand il est question de construction.

Commission Charbonneau oblige, toutes les villes du Québec devraient laver plus blanc que blanc quand il est question de construction.

Toutes les villes, ce qui inclut Montréal, Laval et même Saint-Hyacinthe, n’en déplaise au maire Claude Bernier et aux dirigeants de la Cité de la biotechnologie, une corporation financée en partie par la Ville de Saint-Hyacinthe.Or, le plus récent investissement au coeur de la Cité est teinté de gris, la couleur de la zone dans laquelle il évolue. Je parle bien sûr de l’investissement de 20 M$ pour la construction d’un centre de développement pharmaceutique (CDP). Ce projet piloté par la Cité de la biotechnologie est tout sauf blanc et transparent.Et ce n’est pas de savoir que le contrat a été donné sans appel d’offres public à une entreprise dont le principal dirigeant a été reconnu coupable en 2004 de corruption et de complot, puis absout conditionnellement à un don de 25 000 $ au CAVAS, qui m’interpelle autant que l’indifférence affichée par la Ville. Des explications auraient aussi été requises si la Cité lui avait préféré une entreprise de Saint-Hyacinthe. Pourquoi faire affaire avec cette entreprise et pas une autre? La Cité se défend en disant qu’elle n’a pas de compte à rendre, que c’est une corporation privée qui n’est pas tenue aux appels d’offres publics. Désolé, mais cette réponse ne tient pas la route. La Cité est une entité où siègent le maire et un conseiller, une créature financée par la Ville à même les fonds publics et pour laquelle la Ville est engagée à la hauteur de 20 M$, soit la somme totale de son cautionnement envers la Cité. La Ville doit exercer un droit de regard sur cette Cité qui semble fonctionner à la manière des anciennes corporations apparentées du Cégep de Saint-Hyacinthe. On parle ici d’un investissement de 20 M$ mené à l’extérieur du radar municipal, hors des contrôles et des balises habituels.Dans le dossier du CDP, les questions sont nombreuses. On croit comprendre des explications du directeur général de la Cité, Mario De Tilly, que le client en mène large puisqu’il aurait lui-même « imposé son équipe », selon ses termes. Le client impose, la Cité exécute et la Ville endosse financièrement, toute une entente, non? Puisque la Ville assume sa part de risques, cela exige de la transparence et une reddition de comptes publique. On est loin de ça si on se fie au conseiller Alain Leclerc, qui siège au c.a. de la Cité. Il a dit tout ignorer du processus de sélection qui a conduit au choix de l’entrepreneur et des sous-traitants. Le pire c’est qu’il semble que la Cité de la biotechnologie ne soit pas directement impliquée dans le projet, malgré ce qu’en dit son propre communiqué de presse! La Cité a en effet créé une toute nouvelle corporation privée, le Centre de développement pharmaceutique inc., présidé par M. Bernier. Il s’agit d’un pare-feu en cas de dérapage. Les membres de l’exécutif de la Cité siègent au c.a. du CDP en compagnie de Mario De Tilly et de son adjointe Nathalie Laberge à titre d’administrateurs, selon le registre aux entreprises. Il aurait été plus judicieux de prévoir un siège ou deux pour des élus municipaux. Mais il n’est pas trop tard pour corriger le tir et s’interroger sur la structure juridique de cette Cité qui fait habituellement notre fierté. Faire confiance aveuglément à une Cité grise, non merci.

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